CHRONIQUE PAR ...
Joe Le Hareng
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
16/20
LINE UP
-Magnus Pelander
(chant+guitare)
-John Hoyles
(guitare)
-Ola Hendriksson
(basse)
-Fredrik Jansson
(batterie)
TRACKLIST
1)Walk Between The Lines
2)If Crimson Was A Colour
3)Leva
4)Hey Doctor
5)Samaritan Burden
6)Remembered
7)The Alchemist
DISCOGRAPHIE
Mais que se passe-t-il dans la tête des suédois de Witchcraft ? Là où leurs compatriotes nous ont habitués au black et autre speed metal, les petits gars nous balancent un bon gros rock zeppelinien à la sauce stoner ! Troisième album du combo, «The Alchemist» est une belle surprise de fin d’année qui ravira les amateurs de rock triste et de belles ballades dans les forêts suédoises.
Quel brusque retour dans le passé dès les premières notes ! De la voix du chanteur au son de batterie en passant par les guitares qui fleurent bon l’ampli à lampes de papa, Witchcraft met l’accent sur le côté résolument seventies de leur musique. Délivrant un stoner rock mélancolique agrémenté ça et là de folk, le combo a bien révisé ses classiques et il devient dur de ne pas évoquer les Doors ou Black Sabbath à l’écoute de l’album. Il faut bien dire que Magnus Pelander, le chanteur/guitariste, s’y entend pour faire vibrer ses textes : son incroyable timbre vocal transcende ses lignes en complaintes mélancoliques qui collent à la perfection aux mélodies du combo. Une batterie simple mais efficace et une basse qui gronde à l’arrière-plan forment le canevas idéal pour les plans des deux guitaristes : ces derniers, particulièrement mis en avant par la production, délivrent quantités de bons riffs, tantôt enjoués et galopants, tantôt lourds et hypnotiques, ponctués de soli inspirés qui sentent l’impro de fin de repet’.
L’opus s'ouvre sur "Walk Between The Lines" et "If Crimson Was A Colour", deux titres d’une efficacité redoutable dans la plus pure tradition du rock n'roll. Pêchus et bien foutus, ils forment une entrée en matière idéale pour attaquer les morceaux plus sombres. À commencer par "Hey Doctor", superbe ode à la maladie et à la tristesse, nantie d’un riff particulièrement bien senti (qui n’est pas sans rappeler les grandes heures des Queens Of The Stone Age) et un break qui emballe les chevaux pour un final rageur. "Samaritan Burden", formidable morceau à tiroirs, représente à lui seul l’album : introduction groovy, couplet lourd et sombre à souhait, break jouissif et final acoustico-folklorique des plus réussis. Passons la très anecdotique "Leva", qui malgré son chant en suédois sympathique manque cruellement d’originalité et traîne en longueur, ainsi que sur "Remembered" qui présente de bonnes idées mais manque un peu de magie. De magie, le triptyque "The Alchemist" n’en manque pas. Mélangeant gros riffs, passages acoustiques, ambiances forestières et final groovy d’anthologie, le morceau rappelle les thèmes musicaux abordés dans les autres titres et clôt de façon naturelle l’album des Suédois.
Avec The Alchemist, Witchcraft semble avoir trouvé la bonne recette : l’album est triste sans être pesant, accessible sans être simpliste. Alternant les envolées rock ‘n’ roll et les passages doomisants, les Suédois nous proposent une jolie ballade au pays de la mélancolie où les riffs bluesy côtoient les mélodies nostalgiques.