CHRONIQUE PAR ...
S1phonique
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
10/20
LINE UP
-Sarah Layssac
(chant)
-Florent Jannier
(chant+guitare)
-Mus El Kamal
(guitare+oud+mandoline)
-Samir Remila
(basse)
-Foued Moukid
(batterie+percussions)
TRACKLIST
1) Hayati
2) My Reverence
3) March of Sorrow
4) Leaving Us
5) Soiled Dreams
6) Deafening Silence
7) Endless Way
8) Wingless Angels
9) Beauty Asleep
10) Scar of Sadness
11) Cold Night's Dream
12) Dark Epilogue
DISCOGRAPHIE
Enfin ! Depuis le temps que je l'attendais celui là. Arkan et ses deux premiers opus death oriental entraient en studio en 2013 et je n'avais de cesse tous les mois de visiter leur site en espérant du neuf, ou relançait de moins en moins calmement mon collègue en charge des relations avec le label. Et bam ! Enfin le promoz , c'est parti pour mille et une nuit d'écoute..... Et patatra ! Le groupe opére un virage dans ses compositions et sa thématique. Chronique mal à l'aise d'un album qui met mal à l'aise.
Si la sortie de Salam permettait au groupe de confirmer l'excellent premier Hillal, il ouvrait également les portes d'une série de concert avec Paradise Lost ou Arch Enemy et surtout une tournée avec les Orphaned Land, référent du genre pratiqué. Car le death metal oriental proposé est riche non seulement dans les compositions, arrangements et orchestrations, mais aussi dans les thèmes abordés par le groupe. Le tout mis en avant par les chants plus qu’envoûtants de la belle Sarah Layssac et des growls déménageurs de Florent Jannier. Mais tout cela est terminé avec Sofia, car le thème, a priori renvoyant à un tragique événement de l'un des groupes, fait office de catharsis et met ainsi en musique une émotion loin d'être propice au féroce des précédents opus. Alors bien sûr, l'amer, le triste ou le mélancolique auront permis bien souvent de faire naître des chefs d’œuvre musicaux d'une intensité forte. Mais Sofia n'en fera pas partie et se contentera d'être œuvre purgatoire pour une minorité. Globalement bien plus lent que son prédécesseur, l'album est également nettement plus atmosphérique. Les douze compositions sont un bloc unique où, bien sur si les couleurs orientales guident toujours les intros, les bridges ou certaines rythmiques, celles ci ne font plus qu'office de quasi arrangement (en exagérant un peu certes) car c'est bel et bien un album de chant que l'on écoute. Les interventions de Florent ne sont dorénavant qu'anecdotiques et Sarah mène la danse des compositions et des ambiances.
Passé "My Reverence", le public primaire du groupe se langui et s'endort de lassitude car la linéarité logique du concept ne retient plus l'attention. Hélas ! Les quelques mélodiques et reprises metal emportées par les growls de Florent rappellent tout le vivant que peut jouer le groupe lorsqu'il se donne à la hargne - par exemple sur "March of Sorrow" ; et qu'il fait mal ce passage ! Car non seulement il montre de quoi est capable le groupe, mais encore assomme l'auditeur d'une amertume non retenue, car cette sensation ne se retrouvera plus jusqu'à la dernière minute. Alors la production est bonne et le tout justement orchestré, de même Sarah ne tombe pas dans l'erreur des chants « Gnan Gnan » et « guimauves » de ce que proposent les photocopies des groupes metal à chant féminin (et même d'autres styles en globalisant le sujet), mais l'émotion, peut être trop forte pour le groupe, aseptise le résultat. Pire, sur la durée cette impression laisse planer l'envie, à l'instant écartée, de facilement labelliser l’interprète de « chant monochrome sans saveurs » (quelle triste langueur sur la moitié de "Deafening Silence", ou les soutiens des growls sur "Wingless Angels" qui pourtant décoincent d'enclume, proposant en ces instants le plus fort de l'album, quel dommage!). Finalement après avoir longtemps attendu l'album, l'auditeur à hâte de voir la cinquantième minutes se mourir et laisser place au vide et au silence, absolument dans l'esprit des derniers coups de toms sur le "Dark Epilogue" où l'on comprend que le cœur cesse de battre et que le deuil commence.
C'est vraiment déçu et quelque peu gêné et dérangé que je conclue cette chronique d'un de mes groupes préférés. Sofia est objectivement un album moyen, voir un peu moins et l'écouter est réellement pénible. Soit l'on met à part son thème d'écriture et les compositions sont mornes et molles, soit on essaie de prendre part à la purge cathartique des morceaux et l'on est alors mal à l'aise car gêné d'une illégitime et vicieuse impudeur qu'est celle de participer à l'intime et personnelle mélancolie du compositeur. Certes soulagé sur quelques passages de voir que le groupe a toujours cette puissance, mais il devra maîtriser sa muse pour ne pas étouffer son œuvre et sombrer dans son malheur.