Après leur immense Armageddon March Eternal de 2005 qui provoqua une Symphonie de Poignets Tailladés, The Project Hate Ressuscite Pour une Torture Massive au travers de In Hora Mortis Nostrae. Préparez-vous à Entrer Dans Le Feu Impie de l'Enfer, et à voir des Putains Enceintes aux Yeux Saignants, Vous Ne Verrez Rien Que de La Chair pour cette Machine à Massacrer les Dieux. Et quand vous penserez que Vous Ne Pourriez Etre Plus Près D'une Trêve, Vous serez là, Sans Amour, Sans Dieu mais Dans la Plénitude, et vous n'entendrez pas de Symphonie de Déçus.
Au fait, vous connaissez la théorie de la crème glacée aux marrons glacés ? À destination des aficionados du précédent opus, The Project Hate n'a pas révolutionné son style mais l'a fait évoluer en douceur, à savoir que la recette de base est la même, juste agrémentée de judicieux ajouts ou corrections. L'épine dorsale de la musique de TPE reste résolument l'opposition vocale entre Jonna Enckell et Jörgen Sandström, bien servie par les alternances de plans angéliques ou violents. La voix de Sandström n'a pas bougé : toujours aussi effrayante quand il commence à agraver son growl (c'est lui le «Caveman», ne le cherchez pas ailleurs). Il passe d'une nuance black au pur death/doom, en passant par le grunt, tout en restant résolument grave et rocailleux, avec facilité et sans fioriture. La voix d'Enckell a quant à elle évolué, élargissant sa palette : au chant doux, elle a ajouté un chant volontaire, un chant plus energique ("Serenades Of..."), des râles érotiques ou encore des passages parlés-samplés ("Tear Down...").
Ajoutez à cela, comme sur le précédent opus, une pléthore de guest backing vocals et musiciens exterieurs pour passer quelques riffs ou soli, et on s'achemine doucettement vers un second Armageddon (ce qui ne serait pas du tout déplaisant, d'ailleurs)...Et bien pas tout-à-fait, car le groupe s'est ouvert à l'arrivée d'un vrai batteur en la personne de Daniel "Mojjo" Moilanen, tout droit sorti de Engel, l'autre projet du bassiste Michael Håkansson. Et bien qu'il soit discret, le changement est néanmoins perceptible, par un meilleur équilibre musical et un son plus tranchant. Tout ceci donne une somme de multiples plans différents par titre, qui forment un ensemble encore plus cohérent (merci Dan en passant, l'expérience de Crimson doit y être pour quelque chose) sur fond de riffs très puissants et incisifs, et bourrés de petits détails musicaux qui s'ajoutent ou se répondent pour atteindre un vrai sommet de fignolage (piano, violon, claviers en nappes, choeurs, superposition des guitares, variations de growl, touches de basses non couvertes).
Et la théorie de la crème glacée aux marrons glacés dans tout cela? Bien, essayons de la rendre claire : déjà, en soi, la glace aux marrons c'est assez excellent, mais sans bravoure bien qu'excellent. Imaginez qu'en plus, quelques morceaux de marrons glacés sont éparpillés et incrustés dedans et c'est encore mieux, d'autant que l'on peut détecter le «filon» avant d'y arriver grace à quelques brises de glaçage en guise de signe avant-coureur de bonheur. En fait, tous les titres de l'opus sont une telle glace : l'enveloppe musicale globale est de très haut niveau, et au milieu de cela apparaît un chemin innattendu qui mène à la jouissance. Des exemples ? Ce long cri haineux et ce passage au piano classieux et angoissant à la Carpenter sur "Annihilation Of...", ce passage angélique de Jonna sur "Crawling Through...", cette mise en avant du couple chœur satanique/basse sur "Serenades Of...", cette accélération sur le passage voix soft/harsh poursuivi de ce fabuleux break doom crescendo sur "For Our Name...", ce break de messe noire sur "Tear Down...", ce break trance sur "And Damnation Is..." et ce solo sur "The Innocence Of...." N'en jetez plus.
Le dernier bébé du «Projet de la Haine» est encore plus dense et léché que le précédent. Empli de plans de qualité égale, il est maîtrisé de bout en bout et aucun passage n'a été bâclé. On peut aller jusqu'à affirmer qu'il est meilleur qu'Armageddon. Pourquoi la même note alors? Parce que :
«You condemned me to this life
You left me to die
In ashes...
We find our way»
Vous avez compris?