CHRONIQUE PAR ...
Alexis KV
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
12/20
LINE UP
-Karl Willetts
(chant)
-Barry Thomson
(guitare)
-Gavin Ward
(guitare)
-Jo Bench
(basse)
-Andrew Whale
(batterie)
TRACKLIST
1)Intro
2)Eternal War
3)Through the Eye of Terror
4)Dark Millennium
5)All That Remains
6)Lost Souls Domain
7)Plague Bearer
8)World-Eater
9)Drowned in Torment
10)Realm of Chaos
11)Prophet of Hatred
12)Outro
DISCOGRAPHIE
Le culte tient souvent à peu de chose : un groupe dont quelques membres tuent le temps en poussant des petits bonhommes en plomb, un des responsables de Games Workshop – la firme produisant lesdits bonhommes – qui tue le temps en écoutant l'émission Peel Sessions, à laquelle participe ledit groupe. Le constat d'une osmose entre le thème choisi par le groupe – la guerre – et ce qui deviendra la devise du jeu Warhammer 40 000 – « In the Grim Darkness of the far future there is only War ». Une pochette reprenant la – très moche – couverture de la première édition du jeu, alias le Rogue Trader, un nom d'album reprenant le nom d'un des suppléments du jeu – «Realm of Chaos - Slaves to Darkness» – et enfin des titres et paroles de morceaux inspirés par l'univers fantastique de ce même jeu. Et paf ! un album culte.
Le culte peut finir par devenir embarrassant : les membres de Bolt Thrower voudraient bien qu'on arrête de les bassiner avec cet album. Car, un peu de lucidité et de recul aidant, ils doivent bien se rendre compte que son statut culte n'a pas de grand rapport avec la valeur purement artistique de la chose, mais tire son essence du principe « ils ont fait un album sur Warhammer 40 000 et ils l'assument (ou presque) ». Une fois cet aspect mis de côté, on constate que Bolt Thrower n'a pas énormément avancé depuis In Battle There Is No Law, et balance la même mixture thrash-death-grindcore avec un degré de réussite toujours aussi aléatoire. Bon, légèrement moins aléatoire, d'accord : le groupe commence à maîtriser un peu mieux cette science obscure nommée «composition »et si des titres comme "Eternal War", "Through the Eye of Terror" ou "World Eater" arrivent à garder une certaine cohérence, ce n'est peut-être pas forcément dû au hasard.
Le culte n'est pas forcément là où on le croit : privé de sa dimension «Warhammer», Realm of Chaos est quand même le témoignage, pour tout fan du groupe, de l'évolution vers une formule musicale qui ne se stabilisera que deux-trois albums plus tard. Si les parties en blast beat restent toujours aussi quelconques, les riffs thrash sont d'ores et déjà marqués de cette patte macabre caractéristique de Bolt Thrower. D'autres choses sont à l'étude : le mur de son à base de double croche implacable est bien présent, mais généralement transformé en bouillie par l'accordage ultra-grave qui, à une époque où les guitares down-tuning modernes sont encore inexistantes, n'aide pas vraiment à obtenir un son très précis. "All That Remains" est le premier titre du groupe à s'affranchir des fameux blasts, et c'est une des réussites de l'album : au lieu de jouer sur des contrastes souvent maladroits, la composition instaure une tension qui ne retombe pas de la première à la dernière note.
Le culte, c'est peut-être aussi le fait d'éviter la catastrophe de très peu : imaginez un Bolt Thrower qui décide de troquer Earache pour Warhammer Records, tout en remerciant Colin Richardson dans la foulée. Un statut culte équivalent à D-Rok – l'autre groupe ayant associé musique et wargames – un nouveau gribouillis de John Blanche pour chaque pochette, des paroles écrites par Gavin «je sais pas encore ce que ça veut dire, mais ça sonne bien» Thorpe et, en guise de tournée, l'animation de stands «peinture rapide» lors des Games Day. Bon, au moins ils auraient pu dire, presque sans mentir, qu'ils ont fait le Stade de France. Ç'aurait été une bien maigre consolation.