CHRONIQUE PAR ...
Silverbard
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
18/20
LINE UP
- Matt Rose
(chant)
- John Browne
(guitare)
- Olly Steele
(guitare)
- Adam Swan
(basse)
- Mike Malyan
(batterie)
TRACKLIST
1) Admit Defeat
2) Degenerate
3) Doxa
4) The Uncollective
5) Blue Sky Thinking
6) 97% Static
7) Empty Vessels Make the Most Noise
8) Regenerate
9) Denial
DISCOGRAPHIE
Monuments se présente publiquement à la face du monde en 2012 avec un premier LP intitulé Gnosis d'emblée signé sur le géant Century Media ! L'expérience appelle à la méfiance sur ce genre d'opération marketing, surtout quand on regarde le style pratiqué puisqu'il s'agit de djent, genre ô combien à la mode ces dernières années... Cependant, il suffit de se renseigner rapidement pour effacer certains vilains soupçons. Le groupe s'est formé en 2009 après la séparation de Fellsilent, groupe britannique reconnu comme pionnier de la vague. C'est alors, après un premier EP d'échauffement intitulé We Are the Foundation, que le combo londonien passe aux choses sérieuses signant sur le gros label sus-cité et enchaînant sur la composition de ce Gnosis qui voit apparaître avec lui une nouvelle figure derrière le micro en la personne de Matt Rose.
Le chant, on pourrait en parler longuement tant il sublime la musique de Monuments. Matt Rose parvient à moduler sa voix sur une palette absolument extraordinaire, en témoigne d'entrée l'opener "Admit Defeat". Titre débutant sur un fade-in très planant et non sans rappeler TesseracT ou Uneven Structure, l’enchaînement sur la rythmique casse-cervicales est d'autant plus jouissive. C'est là qu'intervient le divin Matt entremêlant sur plusieurs pistes un chant tantôt clair, suave et cristallin (bon complètement gay d'accord) se permettant d'aller taper dans des aigus ahurissants (et justes !), tout en alternant par un chant hurlé bestial (souvent bourré de disto pour un rendu bien sale) quelque part entre screamo et growl. "Degenerate" ou "The Uncollective" sont dans la droite lignée, développant des refrains catchy tous aussi hallucinants dans leur transition vocale scream/clean et qui collera des frissons à plus d'un. Il semble indispensable à ce niveau d'évoquer le cas "Blue Sky Thinking" du niveau d'un "Conceiling Fate" de TesseracT avec un Matt Rose en état de grâce du début à la fin et un riff d'anthologie dont on reparlera encore dans des décennies quand le mot djent sera retombé dans l'oubli... (ou pas!).
Niveau rythme, on tape sans le moindre temps mort dans du très TRÈS lourd avec du marteau-pilon désynchronisé comme on l'aime et on pense souvent musicalement à un Meshuggah qui aurait découvert le mot « mélodie ». Le principal malfaiteur se prénomme Mike Malyan, batteur voué à une immense carrière tant le bonhomme abat un véritable travail de démonstration sur la galette. A l'image d'un autre Mike ayant eu sa petite heure de gloire il y a une vingtaine d'année, on bouffe littéralement une leçon de batterie avec une tendance à l'excès qui pourra toutefois en rebuter certains... Car le côté mathématique prédomine très largement à l'image de titres comme "Doxa" ou "Regenerate" qui fileront des maux de tête aux profanes tellement toute construction rythmique conventionnelle semble rejetée. Monuments c'est aussi une basse qui slappe en permanence (les fans de TesseracT s'y retrouveront parfaitement) et dont la caution groove est plus que jamais assurée - j'oserai d'ailleurs dire encore plus que Periphery (groupe dont on ne peut nier le travail exceptionnel), du moins à un niveau de qualité qui ne faiblit jamais.
Vous l'aurez compris, Monuments signe avec Gnosis un tour de force incroyable et complètement imprévu. Une chose est sûre, le djent peut compter dans ses rangs un nouveau talent de poids et a définitivement encore de belles années devant lui car un groupe comme ça n'est pas du genre à décevoir et couve en son sein un énorme potentiel à déployer pour le futur !