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CHRONIQUE PAR ...

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Fly
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note : 15.5/20

LINE UP

-Kele Okereke
(chant+guitare)

-Russell Lissack
(guitare)

-Gordon Moakes
(basse)

-Matt Tong
(batterie)

TRACKLIST

1)Song For Clay (Disappear Here)
2)Hunting For Witches
3)Waiting For The 7.18
4)The Prayer
5)Uniform
6)On
7)Where Is Home?
8)Kreuzberg
9)I Still Remember
10)Sunday
11)SRXT

DISCOGRAPHIE


Bloc Party - A Weekend In The City
(2007) - rock - Label : Wichita



Même si le buzz qui a entouré la sortie de Silent Alarm en 2005 est retombé depuis un bon moment, il n’en reste pas moins que Bloc Party était attendu au tournant avec ce deuxième album. Les amateurs conquis par le talent du jeune quatuor étaient impatients de goûter à la suite, tandis que les grincheux pour qui le groupe n’était que la énième sensation de l’heure attendaient l’occasion de déverser de nouveau leur fiel. Alors, A Weekend In The City allait-il donner raison à ces derniers? Après quelques écoutes, on pourrait malheureusement croire que oui.

Il faut admettre que le groupe n’a pas choisi la facilité. On peut lui reprocher bien des choses, mais pas de faire du surplace. La découverte de l’album est d’ailleurs très déroutante et amène son lot d’interrogations : où est passée la fougue? Où sont passées les mélodies? Et les guitares? Aucun titre ne ressort de ce qui ressemble plutôt à un long tunnel d’ennui... Qu’elle semble loin la montée d’adrénaline que provoquait en nous la pulsation de la batterie au début de "Like Eating Glass"! Et pourtant. Ce n’est qu’au bout de quelques écoutes que le déclic va se produire. Avec A Weekend In The City, Bloc Party a pondu une véritable bombe à retardement. À quoi est due cette impression? À l’approche totalement différente adoptée par le groupe? À la production ultra léchée signée Jacknife Lee, qui surprend en comparaison du son sec et mordant de Silent Alarm? Ou bien au fait que la qualité de leur écriture s’est affinée? Quoi qu’il en soit, tous ces éléments, s’ils peuvent facilement expliquer le sentiment de déception voire même de rejet qui nous saisit si l’on ne prête qu’une oreille superficielle à l’album, ne réussissent pas à faire obstacle au talent de la formation.

Au premier abord, Bloc Party semble avoir perdu beaucoup de l’énergie qu’il déployait sur Silent Alarm. De ce côté-là, la réalisation n’aide pas vraiment le groupe, car elle donne l’impression d’un disque à la fois lisse et pompeux. L’influence de U2 se fait sentir à un point tel que cela en devient parfois gênant (comme sur le trio composé de "Kreuzberg", du tubesque "I Still Remember", qui compense par ses qualités mélodiques, et du morne "Sunday", sans aucun doute le seul titre vraiment dispensable de l’album). Heureusement, cette impression est contrebalancée par les morceaux plus sombres qui donnent une coloration bien particulière à l’album. « I’m trying to be heroic in an age of modernity » susurre le toujours volubile Kele Okereke en ouverture de "Song For Clay (Disappear Here)", résumant en quelques mots toute l’ambition dont fait encore une fois preuve son groupe. Le jeune chanteur semble prendre son rôle très au sérieux, mais il le fait avec une telle sincérité et une telle naïveté que l’on peut difficilement lui en tenir rigueur. Il évoque sans détour la peur, la paranoïa, le désarroi, la colère, mais également l’insouciance et l’espoir qui habitent sa génération. Le reste du groupe se charge avec brio de traduire ces émotions en musique.

Après deux premiers titres percutants (et dont les riffs rappellent étrangement Muse), la formation aligne sans faillir les morceaux de bravoure : "Waiting For The 7.18", dont le puissant développement contraste parfaitement avec l’intro toute en douceur, et "The Prayer" (irrésistible malgré un solo un peu à côté de la plaque). L’effet de contraste prend ensuite une dimension très intéressante grâce au talent du batteur Matt Tong, dont le jeu ahurissant était déjà un des points forts de Silent Alarm. Ici, il module sa frappe de façon à sonner comme une boîte à rythmes, aidé en cela par les effets de la production. Le résultat est étonnant : le mariage entre son jeu frénétique et le déroulement planant de certains morceaux crée une ambiance unique, qui atteint son apogée sur l’enchaînement de "On" (et ses magnifiques arrangements de cordes) et du cathartique "Where Is Home?", avec son ambiance de fin du monde et son refrain désespéré.


Grâce à cet album bien mieux équilibré que le précédent (qui perdait beaucoup de son intérêt en fin de parcours), Bloc Party a donc bel et bien réussi son pari : faire fi des critiques, se surpasser et livrer encore une fois la marchandise. Il s’agit là d’un exploit dont peu de jeunes groupes semblent pouvoir se vanter ces dernières années. Les grincheux trouveront encore sûrement à redire (et sur certains aspects, ils n’auront pas tort), même ceux qui ont adoré le premier album seront peut-être amèrement déçus, mais quand la magie fonctionne aussi bien, on ne peut s’empêcher d’avoir envie d’entendre la suite.


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