CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13.5/20
LINE UP
-Nathan Leone
(chant)
-Mateo Camargo
(guitare)
-Matthew Leone
(basse)
-Daniel Torelli
(batterie)
TRACKLIST
1)The Auspice
2)Here I Stand
3)In Another Life
4)Adalia
5)House Of Cards
6)Now Or Never
7)Pandora
8)Stars
9)River People
10)One Last Kiss
11)Me Vs. The World
12)Morning Sadness
13)True Love
DISCOGRAPHIE
Roadrunner s'étend dans toutes les directions en ce moment : récupération de poids lourds (Dream Theater, Megadeth), consolidation du catalogue existant (Machine Head, Trivium), relance de groupes de second plan (Atreyu), mise en avant de supergroupes à stars (Divine Heresy, bientôt Cavalera Conspiracy)... ça ne chôme pas. Il ne manquait au label qu'un attrape-ados, un bon vieux groupe de pop-punk MTV histoire de ne pas laisser les teenagers à mèche de côté dans tout ça. Et comme on n'est pas sur un label de merde, on n'allait pas prendre un groupe de merde non plus...
Donc voici les Madina Lake et leurs tempos enlevés festifs, leurs harmonies de chant à la tierce, leurs mélodies de skaters acnéiques et leurs paroles axées sur le mal-être hormonal. Rien de repoussant ni d'enthousiasmant à première vue : le premier tiers de l'album a beau être bien dans la tradition (y compris dans le côté ultra policé et énergique du tout) on se prend à fredonner les mélodies, surtout que depuis le split de Blink 182 et le virage métal amorcé par Sum 41 les groupes de pop-punk putassiers ne courent plus tellement les rues. Et même si le brin d'originalité apporté par l'intro de samples ambiancés s'était retrouvé effacé par le classicisme des compos et des riffs, on s'était dit que tout ça allait être banal mais pas déplaisant. Quand soudain c'est le drame : Madina Lake se met à être original et inventif. Comme ça, d'un coup, sans prévenir. Putréfaction!
Le groupe a-t-il fait exprès de nous installer dans un état d'esprit blasé histoire de nous prendre par surprise ? On peut aussi considérer l'option d'une mise en confiance sournoise des fans du genre... Toujours est-il que "Adalia" marque le début d'une prise de risque incongrue de la part d'un groupe de pop-punk : hop, un break de piano mélancolique en plein milieu d'un couplet punk-rock mélodique ! Ça surprend vraiment, et l'intro electro de "House Of Cards" confirme tout ça... surtout vu que chant comme musique se mettent par la suite à brutalement titiller Muse. On se retrouve face à une quasi-hérésie : un chanteur de pop-punk utilisant son VIBRATO. Si, juré ! Et là où d'autres groupes se sont lamentalement plantés en tentant le mélange pop-punk / pop-rock (rappelons-nous de Boys Night Out et rions d'eux), chez Madina Lake ça passe.
Malheureusement le groupe se replonge ça et là dans une pop-punk dépourvue d'intérêt, ce qui abaisse l'intérêt du tout car c'est bien quand ils expérimentent qu'ils font mal. "Pandora" est de ce point de vue un modèle d'équilibre : le refrain estampillé djeunz à casquette et les couplets de rock mélodique se complètent tellement bien qu'on se dit que les chansons de pop-punk pure sont un réel gâchis. Tel est le problème de cet album : pour un "River People" presque trip-hop dans son approche on trouve un "Now Or Never" ou un "Here I Stand" sans relief aucun, énièmes variations sur le thème de la musique de fond d'American Pie. Pourtant quand Madina Lake marie les genres le résultat laisse entrevoir une idée folle également présente sur le dernier Blink : la pop-punk peut aussi être un terrain de création, un genre susceptible d'évoluer. Wow.
Plus un genre est formaté, plus il est facile de défricher de nouveaux horizons au sein dudit genre... et Madina Lake a presque su saisir sa chance. Presque seulement, à cause des compos sans ambition qui constituent la moitié de cet album. Mais quand un groupe de pop-punk réussit à projeter une image de vrai groupe composé de vrais musiciens dès son premier album c'est qu'il y a anguille sous roche, et les éclairs d'inspiration qui constellent cet opus sont réellement dignes d'intérêt. Attendons-les au tournant...