CHRONIQUE PAR ...
Crafty
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
14/20
LINE UP
-Nick Drake
(guitare+chant+piano)
-Dave Pegg
(basse)
-Richard Thompson
(guitare électrique)
-John Cale
(piano+orgue+violon+harpe)
-Dave Mattacks
(batterie)
-Mike Kowalski
(batterie)
TRACKLIST
1)Introduction
2)Hazey Jane II
3)At The Chime Of A City Clock
4)One Of These Things First
5)Hazey Jane I
6)Bryter Layter
7)Fly
8)Poor Boy
9)Northern Sky
10)Sunday
DISCOGRAPHIE
Ça y est, les bases sont là, le premier effort n’a pas été entièrement vain : il a donné confirmation à Joe Boyd et le reste de l’équipe du potentiel de ce jeunot un brin timide. Mais voilà, convaincre un adepte, c’est finalement faire du surplace. Nick Drake arrête ses études, fini Cambridge et la littérature, la musique, c’est ce qu’il aime et ce qu’il veut faire, ce ne sont pas les lettres de son paternel qui y changeront quelque chose.
Après être passé au John Peel Show, il ouvre pour Fairport Convention, chose qu’il ne fera pas longtemps, pour la simple et bonne raison que sa timidité l’empêche d’assurer un show dans les ordres de l’époque ; alors il se retire. Son truc, c’est la musique, jouer de la musique, mais pas devant les gens, une sorte d’antagonique du Jimmy Page de l’époque. Mais soit, ce deuxième essai l’ouvrira peut-être à un succès commercial suffisant pour pouvoir arrêter de squatter l’appartement de sa sœur ou de ses amis…
Après une introduction tout en douceur, vient un "Haze Jane II" qui respire le bonheur, la gaieté, la joie, tous ces trucs là. On finit par se demander si ce cher Nick ne nous a pas fait un coup de déprime sur Five Leaves Left, et qu’il ne va pas nous sortir un album guilleret, à écouter les jours de soleil en sirotant de la limonade sous le regard de quelques merles chantant. Et bien non, quand même pas, ce n’est pas le seul titre de l’album qui donne dans le registre, mais le changement apparaît presque brutal. Le choix du placement de ce titre est quand même surprenant, pas du tout indiqué dans la cohérence de l’œuvre, avant le très jazzy "At The Chime Of A City Clock" qui aurait très bien pu figurer sur Five Leaves Left. Ou plutôt, est-ce ce dernier titre qui ne serait pas à sa place ?
Rien n’est moins sûr, Bryter Layter est tout sauf un Five Leaves Left 2. Oui, beaucoup de nouvelles choses, en plus d’une gaieté assez novatrice dans le registre du britannique, l’apport de nombreux instruments tel que le saxophone de Ray Warleigh, la batterie, ou même de cuivres vient effacer le dépouillement du premier album. Pour le coup, on ne peut que saluer l’intention, mais pas autant le résultat. Les chœurs joyeux et presque latinos de "Poor Boy", l’orchestre trop présent sur une majeure partie de l’album, le chant sincère mais mal placé sur "One Of These Things First"… Tant de choses qui trahissent un album bien composé, mais mal interprété. Pourtant, vous y retrouverez toujours le même jeu de guitare, la même voix feutrée ou des mélodies assorties de textes poétiques émouvants à souhait.
Malgré cela, ce sont les instrumentaux "Sunday" et "Bryter Layter" qui font partie des meilleurs morceaux du disque. Ceux qui sont les moins « surfaits ». Un album dont on pourrait aisément dire qu’il doit beaucoup à sa fin, "Northern Sky", avec un certain John Cale au piano et à l’orgue, tout simplement ravageur. Ce dernier est également présent sur "Fly", mais cette fois-ci au violon et à la harpe. John et Nick partagent plus que de l’héroïne sur ces deux titres, on se prendrait presque à rêver que les deux hommes poursuivent cette collaboration. Dommage.
Le disque sonne comme trop riche, trop pompeux ? Peut-être pas quand même, mais il y en a trop, trop de choses autour d’une musique qui aurait du rester simple et légère, à l’image de son créateur. L’album dépassera péniblement les trois milles copies vendues, Joe Boyd est obligé de vendre sa boîte de production, et de s’exiler à Los Angeles pour aider la production cinématographique. Un nouvel échec commercial qui amène Nick Drake à ses premières grosses dépressions, accentuées par la drogue. Des jours sombres s’annoncent…