CHRONIQUE PAR ...

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Merci foule fête
le 09 juillet 2016




SETLIST

Theusz Hamthahk
Mekanïk Destructïw Kommandöh

AFFILIÉ

Magma
Lille - Splendid
(29 janvier 2005)
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17 juin 2016 - Hellfest


Magma_Hellfest_20160617

La pulsation. Lien indéfectible, aussitôt noué par les huit êtres qui ont pris possession de la scène. Une quête obstinée, un idéal qui fédère l'ensemble des musiciens à l'unisson de leurs partitions complexes, diverses, en lutte. Complémentaires. Un cœur qui bat, de plus en plus fort, soumis à une pression telle que les corps se dissolvent en un magma sonique, vital. Magma. Est là.

Comment décrire la magie d'une musique qui isole du monde, de tous les mondes, fût-ce d'un microcosme aussi bruyant que celui du Hellfest, et pourtant émanation collégiale par essence, par destination ? Magma au Hellfest. L'annonce peut paraître incongrue. En effet, il n'y a pas une once de metal dans l'alliage savant concocté par Christian Vander, le batteur/gourou de l'entité qu'il a créée il y a plus de quarante-cinq ans. Pourtant, celle-ci a toute sa place dans ce festival. Ainsi que tous les autres – même dans un tecknival sa présence pourrait se justifier, tant l'effet qu'elle produit s'apparenterait, d'après témoignages, à celui de certaines drogues. L'univers musical de Magma est à part, hors du temps. Il s'articule autour de son propre langage, il répond à une autre logique, aux confins du jazz et du rock – Vander a rapidement abandonné l'un pour l'autre sans se départir cependant de ses admirations pour le légendaire saxophoniste John Coltrane et le compositeur Igor Stravinski, deux personnalités ayant contribué à révolutionner leur sphère originelle. Mais ces références, aussi prestigieuses soient-elles, ne constituent que de pauvres informations pour définir ce que l'on ressent à l'écoute d'un concert de Magma. Car chercher à comprendre est vain. Interpréter, analyser, n'a guère de sens non plus. Il n'y a pas d'autres choix – mais pourquoi y en aurait-il ? - que de se laisser emporter, happer par les séquences qui se succèdent et se chevauchent, se heurtent et s'harmonisent.
Ainsi se déroule le premier morceau, toile de fils électriques que tend et retend l'octuor jusqu'à faire résonner cette note commune et obsédante, alors qu'aucun musicien ne la joue spécifiquement, par la combinaison féérique des frappes, des accords et des voix. L'orchestre forme un bloc de personnalités entières et disciplinées qui servent l’œuvre en disposant d'un espace infini. Aucune improvisation, sans doute, et pourtant chaque mesure semble naître d'une étincelle de liberté farouche. Tel le motif en glissando que scande inlassablement le guitariste, seule expression de sa part pendant de longues minutes et pourtant ponctuation indispensable, en contretemps régénérateur des mélopées ardentes de ses partenaires. Après de brefs remerciements, le magnétisme qui s'est répandu dans l'assistance s'accroît instantanément lorsque retentit l'incantation la plus célèbre du répertoire kobaïen, « Hortz Fur Dëhn Stekëhn West », qui est également l'intitulé du titre d'ouverture de la production souvent considérée comme la plus accomplie du collectif : Mekanïk Destruktïw Kommandöh, alias M.D.K.. La sensation procurée par l'interprétation, à peine retouchée pour respecter l'horaire imparti, de ce monument repousse les limites de la mise en mots. Peut-être pourrait-on se contenter de valoriser la précision extrême dont fait preuve chaque instrumentiste et chaque vocaliste dans l'exécution de cette suite ininterrompue de plus de trente minutes ? Une virtuosité à l'opposé totale de l'esbroufe à base de quadruples croches par seconde (même si Joe Satriani sait procurer de bons moments lui aussi), consubstantielle d'une impressionnante maîtrise instrumentale, mais avant tout guidée par la recherche de la note et de la frappe justes, jouées au bon moment. Ensemble.
Cette cohésion de tous les instants génère un son unique, comme focalisé sur un zénith tangible dont il serait la principale composante. La musique se transforme en énergie brute, ciselée de véhémences et de ressacs jaillis des claviers, du vibraphone, de la guitare agile. Et encore de cette basse volubile en va-et-vient permanent entre les sections censément plus mélodiques et leurs comparses rythmiques, comme il est rare de l'entendre. Les voix de Magma, quant à elles, ont donné son intitulé à un album du groupe et cela prend sens en percevant leur place singulière, entre instruments sculptés à l'humain même et vecteurs de beautés surnaturelles, confortés par l'usage de la langue kobaïenne à la fois suggestive et dépaysante, d'une fluidité presque complice malgré ses accents parfois rugueux. Prépondérants dans M.D.K., les chœurs féminins emmenés pas Stella Vander, l'épouse de Christian, se projettent dans l'espace comme une vigie des mondes qui les a engendrés, communication fiévreuse vers des au-delà devenus perceptibles. Riche de sa diversité, la créature protéiforme se meut à la baguette du percussionniste, grand ordonnateur qui cingle ses cymbales et percute ses peaux avec la vélocité foudroyante d'un conducteur de char céleste que rien ne pourrait détourner de son absolu. Puis la dernière note retentit - où serait-ce la première ? Celle précédant le silence qui s'est fait en soi, infini, fertile, point d'orgue d'un apprentissage intime, départ  stupéfait vers une altérité forgée d'audaces et d'allégresse.

Une clameur inouïe, exultante, ponctue l'ultime accord, instantané fervent du public dont chaque membre a participé à l'expérience, cri libérateur poussé par plusieurs centaines de passionnés unis dans la félicité et l'émotion : la note finale, ce sont eux qui l'ont chantée. Magma a emporté plusieurs âmes et les a revitalisées. Il n'y a pas eu et il n'y aura probablement plus de performance aussi singulière et transcendante au Hellfest que celle produite par la formation de Christian Vander ce soir-là.

Crédits photo : Das Silverfoto
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