CHRONIQUE PAR ...

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Cosmic Camel Clash
le 25 mai 2008




SETLIST

MOPA

Page of a Dictionary
Ego Zero
Amen
Where Did You Sleep Last Night ?
Die for Me
Broken Army
I Am an Island

AFFILIÉ

My Own Private Alaska
Paris - La Maroquinerie
(23 septembre 2008)
Paris - Chez Justine
(12 avril 2010)
Paris - Nouveau Casino
(16 mai 2010)
Paris - Les Étoiles
(17 octobre 2024)

22 mai 2008 - Paris - Le Klub


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Le Klub est une salle minuscule dans une boîte de nuit aux voûtes de pierre typiques, et le lieu de moult concerts de métal underground. En cette soirée du 22 mai les Éternels sont venus contempler l’OVNI My Own Private Alaska, formation batterie-chant-piano mélancolique et torturée dont l’EP (chronique ici) développe de telles atmosphères de désespoir contemplatif que les voir en live relevait quasiment de l’obligation.

Ce sont les groupes HKY et l'Homme Puma qui ouvrent la soirée. En interview avec les membres de My Own Private Alaska, nous ne pourrons voir l'intégralité du set de HKY, les quelques minutes écoutées évoquant un postcore intéressant, oscillant entre Minsk et Isis, laissant aparemment une place importante aux textures et aux nappes apportées par les claviers. De retour au Klub après l'interview des Toulousains de MOPA, c'est le set de l'Homme Puma qui nous accueille. Le groupe est composé de trois membres seulement, guitare, basse et batterie. L'absence de micro fait vite comprendre que la musique des normands sera instrumentale. Le groupe commence à jouer et un constat se fait : le son est de très bonne facture. Contemplative à souhait, la musique de l'Homme Puma évoque des noms comme Red Sparowes ou Pelican, alternant accalmies et instants plus violents. À cela s'ajoutent des incrustations réussies de divers samples de voix. Le groupe est dans sa petite bulle, relativement statique, les instants de crescendo et les explosions mis à part. Les musiciens semblent alors sortir de leur léthargie, le batteur martelant ses fûts de plus en plus violemment, le bassiste bougeant sa basse dans tous les sens... Le guitariste semble un peu plus calme, les yeux généralement rivés sur ses cordes et ses pédales d'effets. Le set du groupe terminé, on apprendra que le groupe s'est séparé de son ancien chanteur/sampleur (les samples étant déclenchés au pied par le bassiste durant le concert) et que la setlist était exclusivement constituée de titres qui figureront sur le prochain album du groupe. Voilà qui promet.

Les musiciens de MOPA s’installent alors chacun sur leur chaise : MiLKa et Tristan face à face, Yoann dans le fond. C’est Tristan qui présentera le set : MiLKa n’adressera pas une fois la parole au public et on comprendra très vite pourquoi. Puis "Page of a Dictionary" se lance, on attend d’être pris aux tripes... et ça ne vient pas ! Le son de chaque instrument a beau être parfait le mix ne l’est pas, et le piano de Tristan est trop en arrière pour qu’on puisse réellement plonger dans la musique. En attendant on reste tout de même scotché par le phénomène MiLKa : finies la pêche et l’énergie démentielles qu’il déploie chez Psykup, tout en lui n’est que nihilisme est douleur. Les yeux fermés, le micro vintage collé contre le visage, le chanteur pousse ses légendaires hurlements avec une rage et un talent inouïs. Il semble générer une sphère de négativité brute autour de lui et si c’est lui qui dégage le plus de malaise le côté « sphère » est commun aux trois membres : nous avons beau être quasiment au contact des musiciens vu la taille de la salle et l’absence de scène surélevée, nous ne sommes littéralement plus là. Ces trois types évoluent dans une dimension où seuls les deux autres existent et jouent leur musique comme s’ils allaient crever l’instant d’après. Saisissant.

Puis le miracle se produit : Tristan prend conscience qu’il est sous-mixé après quelques morceaux, en touche deux mots à l’ingé-son et l’équilibre entre les instruments devient enfin parfait. Et là c’est une déferlante qui s’abat sur nous, une déferlante de tristesse et de violence comme on en vit rarement en concert. "Die For Me (If I Say Please)" et ses sonorités à la Michael Nyman (The Piano) nous submerge, nous déstabilise et nous retourne les tripes. La reprise totalement inattendue de "Where Did You Sleep Last Night" provoque l’admiration générale : entre les déchirements vocaux de MiLKa et le réarrangement au piano, le morceau est littéralement transcendé. Les morceaux inédits sont loin de repomper ceux de l’EP mais collent tout autant la chair de poule que ceux que le public connaît déja. On en a presque les larmes aux yeux tout en headbanguant sauvagement, ce qui est rarissime... et il y a bien sûr ce final totalement impensable sur "I Am an Island". Le tempo enlevé du morceau nous kidnappe, la partie de piano nous serre le coeur et les hurlements de MiLKa nous crucifient sur place. Les clusters terrifiants, la batterie furieuse, ce « My oooown privaaaate.... ALASKA ! » incantatoire et torturé hurlé à la face du vide... le public restera silencieux près de dix secondes après la fin du morceau. Muet. Transfiguré.


Ce qui a eu lieu ce soir Klub n’était pas un concert normal. Il s’agissait d’une expérience émotionnelle d’une intensité tout sauf habituelle, la décharge de quelque chose de primaire et destructeur qui aura donné d’autant plus de plaisir au public qu’elle l’aura mis à genoux. C’est parce que la musique des membres de MOPA leur est tellement personnelle qu’on entre en résonnance avec elle et qu’on en sort changé, ému, presque nettoyé de l’intérieur. Ca s’appelle une catharsis. C’est de l’Art. Allez-y.


Photo : Morka pour les Eternels.


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