CHRONIQUE PAR ...
Crafty
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
17/20
LINE UP
-Nick Drake
(guitare+chant+piano)
-Danny Thompson
(basse)
-Richard Thompson
(guitare électrique)
-Paul Harris
(piano)
TRACKLIST
1)Time Has Told Me
2)River Man
3)Three Hours
4)Way To Blue
5)Day Is Done
6)Cello Song
7)The Thoughts Of Mary Jane
8)Man In A Shed
9)Fruit Tree
10)Saturday Sun
DISCOGRAPHIE
Nick Drake fait partie de cette vague de singers-songwriters qui est venue s’échouer sur les rivages des disquaires au début des années soixante-dix. Bob Dylan (dont il était grand admirateur) ou Leonard Cohen sont installés et ont déjà sorti des œuvres majeures quand, tout juste âgé de 20 ans, cet anglais sort sa première galette, produite par un certain Joe Boyd. Notons que tout cela ne se serait pas fait si Ashley Hutchings, du groupe Fairport Convention, n’avait pas remarqué ce frêle guitariste qui se produisait alors dans divers clubs et cafés. Ce n’était que le début d’une relation entre le groupe et l’artiste qui allait durer jusqu’à la fin.
La première chose qui frappe à l’écoute de ce disque, c’est son dépouillement, cette impression du « juste essentiel ». Rien de superflu, que de l’utile, tel sera le mot d’ordre de la discographie de Nick Drake. Un mot d’ordre suivi à merveille par les musiciens qui l’accompagnent sur l’album, qui, il faut bien le dire, ne sont ni novices, ni inconnus, et encore moins manchots. Les arrangements sont ici laissés à Robert Kirby (qui officiera plus tard avec Elvis Costello, rien que ça), et certains n’hésiteront pas à les comparer à ceux de Gabriel Fauré.
Mais ce qui fait la particularité de Nick Drake, c’est aussi son jeu de guitare, difficilement imitable (mais qui influencera Robert Smith, si si), cette voix feutrée qui accentue encore plus la discrétion qui entoure l’homme, au point de lui donner un air fantômatique. Une voix qui respire la mélancolie, mais sait parfois se montrer plus enjouée comme sur "Time Has Told Me" ou teintée d’un certain optimisme comme sur "Cello Song". On reconnaît ici et là du Davy Graham, un des pères du folk acoustique, mais aussi de la musique orientale sur le magnifique "Three Hours", du baroque sur "Day is Done", du jazz sur "Man in a Shed", ou encore du blues sur "Saturday Sun".
L’introverti fait ici une introspection de lui-même, démontrant ses talents de compositeur et de parolier, des talents hors-normes, qui devront attendre des années, des décennies pour être reconnus, au grand dam de l’auteur, qui doutera de ses qualités de musicien au fil des échecs commerciaux. Ajoutons à cela la poésie des paroles s’inspirant de nombreux auteurs britanniques que Nick Drake a étudié à Cambridge, Five Leaves Left est un de ces disques qui vous prend aux tripes, l’histoire nous apprendra qu’il aura deux frères, et que le meilleur comme le pire était à venir…