CHRONIQUE PAR ...
Thänatøs
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
16/20
LINE UP
-Neige
(chant+guitare+batterie+basse)
-Audrey Sylvain
(chant)
TRACKLIST
1)Bonheur Amputé
2)Ruines Humaines
3)Faiblesse Des Sens
DISCOGRAPHIE
Ce qu’il y a de beau dans le black metal, c’est qu’il y a toujours un petit malin pour dire que tous les groupes font la même chose, que cette scène n’évolue pas. Or, Neige (Peste Noire, Alcest, Forgotten Woods) est d’un tout autre avis. En effet, le bonhomme cherche toujours à faire évoluer son black metal en le mêlant à d’autres styles musicaux et en ce qui concerne Amesoeurs, c’est le cold-rock qui s’invite à la partie.
Ruines humaines est un EP critiquant avec virulence la modernité, l’ère industrielle, la froideur métallique qui nous entoure et la dépravation du genre humain. Cet album crache sa haine par le biais de deux premiers morceaux ancrés dans le black metal, malgré une batterie qui fait très rock ‘n’ roll. En effet, "Bonheur amputé" et "Ruines humaines" ont été écrites à l’origine pour Mortifera, mais Neige a eu l’excellente idée de les reprendre à son propre compte maintenant qu’il a quitté le groupe. Le chant black du sieur est assez particulier, très écorché et aigu (sans être Dani Filthien cela dit) et assez limpide pour permettre à l’auditeur de comprendre les paroles formidablement bien écrites. Quant aux riffs, ils sont tantôt incisifs telles des lames de rasoir, tantôt mélodiques et pêchus en diable (dans une veine pop-rock), sachant se retirer pour céder la place à quelques solis ou encore aux samples industriels sur la fin de "Ruines humaines". Bref, deux morceaux fort bons mais pas exceptionnels, ou du moins pas autant que le troisième et dernier morceau.
Eh oui, "Faiblesse des sens" est tout simplement hallucinante et permettra même d’employer un mot complètement incongru dans une chronique black metal. C’est une power-ballade ! "Faiblesse des sens" commence par des arpèges hypnotiques, une batterie discrète, le tout accompagné par le chant clair d’Audrey Sylvain qui se trouve être doux et harmonieux (avec quelques raclages de gorge qui ne sont pas black pourtant comme sur le « Dès qu’ils gerbent ») mais ce n’est que le calme avant la tempête. Car la tension monte, monte, monte jusqu’à la déflagration finale au court de laquelle la dame crache ses boyaux en un « M’écoeure !» final des plus poignants suivi d’une explosion guitaristique incroyablement catchy qui finira par revenir au calme hypnotique du début. Du grand art, et si les premiers morceaux semblent exprimer la haine, ce n’est qu’au dégoût et à l’écoeurement qu’on a droit sur cette chanson finale qui ne donne qu’une seule envie : rappuyer sur play.
On se retrouve au final avec un excellent EP dont le seul défaut est la durée (16 minutes seulement) qui laisse présager du meilleur pour ce groupe atypique, tout en brossant un tableau cru et pertinent la société actuelle.
«Au coeur des cités mortes
Errent les hommes sans visages
Usant leurs pores cancéreux
Contre la foule impassible et les parois d'acier »
-"Ruines humaines", Amesoeurs