In Theatrum Denonium 2019


In Theatrum Denonium

UN REPORTAGE DE...




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Jour 1 : 02 mars 2019

REPORTS DU JOUR



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Jour 1 :02 mars 2019




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In Theatrum Denonium. Trois mots qui résonnent depuis quelques temps dans la tête de certains Eternels. Imaginez plutôt: un festival metal extrême qui se tient depuis des années dans un lieu atypique, un théâtre à l’italienne. Il aura fallu attendre l’année 2019 et un alignement des planètes pour que trois d’entre-nous aient la chance d’enfin s’y rendre. Direction Denain. Cette petite ville du Nord est désormais bien connue de la communauté metal française. Son ancien maire, Patrick Roy, amateur du style, y avait en effet permis l’éclosion des Metallurgicales, aujourd’hui disparues. L’association Nord Forge a souhaité poursuivre les liens tenus entre cette commune et le metal (lire l'interview publiée en ces pages ). Depuis 2016, les passionnés qui la composent œuvrent pour faire de ce festival un rendez-vous incontournable dont l’aura a dépassé les frontières du Nord. À tel point que l’acte IV, prévu ce samedi 2 mars, a fait le plein depuis plusieurs semaines. Difficile de trouver une place pour les retardataires. Six-cents heureux auront eu le privilège d’assister à une soirée qui, disons-le d’emblée, restera dans les mémoires. Et pour colorer le propos, parole est donc donnée à nos trois chroniqueurs, ô combien avides de sensations et de découvertes.

Shamash

L’affiche, très axée black metal, a tout de même permis à des groupes assez divers de se côtoyer dans un lieu incongru, mais finalement adapté à ce genre de manifestations. Raphaël Verguin de Psygnosis accueille les festivaliers dans le fumoir du théâtre avec son violoncelle. Puis, vient enfin l’heure de la séance. Trois coups et s’ouvrent les rideaux. Pour laisser entrer les premiers acteurs de la soirée: les Limougeauds d’Au Champ des Morts. Pour ceux qui n’auraient pas suivi, il s’agit de la nouvelle formation de Stefan Bayle, fondateur d’Anorexia Nervosa. Bien que la prose de Winter eût de quoi allécher, je dois avouer qu'une écoute distraite de leur premier album ne m’avait pas séduit. C’est donc avec un a priori pas forcément très positif que je me suis installé pour découvrir réellement ce groupe. Après quelques instants, et ce, malgré un son un peu trop fort, il me faut reconnaitre les qualités évidentes du quintet. Leur black metal peu original mais très pur, prend une dimension intéressante en live. L’on se laisse aisément happer par les riffs puissants et mélodiques qu’offre le collectif. L’aspect mélancolique de l’ensemble ressort assez bien, malgré des parties en chant clair parfois difficilement audible. Les musiciens s’en donnent à cœur joie pour présenter leurs œuvres qui trahissent une vision du monde désenchantée. Mention spéciale à Wilheim qui, derrière sa batterie, est une attraction à lui seul. Il ajoute à son exécution technique une attitude qui sied à merveille aux compositions, n’hésitant pas à se lever, à exagérer ses mouvements. Qu’imaginer de mieux qu’une expression théâtrale dans un tel lieu ?

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Stephan Bayle, caché lui aussi derrière des lunettes de soleil qui lui donnent un faux air de S.A.S de l'Argilière (Misanthrope), impose un certain respect. Malheureusement, ses déclamations entre chaque titre d'une voix chevrotante laissent à penser que le fantôme de Patrick Bruel, présent sur cette même scène un mois exactement auparavant, rôde toujours. Dommage, car l’ambiance globale en pâtit quelque peu. De plus, la fureur plus ou moins contenue - on va dire moins concernant le second guitariste - qui anime ces messieurs, contraste avec la discrétion - pour ne pas dire le détachement - de Cécile, la bassiste qui délivre quelques susurrements parcimonieux à la limite de l'audible. Tout ceci n'enlève rien à la densité d'un set au cours duquel cinq pièces seront jouées, pour le plus grand plaisir de nombreux amateurs, dont une reprise personnelle et décadente d’un classique du style, "Blashyrkh (Mighty Ravendark)" des Norvégiens d’Immortal. C’est donc « dans la joie » que le quatuor nous abandonne, laissant finalement une impression générale plutôt positive à ceux qui, comme moi, n’attendaient pas grand-chose de ce concert.

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Après une surprenante entrée en matière et une dégustation de la bière spéciale du festival qui a malheureusement empêché d'assister à la seconde prestation (un quart d'heure) de Raphaël Verguin - il faut faire des choix dans la vie et puis Winter l'avait interviewé, ça compense - un grondement sourd appelle les fidèles et autres curieux à entrer dans la salle pour assister à une rencontre du troisième type. Les trois entités de Darkspace apparaissent alors, s’apprêtant à délivrer leur black metal venu d’un autre univers. Leur attitude et leurs visages impassibles ne trahissant aucune émotion se marient parfaitement avec l’atmosphère glaciale dégagée par leur prestation. Une heure de show pour cinq longs titres. Avec un son tout bonnement impressionnant. Pour qui est familier des travaux des Helvètes, l’on ne peut qu’être ébahi par ce rendu excellent, où se mêlent des riffs lourds à des parties beaucoup plus aigües, le tout avec une boite à rythme qui apporte un aspect encore plus déshumanisé.

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Un jeu de lumières permet de rendre l’ensemble très immersif. Enfin, si l’on parvient à entrer dans le monde mystérieux et effrayant dépeint par les Suisses. Faisant l’impasse sur leur Darkspace II, le charismatique Wroth et ses camarades, proposeront ce soir des morceaux issus de leurs autres enregistrements, mettant particulièrement en avant leur troisième livraison. Ils arborent fièrement de superbes instruments noirs - quelle basse ! - qui s'apparentent à des prolongements de leur accoutrement, sombre au possible. Très souvent statiques, les musiciens avancent parfois pour hurler dans leur micro des oraisons déchirantes percutant notre Terre avec fracas

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Les fanatiques ont été comblés, quant aux détracteurs, qui ne voient dans ce groupe qu’une formation peu aventureuse ne générant qu’ennui, ce concert ne risque pas de changer leur point de vue. Darkspace s’en moque. La dernière note de "Dark 4.20" jouée, les voilà déjà partis. Dans leur sphère éloignée des Hommes. Quelle chance d’avoir pu voir cette formation qui se produit très peu, dans de telles conditions.


Merci Foule Fête

Trois heures avant minuit. Le rideau cramoisi s'ouvre sur une prestation qui risque de rester gravée pour un bon bout de temps dans les cortex de spectateurs découvrant pour la plupart la formation programmée en troisième position. Darkened Nocturn Slaughtercult – rien que ça ! – n'a en effet pas beaucoup tourné hors de son Allemagne d'origine en vingt ans d'existence. Quasiment inconnue en France, sans label pendant une décennie, la section de Dormagen incarne l'underground du metal extrême jusqu'au bout des bottes à vingt trous avec lesquels leurs titulaires martèlent les planches. Le décorum sataniste - pentagramme, crânes de bouc, croix inversées – peut faire sourire de prime abord, mais les réflexions narquoises se dissipent immédiatement dès l'entrée du quatuor. D'abord, trois hommes aux torses nus et ensanglantés, la face recouverte d'un corpse paint sinistre qui n'a que peu à voir avec le grimage carnavalesque habituellement arboré par Dani Filth. Et une femme. Qui capte toute l'attention. Initialement dissimulée sous une pâle guenille, la dénommée Onielar pétrifie l'assistance dès sa première ligne de « chant » qu'elle crache d'une voix rêche et incroyablement malsaine. La violence de ses éructations ponctuées de hululements lugubres n'a rien à envier aux pionniers masculins qui ont bâti la scène du black metal nordique et lui ont manifestement servi de modèles. Ferraillant avec ferveur aux cotés de la Dame Blanche, le trio de gardes du corps, aussi compétents et impressionnants soient-ils - mention spéciale à l'infatigable batteur – ne peut rivaliser avec l'aura de celle qui intoxique également l'atmosphère de trémolos sursaturés à la six-cordes. Et quand Yvonne, son prénom dans le civil, lève le voile - d'une manière curieusement peu théâtrale, dos au public pendant une pause en début de set – c'est pour offrir à son tour un visage cadavérique, recouvert du fameux maquillage bichrome.

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Vociférant ses incantations démoniaques, la banshee polonaise entame alors un rituel qui perdurera jusqu'à la fin du concert : après chaque morceau, ou presque, sa silhouette fantomatique se dirige vers la batterie, présentant aux festivaliers une superbe et abondante chevelure claire cascadant jusqu'aux genoux et porte à ses lèvres une coupe remplie de sang - non humain, semble-t-il, on est plutôt heureux de l'apprendre. Puis elle retourne en expectorer le contenu sur les premiers rangs ainsi que sur sa robe originellement immaculée qui se transforme au fil de la représentation en haillon écarlate. Dans ces conditions, la musique – du black metal old-school d'honnête facture tout à fond et affecté d'une linéarité typique du genre - passe au second plan malgré sa violence. On guette davantage les interventions hallucinées d'Onielar, âme damnée se recouvrant la bouche et le thorax de fluide régénérateur, goule maléfique qui hurle dans le micro des paroles sévèrement réverbérée et déformées par ses inflexions stridentes et infectées – les minauderies rassurantes en voix claire entre les morceaux, ce n'est pas trop son truc. Et tandis que le devant de l'estrade s'empourpre au rythme des régurgitations de la frontwoman, s'installe une sensation à la fois inconfortable, rassurante et excitante, fondée sur la certitude d'assister à une performance sincère que motivent des convictions profondes. À moins d'avoir affaire à des comédiens de haut vol, il ne fait guère de doute que les membres de DNS s'impliquent complètement dans leur art, particulièrement la dernière vocaliste en date de Bethlehem, collectif avec qui elle fait montre par ailleurs d'une attitude beaucoup plus sage sur scène. Après avoir gratifié l'auditoire d'un « Hail to Satan ! » vengeur en brandissant un crucifix - à l'envers, bien sûr – Onielar se retire avec ses acolytes, laissant derrière elle une épaisse traînée de soufre et de fureur. On reste abasourdi par les soixante minutes passées en compagnie de la troupe germanique, avant de se rendre compte que la morbidité qu'elle dégage est à ce point paradoxale qu'en y étant confronté l'on se sent incroyablement vivant. Régénéré. Stimulé. Mort, le metal ? La vigueur et la rage qu'ont déployé ce soir les spectres délétères de Darkened Nocturn Slaughtercult ont démontré que la bête, pardon, la Bête était toujours prête à mordre.

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Une jeune femme, membre de l'organisation, se dévoue pour nettoyer le sang.

Tabris

Quatrième occurrence. Et nulle lassitude. Tout au contraire. Une fébrilité, renouvelée, exacerbée. Les minutes s'égrènent, toutes en tension, en impatience. Mes jambes sont molles au point qu'elles ne me tiendraient pas si je me levais maintenant, et pourtant, elles sont prises de soubresauts incontrôlables. Il me semble déjà m'échapper, quitter peu à peu la foule monochrome. Je ne m'attarde désormais plus sur le décor du gracieux théâtre, ses peintures et ses dorures, le velours de ses sièges et ses encorbellements. Les minutes s'égrènent, dans une paradoxale quiétude, aussi. Car en cet instant, la conviction de trouver ici et maintenant ce que je suis venue chercher est incontestable. L'attente. Il n'est plus qu'elle. Une attente qui me conduit au bord d'un étrange seuil. Baignée que je suis dans ce parfum d'encens qui ravive les souvenirs des émois passés et affine la soif que j'éprouve d'une nouvelle libation. De la fumée se libère, formant ruban autour de la scène et enfin, les contours du désormais familier tripode se dessinent au fond de la salle. L'heure est venue. Le noir nous enveloppe et nous confond. Une éternité de secondes encore, des silhouettes à peine perceptibles qui se glissent sur les planches, un silence pesant, la gorge qui se noue... et les premières notes de "De Dodenakker" feulent et fendent l'air. Et la ligne est franchie. Massives, corrosives, tourmenteuses, ainsi peut-on très (trop) modestement définir les composantes de cette première attaque, frontale. Le « la »  donné par Amenra, est un choc puissant, et bien qu'accoutumée à présent à l'exercice, je ne peux que me laisser surprendre une fois encore par l'épaisseur et la qualité de la musique ainsi délivrée, en outre ce soir merveilleusement servie par une ingénierie sonore tout à fait exceptionnelle.

Mais est-il seulement besoin de rappeler encore une fois qu'un set d'Amenra ne s'écoute pas ? Il se vit. Mentalement. Physiquement. Alors, peut-être qu'en cet instant, la salle se divise en deux factions ? L'une, composée de ceux qui observent, découvrent et jugent, chuchotent, commentent, osent la harangue. Une impiété qu'ils emporteront avec eux lorsqu'ils délaisseront la salle, ou qu'il tairont lorsqu'ils choisiront de rester et que l'émotion les saisira. Et la seconde, silencieuse et recueillie, goûtant déjà son bonheur. Pour moi, déjà, la musique court sous l'épiderme et se fraye un chemin vers toutes les terminaisons nerveuses. Et dès l'ouverture du second titre, le siège de velours garni est abandonné, le corps plonge en avant, aussi bien que l'esprit, pour mieux pénétrer au cœur des nappes violentes qui dévorent soudain l'espace, ne laissant plus place au moindre vide. Car oui. Les inlassables alternances de la terrifiante "Razoreater" se saisissent de moi, et je ne crois pas être seule à me cogner avec bonheur contre ces murs de guitares et à goûter ensuite à la saveur des passages plus contemplatifs, à gravir des marches de tension nerveuse dans les montées en puissances et à m'exploser les rétines dans les jets éblouissants de fureur. Le silence qui s’abat à la fin du morceau me laisse le souffle court. Déjà. C'est alors que résonne un tintement familier. Celui de deux pièces de metal entre-choquées. Des harmoniques douloureuses qui s'élèvent doucement. Lentement. Aussi bien que le frisson qui me parcoure l'échine. Lent. Et incontrôlable. Bien que d'évidence... oui, "Boden" explose et s'ouvre comme une cage thoracique déchirée qui dégueulerait un flot d'émotions sourdes et trop longtemps contenues. Ténébreuse "Boden", toute en clameurs assourdissantes et en murmures qui se saisissent de nous, intimement. « Are You awake, what did you see ? I am reason, I am fear ». "Boden". La rituelle. Par laquelle Amenra se pose en maître de cérémonie purgative. "Boden", qui s’accueille avec cet immuable sentiment d'émerveillement mâtiné de virulence enfin libérée.

Ensuite ? Ensuite... « Suis-moi en enfer, je suis ta lumière, suis-moi plus qu'hier, je suis ta prière ». "Plus Près de Toi" entre-ouvre à présent la porte de la dernière Mass. Se fait alors plus clairement jour la désormais pleine maîtrise qu'Amenra détient de ses contrastes. Tout à la fois implacable et acide, "Plus Près de Toi" se fend pourtant en son centre et se déploie dans un mouvement de grâce et de tristesse, qui surprend sans doute l'auditeur non encore aguerri, par le truchement de ce chant clair, ô combien judicieusement posé, bien plus troublant et appuyé qu'il ne l'a été jusqu'à présent. L'instant est d'autant plus marquant qu'il s'accompagne d'une montée graduelle des guitares, qui finissent par se muer en tempête après le calme. Mais ce sont encore, les arpèges de "Diaken". Les pulsations telluriques qui les accompagnent. Cette nappe épaisse, volute de brume qui nous enlace peu à peu, nous tient de plus en plus serrés. Le chant, doublé - quelle merveille, quelle densité - cris hauts perchés et grondements profonds, nous précipitant encore plus loin dans les abysses noires, déjà savamment brossées par des cordes véloces. Les ralentissements et les accélérations. La mélancolie des arpèges retrouvés aux deux tiers du périple, et cette voix, soudain à nouveau gorgée de sensibilité, captivante, ensorcelante... L'estocade finale, sourde, terrible... et l'arrêt, ô combien brutal. Silence. Ce silence qui nous retrouve pantois, secoués, esseulés.
 
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Alors ? Alors... Celle qui, un déjà lointain soir de 2017, alors que j'étais plongée dans la fébrilité et la félicité des bienheureux chroniqueurs qui ont ce privilège de découvrir un album encore méconnu, m'a simplement saisie à la gorge et a serré fort, très fort... Celle qui a, si simplement, tout ravagé sur son passage lorsque je l'ai écoutée la première fois... et les mille autres fois qui ont suivi... Celle qui m'est rentrée sous la peau comme rarement un morceau de musique n'a pu le faire... Celle que je n'attendais plus que d'entendre désormais de sa vraie voix, de vive voix... Son riff introductif s'élève... La salle s'évapore dans le flou de larmes que je ne veux pas retenir alors que la voix de Colin se joint à la mélodie. À quel point l'ai-je souhaitée ? Et à quel point se révèle-t-elle époustouflante, incroyable alchimie de grâce et de puissance ? Indescriptible "A Solitary Reign". Ma main est-elle toujours posée sur la rambarde de la balustrade ? Je ne sais plus. Je ne la sens plus. Est-il encore des âmes autour de moi ? Je ne sais plus. Il me semble que je me fonds un instant dans les ondes qui emplissent l'air. Au-delà de la ligne. La douleur et la beauté ressenties sont à leur comble, portées à un point extrême par, pourtant, un simple morceau de musique. Trop intense instant de bonheur et d'encre conjugués. Catharsis. Il n'y a plus de murmures. Il n'y a plus que le choc et la contemplation d'une vison.

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Est-ce que le reste du concert peut encore être à l'avenant une fois franchi un cap à ce point étourdissant qui apparaît comme LE point d'orgue, très certainement guetté avec émotion et amplement savouré par un grand nombre de personnes ici présentes ? Oui. Et si mes détracteurs me diront que ce paroxysme une fois atteint, il ne peut plus être dépassé, je leur répondrais que ce n'est pas essentiel, car le point d'orgue sublime se veut le set lui-même, dans son intégralité. Il n'est en effet nulle distinction à faire – si ce n'est purement subjective - entre des morceaux qui sont liés d'une manière aussi fluide, seulement entrecoupés de respirations vitales pour des artistes abîmés dans leur œuvre et des spectateurs impliqués dans leur écoute. Chaque composition ici conduite se révélant d'une égale puissance, "Terziele" – "Amkreuz" ne déméritent donc pas et la tension ne baisse pas d'un cran. "Silver Needle", enfin, la bien nommée, vient se loger dans l'épine dorsale dans une ultime salve ravageuse.« I will beat you without anger and I will draw from your eyelid a tear. I have given you something real.you thought that you'd never feel.I have given you something so real .a wound.that will never heal ». Accablés autant qu'emplis de quelque chose d'insondable, l'on se rend soudain compte que le chapitre est clôt, que les musiciens quittent la scène, que la lumière s'est rallumée.

À ceux qui regrettent l'absence de rappel, j'adresse mon invite à savourer l'écho de ce set éclatant. À ceux qui attendaient une performance scénique plus « corporelle », gourmands de contempler les prestations douloureuses de Colin, je leur conseille de s'abîmer, eux, dans l'écoute des Mass, d'Alive, et des side-projects de nos ô combien talentueux musiciens, et de laisser la musique gorger leurs propres muscles, tendons et tissus nerveux, gagner leurs sens, jusqu'à ce qu'ils en ressentent pleinement la complexité et la beauté. Jusqu'à ce qu'il comprennent le sens profond de celle qui colore nos douleurs et accorde enfin la juste grâce que nous souhaitons voir accorder à nos émois, deuils et douleurs individuelles. Jusqu'à ce qu'ils se l'accaparent comme leur. À ceux, enfin, qui se demandent encore pourquoi Colin H Van Eeckhout nous tourne ainsi le dos, j'attends qu'ils daignent comprendre qu'il est dans la salle avec nous et non sur scène, et que les mêmes mouvements nous animent. La musique d'Amenra ne s'impose pas, elle accompagne ce que nous exhalons. Elle porte nos émois. En est la couleur. Le set de ce soir ne déroge pas à cette attention délicate portée au « soi ».

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Vingt ans d'existence. Et je n'ai appréhendé qu'un petit quart du périple. Il me tarde d'en découvrir encore, tant cette musique se pose comme un baume de l'esprit. Inlassable est pour moi l'écoute d'Amenra.



La foule quitte lentement la grande salle, encore abasourdie de la performance totale délivrée par Amenra, qui, à l'instar des trois autres formations ayant foulé les planches du vénérable théâtre, a tissé une atmosphère unique, violente et immersive. La tête pleine de sons et de souvenirs, il est temps de quitter ce lieu superbe. Malgré la route qu'il faudra faire, le pas n'est pas pressé, accompagnant une dernière flânerie entre les étages tandis que les vendeurs remballent leur marchandise et certains membres de l'organisation, tout sourire, s'accordent une courte pause. L'expérience aura été réjouissante, en partie grâce à la superbe acoustique dont ont bénéficié des artistes au son habituellement chargé. Il convient de saluer le travail remarquables des bénévoles ayant œuvré pour le festival, contribuant d'une manière décisive à en faire une réussite logistique, humaine et... musicale. Qu'ils en soient remerciés car, si le désir de revenir pour une nouvelle édition a crû au fil de la soirée, c'est en grande partie grâce à leur action qui font d'In Theatrum Denonium un événement si particulier et de plus en plus prisé. Une magnifique soirée.



Le retour des artistes :


Au Champ des Morts :

« Participer à l’In Theatrum Denonium a été pour nous un moment intense, une expérience peu commune. Privilégiant les lieux atypiques pour nos prestations scéniques, nous avons été très heureux de participer à cet évènement, L'organisation était fantastique, des gens vraiment adorables. Tout cela dans le magnifique théâtre de Denain. Et même si nous sommes très fiers de notre prestation, il s'agissait là de notre troisième concert et nous savons que nous pouvons encore améliorer des choses pour profiter pleinement de ce que ce genre de lieu nous offre.Un manque d'expérience à combler au fil du temps. C'est le lot d'un parcours enrichissant, mais qui parfois génère quelques frustrations... Nous avons également beaucoup apprécié la proximité avec le public, tant sur scène qu’après le concert, dans le fumoir. Un grand merci pour votre soutien! »

Amenra :

« What was your feeling during this Denonium fest ?

C: The people of the organisation were really sweet. Warmhearted. And we are grateful they let us play their beautiful festival. Thus got the opportunity to pmay for a different audience mostly.

And how was your feeling about this different audience ?

C: Double. Black metal fanatics are sometimes very “about themselves and their musicstyle”

More difficult to convice ?

C: We need an open minded and hearted listener.

Is there any challenge to confront a more unusual audience?

C: I like it. An opportunity to break through new hearts.
»


Lire le report :


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