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CHRONIQUE PAR ...

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Djentleman
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 17/20

LINE UP

-Reiner Landfermann
(chant)

-Klaus Matton
(guitare)

-Jürgen Barsch
(basse)

-Chris Steinhoff
(batterie)

TRACKLIST

1) Schatten Aus Der Alexander Welt
2) Die Anarchiche Befreiung Der Augenzeugenreligion
3) Aphel - Die Schwarze Schlange
4) Verheissung - Du Krone Des Todeskultes
5) Verschleierte Irreligiosität
6) Tagebuch Einer Totgeburt
7) Dorn Meiner Allmacht


DISCOGRAPHIE

Dark Metal (1994)
Dictius Te Necare (1996)
Bethlehem (2016)

Bethlehem - Dictius Te Necare
(1996) - black metal dark metal à tendance dépressive - Label : Red Stream



Quoi ? Djentleman qui chronique du black ? Aurait-il vendu son âme au diable ? Ah ça y est j’ai compris, c’est un jeu de rôle parmi les chroniqueurs des Eternoz ! Donc si j’ai bien suivi, Winter va chroniquer le dernier Thy Art Is Murder et Dickie le dernier Kataklysm! Non ? VRAIMENT ?

Oui, vraiment. A des années-lumière du Djent et du Core, dans les forêts du nord de l’Europe, existent des styles beaucoup plus ténébreux, comme le black metal. Et pourtant ce n’est pas en Suède ou en Norvège que ce groupe a été déniché, mais un poil plus au Sud, dans le pays du thrash, de l’industriel et du metalcore : l’Allemagne. Le black rebute nombre de personnes par sa violence, son côté cru, noir, sombre, haineux. Mais tout cela a un avantage non-négligeable : l’authenticité. C’est le maître mot du black metal dépressif. L’extrême de l’extrême. Pourtant, avant 1996, et ce Dictius Te Necare, Bethlehem ne pratiquait pas ce style. Pour preuve, son opus précédent s’appelait sobrement… Dark Metal. Un revirement de situation total ou partiel qui s’accompagne d’un changement de chanteur. Exit Andreas Classen, Willkommen Reiner Landfermann. Et c’est en lui que réside tout le secret et l’intérêt de cet album. C’est lui-même qui fait de ce deuxième skeud un OVNI total dans la discographie des Allemands et un chef d’œuvre sans nom qui traversera les temps du black metal pour les décennies à venir. Au même titre qu’un Filosofem de Burzum, un De Mysteriis Dom Sathanas de Mayhem, ou un Under A Funeral Moon de Darkthrone. Le pire c’est que Landfermann ne restera que le temps de cet album et s’en ira juste après. Ou comment se retirer après le sentiment d’une satisfaction et d’un travail propre et sans bavure.
Tout d’abord, il est extrêmement important de préciser qu’on a devant nous, un album-hommage. Dictius Te Necare (dont la signification en latin est « Vous devez vous suicider ») a été écrit dans un but d’exutoire, tout comme le groupe Bethlehem en lui-même. Contre quoi ? Revenons un instant sur l’histoire d'un groupe qui n’aurait peut-être pas existé sans les évènements tragiques qu’ont connus les deux gratteux Matton et Bartsch, les deux membres fondateurs. Accrochez-vous. Le père de Matton s’est tout d’abord suicidé par pendaison, avant que sa mère ne meurt, peu de temps après, d’un cancer. En ce qui concerne Bartsch, hormis le fait qu’il ait perdu une bonne majorité de ses amis, dont dix de ses meilleurs amis, en raison de suicides, il a également du décrocher sa petite amie enceinte des vêtements qui lui ont servi à se pendre. Tout cela l’a – et ça peut se comprendre – rendu addictif aux drogues et il a néanmoins réussi à remonter la pente petit à petit, notamment par le biais ce de projet musical dans lequel les membres peuvent déverser tous les sentiments négatifs qui les entravaient. Ai-je précisé que l’ancien chanteur s’est également suicidé après avoir été éjecté du groupe ? C’est donc dans un contexte assez délicat et sombre que cet opus voit le jour et c’est toute cette atmosphère que le groupe tenter de retranscrire à travers celui-ci. Et pour cet exorcisme, la recette est assez « simple ».
Elle est même évidente, l’élément principal étant, sans aucun conteste possible, la voix du nouvel arrivant, Reiner Landfermann. Une voix ? Que dis-je, c’est un euphémisme ! A l’image d’un Nattramn de Silencer, ou d’un Graph Von Baphomet de Psychonaut 4, on dirait que Reiner éructe sous la torture. Sa voix rauque, cassée, éraillée, ébréchée prend atrocement à la gorge et nous transperce littéralement. Il nous en fait d’ailleurs part dès les premières millisecondes du disque ("Schatten Aus Der Alexander Welt"). Premiers sursauts, premières frayeurs. Si vous n’êtes pas préparés, le choc risque d’être violent. Tantôt le vocaliste gémit, tantôt il est à la limite des pleurs ("Tagebuch Einer Totgeburt"), tantôt on se croirait enfermé avec lui dans un cachot lointain ("Verheißung - Du Krone Des Todeskultes"). Mais n’allez pas croire que son registre s’arrête là. Il sait aussi adopter une voix plus grave par moments ("Schatten Aus Der Alexander Welt"). A vrai dire, on ne peut guère qualifier sa performance de « chant », puisqu’il n’y a pas de véritable intonation dans ce qu’il scande. On a plus à faire à un dialogue à voix haute avec l’auditeur et l’on assiste même parfois à des chuchotements (fin de "Verheißung - Du Krone Des Todeskultes"). Une chose est sûre, et incontestable : l’allemand est la meilleure langue pour un album de cette trempe. La langue de Goethe sied à merveille tant elle allie brutalité et dureté. Même pour les non-germanophiles, il n’est pas difficile de comprendre et ressentir le message que veulent faire passer les Teutons.
Ce n’est donc pas une grande surprise de découvrir que les paroles sont hantées par la mort. L’abordant sous pas mal d’aspects, comme dans "Tagebuch Einer Totgeburt" qui est sûrement une référence et un hommage à l’ancienne petite amie de Bartsch, on découvre également des pensées nihilistes sur "Verheißung - Du Krone Des Todeskultes" et des thèmes volontairement plus mystérieux et ésotériques sur une grande partie de l’album. La chanson d’ouverture est un bon exemple de la folie dont le groupe est victime. « Der Alexander Welt » ne représenterait ni plus ni moins que le subconscient de Bartsch. La chanson serait donc quant à elle, un récit à la troisième personne de ce dernier. . .  Et dans toute cette démence, surgit le bijou envoûtant et malsain. La chanson complètement à part, qui justifie à elle seule l’écoute de cet album. "Tagebuch Einer Totgeburt" commence par un petit riff mélancolique à souhait. Puis se fait entendre la voix stridente, perçant nos tympans et prenant aux tripes, au cœur, aux intestins et au cerveau. Après avoir joué l’alternance entre moments calmes, pendant lesquels on ressent une multitude d’émotions, et des moments plus rapides qui nous malmènent, la fin nous envoie dans les profondeurs et les tréfonds de l’âme la plus noire. Comme une drogue, on devient irrémédiablement accro à ce noir délice et on en redemande, car on ne se peut se délecter suffisamment des sensations que procure cette sombre pièce. Inimitable.
En revanche du côté de l’imitation, on sent quelques influences. Et pas des moindres ! Les précurseurs du genre dark metal, Dissection et leur album The Somberlain, ont dû bercer quelques sombres nuits des membres du groupe ! Tout comme Varg Vikernes et son époque Det Som En Gang Var que l’on perçoit bien dans "Dorn Meiner Allmacht" et "Die Anarchische Befreiung Der Augenzeugenreligion" et dans leurs passages un peu plus lents et planants, à la limite du doom. Tiens d’ailleurs, le style si cher à notre ami Droom est omniprésent dans la dernière citée et ses neuf minutes. Associé à des samples de remous de marée, l’indolence des guitares vous emportera dans un monde assez malsain, tout comme les arpèges et le riff final de "Aphel - Die Schwarze Schlange" qui suscite une ambiance désenchantée. "Dorn Meiner Allmacht" balance même des tempos associables à une marche militaire. Ou plutôt une lente marche funeste. C’est pourquoi la présence de claviers est un plus non-négligeable ! Aussi bien sous la forme d’un piano lancinant que d’un synthétiseur type orgue majestueux ("Verschleierte Irreligiosität", "Dorn Meiner Allmacht"), il sera d’un grand effet sur vous. C’est ce qui participe activement au côté déprimant, triste et ensorcelant du groupe. Côté que l’on peut appeler « dark » et qui n’est pas forcément lié à la musique en elle-même, mais à l’ambiance dégagé par le disque.
A côté de ça, on trouve bien évidemment le côté « black ». Le côté qui délivre avec plaisir des riffs diaboliques, tout droit sortis du Tartare ! Le titre étiqueté le plus black de l’album est sans aucun doute le très rapide "Verschleierte Irreligiosität", qui est loin d’être excellent, mais la piste d’ouverture ainsi que "Aphel - Die Schwarze Schlange" ne sont pas en reste. Parfois, la recette est assez élémentaire pour suffire à nous entrainer, comme en témoignent les riffs plus que simples de "Verheißung - Du Krone Des Todeskultes". Et oui, les artistes black n’ont pas besoin de posséder une grosse qualité technique pour nous conquérir. Et surtout, ils ont encore moins besoin de jouir d’une qualité de production hors-norme. C’est même tout l’inverse. Dans Dictius Te Necare, le son est ultra typé old-school (normal me direz-vous pour un album d’une vingtaine d’années déjà). Cette sonorité un minimum crasseuse avec ces quelques grésillements de guitares. Volontairement impropre, il nous enfouit dans un bourbier dont on a du mal à s’extirper. Et heureusement, car c’est tout l’ambiguité de cet album et de ce type de metal. On a envie de sombrer avec les compositeurs, pour ressentir au mieux leur travail. Travail de libération en soi, mais qui peut vous faire basculer dans une profonde psychose et dépression dans une mauvaise période de votre vie. A consommer avec modération donc, mais avec délectation. Un peu comme un rhum, trente ans d’âge.


Dictius Te Necare est clairement à rapprocher de Death – Pierce Me de Silencer et Dipsomania de Psychonaut 4 au niveau de l’émotion procurée par la voix. Bien sûr, les deux formations citées se sont forcément inspirées des Allemands car, avec cet album, ceux-ci viennent  de s’inscrire dans la durée et de marquer le genre du black dépressif. Comme quoi, il n’y a pas que le djent dans la vie.



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