Le terrain de bataille
Vous le savez, l’être humain a besoin de classer. Non pas qu’il en éprouve une nécessité irrépressible lors de toutes les étapes de son existence, et certainement pas face à un ensemble d’objets du quotidien étalés aléatoirement devant lui, et pourtant bien à ranger dans une optique salvatrice de confort visuel et d’aisance à se mouvoir. Non, il aime classer l’art. Que dis-je, l’Art. Ou toute autre forme de concepts potentiellement soumis à comparaison, voire compétition. C’est plus fort que nous, l’inscription dans les gênes ou la force de l’habitude et de notre mode de vie. Qu’importe, nous ne sommes pas ici pour ergoter sur les vicissitudes du monde et la turpitude des temps modernes.
Ici, nous parlons classement, le vrai, l’unique, l’incontournable. LE Classement, celui qui requiert la majuscule de la lettre. Pourtant, le lecteur assidu et attentif se dit à raison « mais attends, ils nous ont déjà proposé leur top 10 des albums de la décennie écoulée non ? Scandale ou abus marketing ? ». Les deux évidemment, très cher lecteur. Sauf que la démarche est ici autrement plus ambitieuse et délicate : déterminer LE titre metal (ou non… les Eternels sont décidément d’indécrottables pitres) de la décennie qui vient de s’achever.
Vous rendez-vous compte de la difficulté de la tâche ? Identifier parmi les milliers de titres composés dix ans durant, celui qui est le meilleur, le plus éclatant de tous. Pour relever ce défi, il fallait s’entourer d’un panel représentatif. Car impossible pour un simple chroniqueur, et même une équipe de s’ériger en maître(s) absolu(s) dictatorialisant(s), souhaitant apposer son sceau sur le monde du metal dans sa globalité. Il fallait absolument pour que cette épreuve soit pertinente et surtout, acceptable par le plus grand nombre, que le plus grand nombre participe, justement. D’où l’idée lumineuse d’un certain Metalyogi (Yogi de son prénom selon sa carte d’identité) d’organiser LE battle qui déterminera le destin de chacun : le battle metal des années 2010.
Objectif : rien de moins qu’élire LE titre. |
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Oui, l’unique, le maître titre qui les dominera tous, et dans les cœurs les liera tous. Et à objectif ambitieux, réalisation gargantuesque :
Des milliers de posts
189 titres (oui, vous lisez bien, cent quatre-vingt neuf) en compétition
65 morceaux qualifiés pour la phase finale
27 poules de 7 chansons
20 ultimes votes
10 morceaux par participant
9 mois de tournoi
1 seul et unique vainqueur
Et dans cette masse, des dizaines de découvertes pour l’ensemble des votants, des déchirements réguliers, des énervements extrêmes et aussi des agacements devant la qualité discutable de certaines propositions. Les autres sont vraiment des cons décidément !
Pourtant l’Histoire était en marche, imperturbable. Notre organisateur-dieu adoré n’a jamais failli, trouvant toujours la meilleure proposition pour contenter tout le monde. Et accoucher d’un vainqueur universel et hautement contestable de tous, sauf des rares qui auront eu le bon heur d’accorder leur violon avec le résultat final (et pour les autres, pisser dedans).
Des joutes à n’en plus finir, des rires en monticules incalculés, d’arguments fallacieux en mauvaise foi avérée, de la déception de voir ses poulains disparaître les uns après les autres à la joie de constater que nos choix sont validés par la grande masse des Eternels. Bref, une aventure de tous les instants, accélérée, dynamitée, catalysée par cette année unique marquée par le confinement. Confinement qui n’aura au final que rendu cette battle plus passionnante et suivie par les foules endiablées.
En vous souhaitant de trouver une lecture agréable, et la découverte d’un top soixante-cinq, vingt, un, à la hauteur de vos propres goûts, sachez que les Eternels par l’intermédiaire du canonisable Metalyogi sont fiers de vous livrer la conclusion du sang, de la sueur et des larmes. Tout le reste tombera donc dans l’oubli après cette battle, puisque voilà couronné le roi des rois.