CHRONIQUE PAR ...
Fly
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
14.5/20
LINE UP
-Kele Okereke
(chant+guitare)
-Russell Lissack
(guitare)
-Gordon Moakes
(basse)
-Matt Tong
(batterie)
TRACKLIST
1)Like Eating Glass
2)Helicopter
3)Positive Tension
4)Banquet
5)Blue Light
6)She's Hearing Voices
7)This Modern Love
8)Pioneers
9)Price of Gas
10)So Here We Are
11)Luno
12)Plans
13)Compliments
DISCOGRAPHIE
Chaque mois (voire chaque semaine), la presse anglaise affirme sans rire avoir trouvé LE groupe qui va sauver le rock, celui qui deviendra à n’en pas douter The Greatest Rock Band Since [insérez ici le nom qui vous convient]. Chaque fois, ces groupes sont portés aux nues avant même d’avoir sorti le moindre album et font l’objet d’une hype qui rend les amateurs à la fois curieux et méfiants. Juger leurs disques sans le moindre a priori est un exercice délicat. Bloc Party est l’un de ces groupes.
Pourtant, la formation a réussi l’exploit de faire oublier son statut de coqueluche des médias et elle est parvenue à pondre, avec Silent Alarm, un premier album aux qualités indéniables. En clair, Bloc Party livre la marchandise. Toute la fougue et tout le talent du groupe nous sautent au visage dès le premier morceau, le magistral "Like Eating Glass" : basse qui claque, guitares incisives et batterie survoltée, le tout au service d’un refrain irrésistible. L’enchaînement des quatre premiers morceaux est d’ailleurs hallucinant de maîtrise. Sur le puissant "Positive Tension", le chanteur crie « something glorious is about to happen! ». On ne demande qu’à le croire. Difficile, après une telle entrée en matière, de tenir la distance sur tout un album. Le groupe a beau être talentueux, il n’en demeure pas moins jeune, et la fougue ne remplace pas toujours l’expérience.
Parvenant sans trop de mal à retenir l’attention de l’auditeur pendant une bonne dizaine de morceaux, la formation finit pourtant par s’essouffler dans le dernier quart, où elle enchaîne les morceaux sans grand relief (en particulier si on les compare aux premiers) et se casse les dents en essayant vainement d’adopter un style différent : le dernier morceau, "Compliments", est un ratage sur toute la ligne, une bien mauvaise façon de conclure un disque qui aurait profité d’une légère cure d’amaigrissement. Heureusement, la qualité générale de l’album permet de rattraper ce faux pas final. Bloc Party propose tout de même trente minutes d’un rock rythmé, mélodique et surtout incroyablement dansant. Difficile en effet de résister à l’envie de taper du pied à l’écoute de tous ces morceaux façonnés pour les pistes de danse. En cela, le groupe a bien compris ce qui faisait le succès d’un groupe comme Franz Ferdinand, véritable bougie d’allumage du renouveau (si l’on peut dire) de la pop anglaise : une musique qui donne envie de bouger. Même les ballades comme "Blue Light" ou "This Modern Love" ne dérogent pas à la règle.
Oui, la musique de Bloc Party, comme celle de la plupart de ses contemporains à succès, reste sous influence. Oui, les effluves de cette période bénie que fut la fin des années 1970 se font parfois sentir. Oui, la voix de Kele Okereke rappelle invariablement celle de Robert Smith. Pourtant, le groupe parvient à dépasser ces influences (parfois inconscientes, si l’on en croit ses membres) et à offrir un album beaucoup moins passéiste que certains voudraient bien croire. Si les qualités de composition du groupe sont incontestables (les morceaux regorgent de mélodies d’une fraîcheur étonnante), c’est surtout d’un point de vue instrumental que le groupe se démarque : dans un tel registre, il est impossible de ne pas être frappé par le talent de ces quatre musiciens. La basse virevolte, la batterie surprend, les guitares enchaînent les riffs et multiplient les effets. Et ça fonctionne! Seuls les plus grincheux y trouveront à redire.
Car des grincheux, il faut bien dire qu’il y en a eu depuis la sortie de cet album. Maintenant que la poussière est retombée et que la presse est passée à autre chose, beaucoup semblent ne voir en Bloc Party qu’un feu de paille (un de plus...). Seul l’avenir nous dira s’ils avaient raison. Reste un premier album au-dessus de la moyenne et qui, n’en déplaise à tous ceux que la mode fait fuir, laisse la porte ouverte à de très belles choses. Au groupe de montrer ce qu’il a dans le ventre.