Ca vous tente quanrante minutes de death? C’est sûr que dit comme ça, on peut être suspicieux vis-à-vis de la proposition. Il faut donc développer un piti peu plus. Disons qu'Edge of Sanity fait partie de ce courant que l'on appelle death mélodique. Crimson, l’album est aussi une chanson. Unique. Vous aurez alors compris que les quanrante minutes de death dont on parlait au début sont indivisibles. Il n’y a qu’une seule chanson pour vous abreuver en musique sur cet album. Déjà on voit les moins téméraires se réfugier au fond de la salle. Et ceux qui n’aiment que le death dans sa définition floridienne sont quasiment on their way back home. Et pourtant.
Et pourtant ils ne devraient pas. Qui ça donc? Tous ceux qui ont des velléités de départ. Les moins téméraires tout d’abord car il faut qu’ils sachent que les mélodies et la qualité de la composition en général sauront les retenir pour passer un moment indivisible finalement presque court. Et puis les deatheux floridiens. Ils ont lu "mélodique" et voulaient partir. Remarquez, je ne leur jetterai pas la pierre, le death mélodique est bien éloigné de leurs canons. Mais ce serait oublier que ce Crimson possède un son de gratte bien gras et finalement bien proche du "vrai" death. Et oublier aussi que le chant est caverneux comme il se doit. L’ours en colère est là est bien là. Point de criardise. Et en plus il y a des blast-beats. Le niveau de "deathitude" est finalement bien plus grand que prévu sur cet album. En résumé, de quoi attirer les chalands de passage et les traditionalistes. Pas mal non?
Ceci fait, penchons-nous sur la musique à proprement parler maintenant. L’air de rien, elle dépote pas mal, et pas que des plantes. Sérieusement, ce disque est d’une richesse assez extraordinaire dans son genre. Guitare sèche, soli limite néo-classiques, voix claire, riffs sortis de nulle part, claviers etc. Je continue ou vous avez compris que vous ne ferez pas le tour de cet album en une écoute? Bien au contraire, cette galette est de la race de celle qui ne se dévoile qu’au fil des écoutes. L’attention est nécessaire et il faut faire l’effort de se plonger entièrement dans la musique, mais la récompense est au bout. J’ai dû attendre la troisième écoute pour commencer à l’apprécier férocement et entendre se dévoiler les subtilités masquées par la consistance de la composition. Car ce ne sont pas les déluges de notes qui vous noieront ici mais plutôt les changements de rythme incessants et cette richesse musicale hors norme. Voilà comment Dan Swanö arrive à tenir l’auditeur en haleine durant ces quanrante minutes de death, il varie considérablement sa musique et ses effets. Et comme le tout tient incroyablement bien la route, on en redemande toujours.
Tant mieux car sur quanrante minutes on a largement le temps d’en prendre plein les tympans. Et puis comme pour donner un fil conducteur, des repères pour ne pas nous perdre, Edge Of Sanity reprend le thème principal plusieurs fois au cours de la chanson. Les garde-fous sont là, on ne vous lâche pas entièrement seuls dans les méandres de cette composition sans fin. C’est tant mieux car ça nous permet de garder le contact lors des premières écoutes et ensuite on trouve ça bien bon. En fait la seule faute de goût vient de la fin, trop abrupte à mon goût. Dommage de finir sur une fausse note. Cela n’empêche pas que cet album est relativement complètement indispensable pour tout amateur de death mélodique, de death, de musique extrême, de metal original ou tout bêtement de chanson longue voire même de prog bien monté. Bref ça couvre du monde et ce Crimson le mérite largement car le pari était loin d’être gagné. Comment faire tenir la route une chanson de death de quanrante minutes? Redoutable question à laquelle la réponse est finalement étonnamment simple: écoutez ce disque.
Donc donc? Il y a du lard et du cochon ici, vous l’aurez compris. Surtout une richesse, et pas forcément une complexité, nuance, incroyable qui vous émerveillera à tous les instants (ou presque). La variété des riffs, des ambiances et des arrangements saura convaincre les plus réticents. Finalement, le plus étonnant dans tout ça, c’est que les quanrante minutes passent à toute allure. Alors, ça vous tente finalement, non?