CHRONIQUE PAR ...
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
12/20
LINE UP
-J.D. Cronise
(chant+guitare)
-Kyle Shutt
(guitare)
-Bryan Richie
(basse)
-Santiago Vela III
(batterie)
TRACKLIST
1) Unicorn Farm
2) Empty Temples
3) High Country
4) Tears Like Diamonds
5) Mist and Shadow
6) Agartha
7) Seriously Mysterious
8) Suffer No Fools
9) Early Snow
10) The Dreamthieves
11) Buzzards
12) Silver Petals
13) Ghost Eye
14) Turned to Dust
15) The Bees of Spring
DISCOGRAPHIE
Nous avons tous connu des personnes acariâtres qui, du jour au lendemain, nous saluent avec un grand sourire ; des collègues ronchons qui tout d’un coup se décoincent et passent de se vêtir comme un sordide clerc de notaire vieux garçon élevé à grands coups de triques et de morale rigide, à arborer une crinière du plus bel effet et des vêtements à la dernière mode. En général, ce changement de comportement se doit, si l’on écoute les mauvaises langues, à une intensification significative du nombre de rapports sexuels annuels. De là à prétendre que les gars de The Sword connaissent un regain d’activité sur ce plan-là, ça serait aller bien trop loin et, comme diraient Les Inconnus, cela ne nous regarde pas. Néanmoins, force est de constater que High Country est un album décontracté…
… à défaut d’être pleinement réussi. Bon, de toute façon, plantons le décor, surtout pour ceux qui ne connaissent pas le groupe : The Sword n’a jamais joué la musique la plus sombre de la planète rock, ni même de la sous-planète (si, si, la sous-planète) stoner. Le groupe n’a jamais respiré le vice comme Electric Wizard, mais Age of Mois, leur premier méfait, possédait tout de même une bonne dose de rage froide, tandis que leur œuvre précédente, entièrement vouée au culte du Sabbat Noir, ne peut pas non plus être considérée comme le digne successeur de Jardin d’Enfants des cultissimes Début de Soirée. Bref, leur musique était suffisamment méchante/sérieuse/pas gentille (au choix) pour qu’on note le changement opéré sur High Country. Un changement qui n’est pas une vraie révolution, l’amour porté à Ozzy Osbourne et Tonny Iommi n’ayant pas disparu pour autant, il suffit d’écouter "Tears Like Diamonds" (le meilleur de l’album !) ou "Buzzards" pour s’en convaincre, mais un changement tout de même. Tel Nicolas Sarkozy pratiquant une politique « d’ouverture » (sans jugement de valeur hein, pour ça on a le forum) au début de son quinquennat, The Sword procède à un élargissement de sa palette vers des contrées plus hard-rock, ou tout bêtement plus rock 70s ("Suffer No Fools", "The Bees of Spring"), voire rythm’n’blues sur "Mist & Shadow". Le tout confère à l’ensemble un aspect bien plus chaleureux qu’avant, on s’en doute.
En cela, la démarche est assez sympathique pour qui est prêt à arrêter deux secondes de faire la tronche. L’effet escompté fonctionne d’ailleurs parfaitement sur un titre comme "Early Snow" où les cuivres finaux viennent enrichir un morceau très bien construit, ou sur le joli instrumental "Suffer No Fools", deux pistes qui constituent, au même titre que les chansons de type plus classique, les points forts de l’œuvre. Hélas, tout n’est pas si rose sur High Country. Une chose est de détendre l’ambiance, une autre est de proposer des phrasés de guitare tirés de "Gonna Go My Way" de Lenny Kravitz, comme sur "Empty Temples", ou de nous enduire de mélasse avec le début de "The Dreamthieves", où les chœurs à la Kiss époque Dynasty, ne fonctionnent pas vraiment. Question de goûts ? Sans doute. Deuxième doléance : les compos. "Seriously Mysterious" aurait certainement été Ze hit de l’album si les artistes avaient pris le soin de le finir. Pareil pour "Turned to Dust" : on a l’horrible sensation que les musicos ne savent pas comment terminer le morceau et appuient sur le bouton « off ». On a fait mieux pour clore un titre. Troisième et dernière carence : la structuration de l’album. L’enchaînement "Agartha" (instrumental), "Seriously Mysterious" (morceau incomplet), "Suffer No Fools" (re-instrumental) coupe complètement le rythme de l’opus, lequel souffre également d’une fin bien mollassonne ("Ghost Eye" et suivants). De quoi nous laisser sur notre faim.
Conclusion : High Country est un album sympa et qui possède de bons titres, mais qui laisse une sensation de travail disparate, ni fait ni à faire, tant à cause d’une ouverture musicale parfois judicieuse mais pas toujours à propos, que par certaines lacunes de composition et de structuration. C’est dommage, l’idée initiale était très intéressante. De là à suggérer aux musiciens de revenir à une vie plus chaste…