- Mon père, pardonnez mes péchés.
- Que se passe-t-il mon fils ? Je te sens troublé.
- J’ai voulu être un autre.
- Ah…
- J’ai voulu être Droom…
- Droom…
- Oui, Droom. J’ai voulu sentir les choses comme lui, j’ai voulu écouter ce qu’il écoute. Ah ça me reprends je… Hum. Enfin, bref.
Pourquoi avoir choisi le dernier Dornenreich ? Pourquoi vouloir être quelqu’un que je ne suis pas ? Hum. Enfin, bref.
Pourquoi ? C’est un sentiment de perplexité qui prédomine après plusieurs écoutes de Freiheit, le dernier en date des Teutons de Dornenreich. Un gros « ? ». Dornenreich est un groupe facilement déroutant, mais dans le cas présent, la surprise n’est pas forcément positive. Plutôt qu’un album intitulé Freiheit, les gars auraient dû sortir deux EP : Frei et Heit, tant cette nouvelle œuvre est scindée en deux. Certes, "Des Meeres Atmen" peut laisser présager de la suite des évènements, mais à ce moment de l’écoute, on songe à un intermède très calme. Coincé entre deux premiers titres acoustiques un peu loufoques, pas sublimes mais tout de même intéressants, où les violons semblent être joués par des tziganes junkies en mal de colle ou d’éther, et "Das Licht vertraut der Nacht", seul titre un peu métallique de l’album – ce qui ne signifie pas qu’il soit le plus réussi – "Des Meeres Atmen" est un titre bien plus plat que ses voisins, et, il faut le dire, un poil chiant. Qui aurait cru qu’il s’agissait de l’avant-garde de la seconde partie de l’album, agallochienne au possible ? A partir de "Aus Mut Geiwckt", le décor change du tout en tout : même si l’on reste dans un registre globalement très acoustique, finies les disharmonies et l’ambiance tendue d’un "Von Kraft und Wunsch…"
Non, même si le fait que le chanteur s’exprime en allemand, plus que du côté d’Empyrium, c’est vers Agalloch que le non-connaisseur du groupe doit se tourner pour trouver des références, et pas n’importe quelle œuvre, concrètement The White EP. Les quatre derniers titres de Freiheit auraient pu tous figurer dessus sans que personne ne sourcille. Basés sur des guitares acoustiques neofolk (avec quelques mini-dérapages flamenco, comme sur "Aus Mut Gewirkt"), les morceaux, harmonieux au possible, s’enchaînent placidement, les quelques accords de guitares électriques ne venant pas troubler le somm… pardon l’écoute de l’auditeur. Tout est léché, et parfaitement en place, mais on ne peut s’empêcher de trouver l’ensemble un peu gentillet, un peu plat et se demander si c’est vraiment le même groupe qu’au début de l’album. Alors bien sûr, "Traumestraum" aux relents un peu plus post-rock, possède une petite mélodie plaintive jouée au violon assez délicieuse, bien sûr, le final "Blume der Stille" est mimi comme tout, mais globalement, la question reste : « Où ont-ils bien voulu en venir ? ».
Freiheit, c’est deux mini-albums pour le prix d’un : le premier vous propose des sonorités un rien bizarroïdes, intrigantes (à défaut d’être absolument passionnantes) et permet de mettre la curiosité en mode « On ». Le second offre un visage plus attendu, mais plus souriant, plus accueillant, un peu comme une bonne sieste au bord d’un étang de la Dombes, avec le délicieux vrombissement des libellules en guest. Le lien entre les deux parties ? Ah ça, mon bon Monsieur, il faudra leur demander hein, moi j’suis qu’un chroniqueur, hein. Contactez leur service après-vente. Vous avez pas le numéro ? Pas mon problème…