CHRONIQUE PAR ...
Wrathchild
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Magnus Pelander
(chant)
-Simon Salomon
(guitare)
-Tom Jondelius
(guitare)
-Ola Henriksson
(basse)
-Oscar Johansson
(batterie)
TRACKLIST
1) Deconstruction
2) Flag Of Fate
3) It's Not Because Of You
4) An Alternative To Freedom
5) Ghosts House
6) White Light Suicide
7) Democracy
8) Dystopia
9) Dead End
DISCOGRAPHIE
Les histoires et trajectoires des deux groupes Graveyard et Witchcraft sont intimement liées. Depuis la création du groupe Norrsken jusqu'à maintenant, avec la sortie de Legend sur le puissant label Nuclear Blast, repaire de Graveyard depuis Hisingen Blues. Venant de la même ville, Örebro, ils semblent être les Rolling Stones des Beatles, le yin de tout yang, ou tout simplement, une autre version d'un rock penchant vers un son psychédélique des années 70 qu'ils s'injectent sans relâche.
Les comparaisons entre les deux groupes sont justifiables. Et pourtant, les différences entre eux sont bien là. A la fois plus metal et moins métallique que Graveyard, plus evil et moins malsain, les expériences sont parallèles. A comprendre, un trip vers un rock intelligent, bercé dans un son très seventies. Plusieurs changements chez ce Witchcraft version 2012 puisque Magnus se concentre à 100% sur le chant, et que le bassiste est le seul survivant depuis le précédent album. Là où Graveyard montrait clairement son amour pour un rock axé ricain et inspiré du blues, Witchcraft sonne quant à lui beaucoup plus anglais.
Ce côté so British est bien là, dès l'entrée en matière qui est "Deconstruction" et qui nous renvoie à un passé métallurgique du côté de Birmingham. Les deux géants Judas Priest et Black Sabbath s'échangent des mots, avec le Priest prenant responsabilité du riff principal et la bande à Iommi s'occupant du break. La bande de ce dernier ajoute une lourdeur au refrain de "White Light Suicide" - le break rappelle d'ailleurs le chant si particulier de ce bon vieux Ozzy. "Ghosts House" rappelle ce blues-rock psyché 100% britannique de la fin des années soixantes avec son association riffs / mélodies légèrement planante, agrémentée d'une note prog'. Un certain vernissage pop transforme "It's Not Because Of You" en petite perle avec son rythme stop-and-go. Brûlot assuré et certifié.
Mais derrière ce visage d'enfant sage se cache aussi une facette plus malsaine et lugubre. Ressemblant au personnage central de Eyes Wide Shut et ses aspirations perverses, Witchcraft nous entraine vers des horizons noires pleines d'un certain mal omniprésent. Les sonorités de "Dead End" qui évoquent Mercyful Fate, tout comme le chant aérien, hypnotique et possédé sur "White Light Suicide." Ou bien cette invitation au voyage vers le sud des États-Unis pour "An Alternative To Freedom." Mais ce n'est pas un voyage de noces qui s'annonce - ou alors celles-ci seront plutôt noires. Le titre nous emmène le long de ces bayous sinueux remplis de créatures rampantes non amicales au son de cette slide glissante et saturée. L'ambiance se fait oppressante - on sent le Mal se cachant derrière les mousses espagnoles prêt à se jeter sur l'auditeur - par le biais d'un blues obsessant.
Avec Legend, Witchcraft assume ses capacités, sa maturité, son savoir-faire et son talent à créér un rock varié, intéressant et intelligent. Ils sont tout à fait certains de leur direction. Malheureux seront ceux qui auront la mauvaise idée de les ignorer car ils passeront à côté d'un moment jouissif.