Je suis sceptique à propos de cet EP de Skepticism (...). L'intention était louable. Présenter un unique morceau flirtant langoureusement avec la demie-heure, c'est toujours classouille quand on est un groupe de doom. Mais là, hum, ce n'est pas trop ça. Skepticism s'est pris les pieds dans le tapis, comme qui dirait. Pour faire simple, je ne vois ni comment ni pourquoi l'on pourrait être amené à écouter AES plutôt que Stormcrownfleet (*cheerleaders !*).
Niveau ambiance, niveau son, niveau tout ça, tous les machins un peu techniques, c'est l'égalité pure et parfaite entre AES et les albums qui l'entourent. Du doom joué comme du shoegaze tant il est coton, et finalement pas si noir qu'on voudrait nous le faire croire. Le rythme est leeeeeeeent à se damner, et la frappe de batterie est profonde comme votre copine. Comme d'habitude, le clavier est au moins aussi important que la guitare, et l'on ne comprend pas grand chose à ce que l'autre margoulin baragouine derrière tout ça. Mais attention, c'est classe hein ! Une classe que les autres groupes du genre ont parfois un tout petit peu de mal à avoir. Je ne vise personne, vous trouverez vos propres cibles. Bref. AES est lent et profond, quoi. D'ailleurs, si la production vous rebute, vous êtes nuls. Elle est un peu sablonneuse, d'accord, mais essayez donc au casque. Une production, c'est comme une paire de seins. L'idée n'est pas d'avoir la plus grosse possible, mais bien de trouver les justes proportions. Et là, rien à redire.
Le truc, finalement, c'est qu'AES est en tout point comme Stromcrownfleet (*cheeleaders !*), mais en moins bon. Comme un extrait qu'on aurait tiré du majestueux album séminal, et qu'on aurait laissé perdre un peu de son éclat au soleil -*fuuuuu* : c'est le son de l'ambiance qui s'évapore. Les riffs sont moins bons. Le clavier est moins bon... Vous avez les poils rien qu'à entendre l'introduction de "Sign of a Storm" (*cheeleaders !*) ? Moi aussi ! Malheureusement, sur AES, pouf : plus grand chose. Allons, ne gâchons pas notre plaisir, nous trouverons bien quelques passages dignes de véritables gentlemen, c'est vrai. Le palm-mute vers 5'00 préfigure "March October" sur Alloy, et c'est plutôt sympa. Le passage qui suit est imposant tout pareil. Vers 13'00, le clavier les pose sur la table - c'est le climax, vite suivi par un relâchement parfaitement à propos, et méditatif comme on aime. Et caetera, car je ne vais pas être exhaustif, mais sachez qu'il y a du bon, là-dedans. D'où la frustration, peut-être, car AES présente la sucette en même temps qu'il nous la retire.
AES : 12/20. Une sale note, à l'échelle de Skepticism. Mais même avec ça, 'voyez, je sais bien qu'AES reste au-dessus de la concurrence. C'est l'évidence même. Le groupe joue en costard queue-de-pie sur scène. Ça veut tout dire. Skepticism écope d'un 12/20 avec la moins bonne sortie de son répertoire. Bien des élèves aimeraient pouvoir en dire autant. Finalement, il est quand même trop chouette, ce disque.