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Céline Rosenheim
Entretien avec Céline - le 11 avril 2020
Winter
Une interview de
Diabolus in Musica
, c'est l'histoire d'une solitude double. D'une part, celle propre à chacun de nous. Nous avons beau nous entourer de monde, le chemin que nous avons à effectuer de notre naissance à notre mort, nous devons l'effectuer seul. Les succédanés que représentent les passions nous font battre le cœur plus vite, mais il s'agit d'addictions comme les autres. Seule la musique...
D'autre part, celle de Yann. Ce garçon est différent. Sauvage, au sens d'indompté, extrêmement intuitif, à défaut d'être empathique, il se définit lui-même comme un Empfand (un "(res)senteur"). Seul le black metal...
Romans metal. Épisode 3 : Céline Rosenheim, auteure de
Diabolus in Musica
.
Winter : Bonjour, pourriez-vous décrire au lecteur votre roman en quelques lignes ? En quelques adjectifs ?
Céline
: Il s’agit d’un roman fantastique qui suit les pas de Yann, un guitariste qui fait partie d’une scène black metal française fictive. Pour en décrire l’atmosphère en quelques mots : sombre et poétique. Tantôt onirique, tantôt cauchemardesque.
Winter : Votre roman parle d’une certaine forme de transcendance, non ? Yann est-il supérieur au commun des mortels ? Ou est-il simplement différent ?
Céline
: Il est différent des autres et ne se reconnaît pas dans la société. La musique est un lien avec ses semblables qui lui semble plus facile de tisser que les relations humaines à proprement parler. Si idée de transcendance il y a, c’est dans la vision qu’a Yann de la nature. Une sorte de philosophie panthéiste qui le connecte à l’univers. Bien que mon roman insère ici le biais du fantastique, c’est avant tout une métaphore du lien avec la forêt.
Winter : Vous identifiez-vous à Yann ?
Céline
: Oui, beaucoup. C’est un personnage qui me ressemble de par son caractère réservé et rêveur, sa passion pour la musique, la poésie, la nature et la langue allemande. C’est en quelque sorte ma projection améliorée. Le violon est mon instrument préféré, mais je n’en joue pas. Je ne parle pas couramment allemand non plus. Yann a sans doute aussi mes travers.
Winter : Votre manière de décrire le black metal est très fidèle à l’esprit du début des nineties. C’est assez surprenant, vu votre âge (ou alors vous faites beaucoup plus jeune que la date mentionnée sur votre carte d’identité). Y-a-il une manière de vivre le black metal qui a survécu à la corruption du temps ?
Céline
: Je suis née en 1988, donc je n’ai pas directement connu la première vague de black metal. Je devais avoir quinze ans quand j’ai commencé à écouter du metal et vingt ans quand je me suis réellement intéressée au black. Aujourd’hui beaucoup de groupes gardent le son des années quatre-vingt-dix sans pour autant être de pâles copies des groupes précurseurs. Le black metal n’est donc pas forcément ce qui me fait ressentir le plus de nostalgie.
Winter : Les références de
Diabolus in Musica
sont très précises. Peut-on y voir une volonté d’instruire le fan de metal «
débutant
», voire le non fan de metal ?
Céline
: Je ne sais pas si c’est une volonté d’instruire. Disons que le sujet du livre est la passion de l’art, au-delà du microcosme du black metal. Il me paraissait donc important de pouvoir toucher les lecteurs qui sont étrangers à ce cercle. J’ai donc essayé de rendre le propos aussi clair que possible. Même si je n’ai pas de volonté particulière de faire du prosélytisme, j’ai essayé d’éviter les clichés.
Winter : Vous citez les premières œuvres d’
Abigor
, de
Satyricon
ou de
Gorgoroth
. Sont-ce pour vous les références ultimes en termes de black metal et de musique en général ? Y-a-t-il des œuvres de black metal plus récentes (on va dire après 2000) qui vous aient fortement marquée ? Dans le metal et la musique en général ?
Céline
: Si je devais faire une sorte de top 10 pour le black metal des années quatre-vingt-dix, je dirais:
Kvist
–
For kunsten maa vi evig vike
Isvind –
Dark waters Stir
Ulver
–
Bergtatt
Obtained Enslavement
–
Witchcraft
Satyricon –
Dark Medieval Times
Abigor –
Verwüstung/ Invoke the Dark Ages
Enslaved
–
Vikingligr Veldi
Emperor
–
In the Nightside Eclipse
Windir
–
Arntor
Kampfar
–
Mellom Skogkledde Aaser
Oui beaucoup de choses m’ont marquée après. J’aime découvrir de nouveaux groupes tous les jours. J’ai d’ailleurs deux blogs de chroniques:
http://diabolusmusica.canalblog.com/
et
http://totentanzbm.canalblog.com/
Mais en vrac comme ça pour les années 2000 :
Darkspace
, Lunar Aurora, Nocternity, Coldworld, Angmar, Sacrificia Mortuorum,
Aorlhac
,
Epheles
…
Et ces dernières années : Scuorn, Amestigon, Ungfell, Ateiggär, Mare, Ultha…
On va s’arrêter là pour le black metal. J’écoute aussi beaucoup de musique gothique, du classique du médiéval et du rock.
Winter : Dans votre récit, je ressens un véritable refus d’associer black metal et courants religieux ou politiques, quels qu’ils soient. Est-ce ainsi ? Quel rapport existe-il selon vous entre black metal et foi ?
Céline
: Mon personnage principal est en effet hermétique à ce genre de conceptions. L’un de ses groupes s’articule autour de la thématique de la danse macabre, un autre autour de l’introspection. C’était avant tout un moyen de mettre à l’honneur ce genre d’univers peut-être plus méconnus.
Le black metal n’était pas forcément sataniste à ses débuts. Il cristallisait la rébellion d’une jeunesse contre l’église certes, et la séparation entre l’Église et l’État n’a eu lieu qu’en 2012 en Norvège. Mais il ne faut pas oublier justement qu’ils étaient jeunes… et cons. Parler de démons, ça faisait cool et rebelle. Et puis en 1994, on évoquait déjà plein de choses: mythologie nordique, Moyen-Âge… Le black metal orthodoxe est apparu plus tard, vers les années 2000. Dans le fond, sataniste dans le sens religieux, comme dans la forme, black death dissonant, il change beaucoup la donne. Le terme orthodoxe ne renvoie donc pas à une forme de purisme originel. C’est plutôt une nouveauté qui a renouvelé le genre dans le sillage de
Deathspell Omega
. On peut le regretter en mode nostalgique ou bien louer la créativité d’un milieu qui est loin de se scléroser. Le black metal est suffisamment riche pour laisser cohabiter divers univers. Les seuls groupes qui m’irritent sont ceux qui réécrivent l'histoire en prétendant que le black est, a toujours été et doit être sataniste. Faire ce qu’on l’on ressent sans se préoccuper de la leçon d’orthodoxie du voisin est sans doute le premier vague indice d’un quelconque esprit black metal.
Mon personnage a d’ailleurs une dent contre les donneurs de leçons bien plus que contre les groupes politisés ou religieux.
Winter : Vous êtes une artiste multimedia. Pouvez-vous nous parler de vos productions artistiques ? Quels sont vos projets en cours ?
Céline
: Je compose actuellement le second album de Geisterfels, mon groupe de black metal old school, dont la thématique est médiévale. Vous pouvez écouter le premier album ici :
https://geisterfels.bandcamp.com/releases
et
https://www.youtube.com/watch?v=rixwHhYZ-Cg&t=527s
J’ai deux romans de fantasy historique qui devraient sortir cette année,
Consolament
et
En la Forêt de Triste Amertume
.
Je m’essaie également au cinéma. En attendant de trouver un débouché pour des scénarios de longs métrages, je travaille sur la direction de courts métrages.
Winter : Quelles sont vos influences livresques et cinématographiques ?
Céline
: J’en suis venue à aimer la littérature par le biais du fantastique et des grands classiques du dix-neuvième siècle. Le gothique est incontestablement l’atmosphère qui a déclenché ma passion pour l’art:
Les Hauts de Hurlevent
,
Melmoth
,
Carmilla
,
La Morte Amoureuse
, la poésie de Keats… Aujourd’hui, je lis principalement des livres d’histoire et ai un peu délaissé la fiction.
Pour ce qui est du cinéma, difficile de choisir quoi mettre en lumière. J’apprécie l’esthétique de la violence que développe par exemple Nicolas Winding Refn dans
Only God Forgives
ou Lars Von Trier dans
The House that Jack Built
, le pessimisme de Werner Herzog et les fresques historiques d’Akira Kurosawa, les dystopies comme
Matrix
ou
Dark City
, le
Dracula
de Coppola, l’ode à la dépression de
Melancholia
- Lars Von Trier encore - et la réflexion sur l’art de
La Vie des Autres
, la mort qui plane au dessus du
Septième Sceau
et les scénarios labyrinthes qui se révèlent un peu plus à chaque visionnage comme
Memento
.
Winter : La solitude est-elle inévitable pour qui veut vivre pleinement et intégralement son authenticité ?
Céline
: Je pense que la solitude permet d’avoir du temps. Le temps de lire, de se cultiver, de penser également, de se connaître soi-même. Elle nourrit donc mon univers et me permet de créer. Si l’on se réfère au nombre de projets que je développe, la solitude m’est nécessaire ne serait-ce que d’un point de vue mathématique, au-delà de mon caractère. Une vie sociale développée ne me laisserait pas suffisamment d’heures pour travailler. Il faut dire aussi qu’écrire ou composer, ce n’est pas forcément se jeter sur la feuille ou l’instrument. Parfois c’est simplement ouvrir un fichier, relire quelques lignes ou réécouter une mélodie. S’imprégner à nouveau d’une atmosphère, d’un monde, avant de poursuivre.
Winter : L’Art est-il le but ultime de notre vie ? De la vôtre ?
Céline
: De la mienne sans doute, oui. Je m’ennuie dès que j’arrête de créer. Je ressens de la mélancolie également, car l’art est la seule chose qui me donne l’impression de tendre vers un but, une transcendance peut-être illusoire.
Winter : La Beauté est-elle sombre ?
Céline
: Quand j’étais adolescente, j’avais une citation d’Anne Rice sur mon sac: «
Arpenter à jamais le royaume des cauchemars n’est pas sans une certaine ténébreuse splendeur
».
Je crois en effet que les ténèbres ont une beauté vénéneuse. L’univers gothique, puisque c’est vers lui que je me suis tournée en premier, a le pouvoir rassurant et enveloppant de l’onirisme. Il conserve pourtant le tranchant des affects et des émotions tragiques, comme s’il fallait garder en tête la dureté du monde. Car finalement c’est peut-être ça la laideur : la superficialité et le vide. Les brumes qui entourent la silhouette d’un château la nuit et les cris que l’on y entend… seraient le rempart contre un bonheur artificiel et fade d’une part et les deuils que l’on essaye d’apaiser d’autre part.
Winter : Qu’y a-t-il après la mort ?
Céline
: L’inconcevable néant.
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