CHRONIQUE PAR ...
Beren
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Manuel Munoz
(chant+guitare)
-Gilles Moinet
(guitare)
-Vincent Danhier
(basse)
-Foued Moukid
(batterie)
TRACKLIST
1)Start The Fire
2)Don't Wake Me Up
3)Dive
4)What's Done Is Done
5)The Water Fields
6)Is Your Soul For Sale?
7)A Distant Light Was Shining
8)Regarding Kate
9)Rise To The Occasion
10)Hey!
11)This Is Now Farewell
DISCOGRAPHIE
Forts de l'expérience acquise sur les deux précédents albums (The Nameless Disease et The Perpetual Motion, éclatants) et par des mois de tournée intensive, The Old Dead Tree sort une troisième fois de sa tanière avec The Water Fields, dont le titre évoque un nouveau concept, développé sur l'ensemble de l'album - à savoir un endroit imaginaire où l'esprit se réfugie lorsqu'il se sent menacé.
Forts de trois albums en quatre ans, de trois œuvres-concepts développées avec un soin tout particulier et forts de la fidélité sans faille du producteur Andy Classen, une nouvelle fois aux commandes de cet album, Manuel Munoz et ses fidèles lieutenants osent rééditer le même exploit musical en l'absence de Nicolas Chevrollier, désormais ex-guitariste parti sous d’autres latitudes après le zénith du second album.
Ainsi, The Old Dead Tree propose pour la troisième fois consécutive un album de dark metal mélancolique classieux dans une veine opethienne, aux accents gothiques (putain d’ambiance sur ce disque !) incontournables et teinté de tant d’émotion que, paradoxalement, cela dessert parfois le propos. La voix étrange de Manuel Munoz en est peut-être le facteur-clé - il surjoue souvent avec sa voix claire qui tombe presque systématiquement dans le mielleux, tandis que son growl, puissant, est de plus en plus maîtrisé et ravageur. Le principe de la dualité voix death/voix claire est poussé à son paroxysme sur ce nouvel opus et commence à lasser; un effet de style un peu suranné qui passe encore ici, mais qu'il faudra sans doute revoir par la suite.
Bien que l'on peut se poser des questions sur la volonté (capacité?) du groupe à renouveler son style (pas de révolution majeure sur ce disque, loin de là), il est impossible de nier son talent et sa persévérance à proposer autant de morceaux à la finition impeccable. "Start The Fire", à point nommé pour débuter le disque de façon monstrueuse (riffing mémorable et chant à l’avenant), les corsés "Dive" et "Regarding Kate" en éblouissants points d’orgues de l’album, "This Is Now Farewell" en conclusion inévitable de ce troisième opus : le groupe fonctionne une nouvelle fois avec les mêmes fondations - solides et efficaces.
En fin de compte et avec le recul, la surprise n’est plus là dans le cheminement du disque, mais l’ensemble, toujours aussi cohérent et bien écrit (mention spéciale à l'enchaînement des morceaux, simplement parfait), provoque toujours ces mêmes petites étincelles musicales qui placent The Water Fields dans la parfaite continuité de ses aînés. Les deux visages des Français – un mélancolique et l'autre plus brutal – s’en trouvent grandis avec l'expérience acquise au fil des ans et l'on a finalement beaucoup de mal à trouver un quelconque défaut au son proposé par Andy Classen et aux arrangements ultra-travaillés ("What’s Done Is Done") de cet album.
Cependant, il va falloir que le groupe aille au-delà de sa propre formule musicale pour pouvoir encore accrocher sur le prochain album. En attendant, on se délecte de ce The Water Fields passionné et une nouvelle fois surprenant de facilité. Du même niveau que son prédecesseur, cet album est un nouvel essai plus que confirmé en si peu de temps: que demander de plus pour le moment si ce n'est d'apprécier une scène française de plus en plus vivace?