CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
11/20
LINE UP
-Nathan Leone
(chant)
-Mateo Camargo
(guitare)
-Matthew Leone
(basse)
-Daniel Torelli
(batterie)
TRACKLIST
1)Never Take Us Alive
2)Let's Get Outta Here
3)Legends
4)Criminals
5)Through the Pain
6)Never Walk Alone
7)Not for This World
8)Welcome to Oblivion
9)Silent Voices Kill
10)Statistics
11)Friends and Lovers
12)Lila, the Divine Game
DISCOGRAPHIE
Sous ses airs de machine de destruction massive braquée sur le public adolescent amateur de mèches, Madina Lake avait surpris son monde avec leur premier album From Us, Through Them, To You. Leur pop-punk juvénile était en effet bardée d'idées intéressantes et de digressions assez jouissives, pour un résultat à la fois fédérateur et intelligent. Ajoutez des prestations live hypervitaminées et vous obteniez un espoir sérieux... que Attics To Eden a la lourde charge de confirmer.
On savait le groupe fan de pop-rock, cette influence sur une base pop-punk étant un des principaux éléments qui rendaient l'album précédent intéressant. Cette composante prend le premier plan sur Attics To Eden, devenant la nouvelle base... tout ça n'est plus de la musique de skaters boutonneux ! Le son reste un peu plus musclé que la normale mais on ne peut pas s'y tromper : finis les tempos énervés à la "Here I Stand", bonjour les refrains sucrés de "Through the Pain" qui ressemblent à du U2... ou plutôt au Linkin Park de "Shadow of the Day", celui qui pompe U2 mais sonne plus moderne. Le groupe n'a pas complètement laissé tomber la gouache, mais même quand il tente d'envoyer le bois l'impact est moindre : le pattern de batterie débridé de "Never Walk Alone" ne réussit pas à faire décoller la compo, malgré le son explosif et triggé à mort alloué à l'instrument. En fait on ne compte qu'un seul passage rappelant franchement le passé glorieux du groupe : l'accélération de "Not for This World". Et soudainement ça cogne, car c'est l'exercice où Madina Lake est de loin le plus doué. Nathan Leone se permet même une pointe de chant agressif sur un passage, et avec succès.
Sorti de ces moments précis Attics To Eden se révèle assez mou du genou, ce qui pousse l'auditeur à rechercher l'intérêt dans les mélodies, les ambiances et l'originalité du tout. Et c'est bien là que le bât blesse, car on ne peut pas écouter un bon tiers des chansons de cet album sans se dire que Matthew Bellamy a décidément fait beaucoup de mal à la scène. L'influence de Muse est énorme, écrasante, et pèse sur certaines compos d'une façon incroyable. Ca commence avec les couplets de "Let's Get Outta Here" et leurs deux accords si reconnaissables, c'est perceptible sur certains plans de "Not for This World" dans l'utilisation de sons proches de "Bliss"... et ça explose littéralement sur "Legends", à un point douloureux. Cette chanson est une repompe stylistique éhontée de "Time Is Running Out" : heureusement que le refrain s'éloigne franchement du style, sinon ils étaient bons pour le procès. L'influence du Linkin Park soft déjà citée est également très présente dans "Friends & Lovers", toute en claviers, en ambiances soft et en ennui mortel. Influence moins prévisible, l'intro de "Silent Voices Kill" fait furieusement penser à Babylon Zoo (mais si, vous savez, « Spaaacemaaaaan »....) avant de partir sur des terres plus rock.
Tout ça n'est donc pas très encourageant, et fort heureusement Attics To Eden évite le crash grâce à quelques points forts indéniables. Le premier est une utilisation extrêmement judicieuse d'éléments electro parfaitement intégrés. L'autre est le chant de Nathan Leone, impeccable du début à la fin de l'album. Toujours très juste, puissant par moments, chargé d'émotion, maîtrisé au quart de poil, c'est un sacré atout. Il y a aussi ces passages entraînants qui viennent contraster avec l'impression de soupe ambiante, comme les couplets énergiques et inventifs de "Statistics" (le refrain est raté par contre, dommage) ou le début de "Not for This World" dont les arpèges en clair donnent la même impression de sérénité que le "Coast" de Devin Townsend. Au rayon des succès on compte "Welcome to Oblivion", fusion des pop-rock US et anglaises dont le refrain s'incruste dans le crâne dès la première écoute. Mais sorti de ces maigres compensations, Attics To Eden est tout de même une belle déception. En inversant composantes principales et secondaires Madina Lake est passé du statut de groupe pop-punk prometteur à celui de groupe pop-rock fadasse, et nous livre un opus sans tubes mais également sans réel souffle artistique. Mal joué.
On ne pourra pas accuser le groupe de faire du sur-place tant le style a évolué entre le premier et le deuxième album, mais l'évolution en question n'est pas vraiment heureuse. Les Madina Lake s'en sortaient beaucoup mieux quand ils étaient un groupe à djeunz, et on espère qu'il sauront rectifier le tir car tout ça est bien décevant.