Situé juste après le spatio-cannabique Come My Fanatics… et avant le monolithe Dopethrone, Supercoven est un EP apparemment oublié de la discographie des magiciens. Vous pensiez le précédent voyage hallucinogène fini ? Faux, tout faux… Nul. Zéro. Que nenni. L’apogée trippante est atteinte. Et ce qui s’est fait dans le passé n’a pas été oublié mes amis. Oh non.
Si Come My Fanatics… vous a plu, ce petit EP (mais pas court, il cumule en 2 titres plus de 30 minutes) vous ferra fondre tout simplement. Sur deux morceaux, Electric Wizard nous tape une hybridation du précédent opus et du suivant, la transition est parfaite, on retrouve les ambiances du passé et la lourdeur riffique du futur. Pas un EP tombé du ciel donc, les magiciens en voulaient plus… Come My Fanatics… n’était pas suffisant, le trip n’était pas assez long ni assez intense, il leur faut plus ! Supercoven c’est un peu le joint de trop, celui qui nous retient encore un peu alors que nous devons partir et passer à autre chose, le joint qui nous colle le cul sur un canapé et qui nous force à ne pas bouger le temps d’une défonce. Les hostilités (re)commencent avec le titre éponyme et le plus court. Du sample pour débuter et des effets spatiaux bien flippant donnant tout simplement l’impression d’être perdu dans un espace infiniment grand, le crâne réduit en bouillie par une tonne de substances psychoactives. Ça tangue, et les guitares montrent le bout de leur nez crochu, lourdes et grasses à souhait, disposant du même impact que celles du précédent album.
Toujours ce groove doomesque, toujours cette impression de voyager très loin d’ici, le trio anglais ne déçoit pas. Le morceau est progressif à souhait, la voix sous disto’ n’a pas perdu de sa puissance, toujours trippante et dégoutée. Pas de doute nous sommes en terrain connu et ce n’est pas plus mal. C’est pendant la deuxième moitié du morceau qu’un nouveau riff plus rassurant fait son entrée et c’est parti pour les solos wizardiens pour enfin terminer le petit quart d’heure en beauté et en puissance : « Suuupercooooooooooven ! ». C’est là que "Burnout" dégaine son riffs hard rockant et énergique, on sent presque de la bonne humeur là-dedans, si c’est pas mignon ! Et bien non… Surprise, la deuxième moitié nous tire vers les profondeurs mystiques et hypnotisantes du monde des anglais. Et là c’est l’apogée de la distorsion spatiale, ça part en drone bourré d’effets, delay et flanger, tout y passe… La nausée se fait vite ressentir, nous sommes dans un autre monde où la température dépasse celle du Sahara en été, où la fumée occupe l’atmosphère et l’air s’achète en sachet dans des coins de rues, où les sorcières se tapent des fixs en vomissant des crapauds dans des baraques crades… C’est ça le super couvant.
Vous trouverez sur la réédition de 2000, deux titres supplémentaires, un live et un titre issu d’une démo pas vraiment pertinents car de qualité sonore médiocre. J’ai jugé bon de vous le faire savoir. Pour en revenir à ce sublime EP, que dire de plus ? Electric Wizard nous balance une dose puissante, hallucinogène et dissociative comme le précédent opus, et crade comme le suivant. Une perle… Difficile à se procurer à l’heure actuelle, malheureusement.