CHRONIQUE PAR ...
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
16/20
LINE UP
-Zuberoa Aznárez
(chant)
-Gorka Elso
(chant+claviers)
-Alexey Kolygin
(guitare)
-Odei Ochoa
(basse)
-David Carrica
(batterie)
TRACKLIST
1) Et Resurrexit (Libera Me)
2) From the Embers
3) Inner Force
4) Furia de Libertad
5) Maitagarri
6) Sed Diabolus
7) Spoilt Vampire
8) Eternal Breeze
9) Mechanical Ethos
10) Encounter at Chronos' Maze
11) Indigo
12) Healing
13) Horizons
DISCOGRAPHIE
Le très précieux Monseigneur Dim et ses amis discutent aimablement autour de la table d’une taverne.
- … et il est venu jouer en survêtement ! En survêtement ! Je lui ai dit : si tu veux jouer avec moi, il va falloir être un peu plus élégant… clame-t-il de sa voix théâtrale légèrement efféminée.
Deux individus s’approchent. Des gros durs, sentant la sueur.
- Regarde-moi qui est là, Dim le damoiseau… se moque l’un d’eux. Allez viens poser un baiser sur cette petite joue !
Le rustre tend une joue mal rasée à Monseigneur Dim, en guise de raillerie.
- Bouah ! Infect ! crie ce dernier avant d’asséner un énorme coup de poing au gros ours, qui se retrouve par terre, sous l’œil médusé de son comparse.
Eh oui, tout comme les autres œuvres du groupe, Argia, c’est du metal symphonique, à chanteuse qui plus est. Plutôt sobre en général, Zuberoa n’hésite cependant pas à jouer les chanteuses d’opéra à l’occasion, accentuant le côté précieux de l’oeuvre. Donc c’est du metal de lopette, non ? La réponse est clairement : ça dépend. Pour les fanatiques d’Anaal Nathrakh et d’Ultra Bestial Purulence, la réponse est oui. Pour les autres, il s’agirait plutôt de « pas forcément ». Argia contient bien quelques titres un peu doucereux, pas franchement gavés de testostérone, comme le joli "Indigo", "Maitagarri" (non les gars, Zuberoa ne parle pas en elfe, c’est du basque) ou le bien plus dispensable "Eternal Breeze". Néanmoins, dans l’ensemble la troisième livraison des Navarrins est pêchue, couillue par moments même. Pour s’en convaincre, il suffira à l’auditeur d’attendre sagement la fin de l’intro et de laisser les premières notes de "From the Embers" s’égrener pour comprendre qu’Argia a plus d’une similitude avec le fameux Design Your Universe d’Epica.
La rythmique y est peut-être un peu plus power que death, mais le groupe sait indéniablement envoyer du lourd et n’hésite pas à grogner quand il le faut, sur "From the Embers" donc, mais aussi sur "Spoilt Vampire", les deux morceaux contenant également quelques passages heavy contrastant magnifiquement avec l’ambiance générale plus légère. L’agressivité de Diabulus in Musica ne se limite pas à ces deux titres et les Espagnols savent très souvent éviter que leurs compos sentent trop la violette grâce à quelques riffs bien sentis : c’est vraiment le cas sur "Mechanical Ethos" et ses chœurs très Therioniens, ou encore sur le lyrique "Encounter At Chrono’s Maze", où les accélérations très "Kali Yoga III" renforcent avec brio les envolées de Zuberoa et de Thomas Vikstrom, invité à pousser la chansonnette, qui se seraient certainement avérées un peu pompeuses sans l’intervention des guitares. On n’oubliera pas non plus de mentionner "Furia de Libertad", seul titre chanté en espagnol, (est-ce un hasard si un petit parfum des compatriotes de Sober plane sur l’album ?), qui combine heureusement lourdeur heavy et éléments symphos, ni le "Healing" final très melodeath dans l’âme, également bien construit.
La petite heure que dure l’album passe finalement très vite et les quelques possibles réticences initiales sont rapidement balayées : bien construit, varié, souvent rentre-dedans, et peu enclin aux vocalises insupportables, Argia est définitivement à ranger dans le rayon « Réussites ». Reprenant certes des recettes connues (les références à Therion, Epica ou Nightwish sont évidentes), Diabulus in Musica signe une fois de plus un bon album et devient peu à peu une valeur sûre du metal symphonique. ¡Muchas gracias, damas y caballeros!