15 novembre 2023
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Strasbourg - La Laiterie
« L’Islande en état d’alerte face à la menace d'une éruption volcanique ». L’annonce tombe au moment où débarquent à Strasbourg deux escouades venues du Pays de Glace, là où le dénommé Fagradalsfjall affole la population locale. Le timing est d’autant plus troublant que l’une des deux formations se nomme Volcanova. L’autre est Vintage Caravan et a motivé le déplacement jusqu’à la Laiterie.
C’est au club – pas de barrières (joie) - que le premier des deux trios lance la soirée avec une poignée de minutes d’avance sur l’horaire annoncé. La salle de taille modeste est déjà bien garnie et réserve un accueil enthousiaste aux solides gaillards de VOLCANOVA (20h). Du stoner robuste mais qui ne force pas sur l’âpreté : c’est ce que proposent les Nordiques qui ont la bonne idée de ne pas en faire des caisses dans l’esprit potache qui égaie leurs deux enregistrements parus au jour de la prestation, Radical Waves (2020) et l'EP Cosmic Bullshit paru l'année dernière. Les musiciens blaguent régulièrement avec l’assistance, sollicitant les donations au merchandising dans le simple but, prétendent-ils, de pouvoir manger à leur faim compte tenu de la cherté de la vie sur leur île natale. L’un des atouts principaux des trois acolytes réside dans leur complémentarité vocale, alternant chant lead – le batteur y compris - et chœurs. Des compos d’honnête facture surgit de temps à autre un solo épique et même une citation de "Children of the Grave" de Black Sabbath sur le dernier morceau. Énergiques et sympathiques, ces chevelus-barbus auront rempli leur rôle de chauffeurs de salle à la perfection.
VINTAGE CARAVAN (21h) fait aussi dans le hard rock de tradition, dans une veine mélodique qui fait sa réputation depuis une douzaine d’années désormais. Óskar et ses deux complices arborent des barbes qui les vieillissent de quelques années mais les insulaires conservent encore les traits juvéniles de types n’ayant pas encore trente ans, mais cinq albums à leur actif. Le dernier en date, Monuments, est généreusement cité, en écho à l’intitulé de la tournée et à l’album live paru un mois auparavant dont la setlist est quasiment identique à celle de la soirée strasbourgeoise. La cohésion est patente entre les musiciens que seuls les confinements liés à la pandémie de Covid ont momentanément stoppé dans leur inlassable périple. Résultat, Stefán le batteur assure le groove et Alex est investi au point de casser une corde de sa basse (sur "Innerverse"), que son homologue de Volcanova se charge de remplacer. Hormis "Reset", tous les classiques sont convoqués, et repris par le public - les euphorisants "Babylon" et "
Cocaine Sally", le touchant "On the Run", l'imparable "Expand Your Mind", tous dynamités par les solos héroïques d'un Óskar en voix, un peu moins grimaçant que par le passé mais en sueur dès la fin du premier titre. Alex s'empare d'une guitare acoustique sur le délicat "Clarity", que le parterre entonne spontanément une fois le dernier accord joué afin de faire revenir la troupe sur scène - appel entendu. C'est avec "Crazy Horses" et l'irrésistible scansion de "Midnight Meditation" que les compères, tout sourire, concluent la soirée.
Lancés de belle manière par de vigoureux compatriotes, les attachants Islandais de Vintage Caravan ont assuré un set euphorique avec une économie de moyens mais sans lésiner sur l'énergie. Exécution impeccable, son irréprochable, chansons échevelées, bonne humeur de tous les instants : ce groupe est une véritable bouffée d’air frais et ne manque jamais sa cible. Le bonheur paraît si simple avec ces types !
Photo par Tabris