CHRONIQUE PAR ...
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-J.D. Cronise
(chant+guiatre)
-Kyle Shutt
(guitare)
-Bryan Richie
(basse)
-Santiago Vela III
(batterie)
TRACKLIST
1) The Veil of Isis
2) Cloak of Feathers
3) Arcane Montane
4) The Hidden Masters
5) Dying Earth
6) Execrator
7) Seven Sisters
8) Hawks and Serpents
9) Eyes of the Stormwitch
10) Apocryphon
DISCOGRAPHIE
« - Et toi tes groupes préférés c'est quoi ?
- Euh… Black Sabbath.
- Ah bien… et à part ça ?
- Ben… Black Sabbath.
- Oui mais je veux dire… avec toutes les nouvelles tendances, les nouveaux sous-genres, il n’y a pas d’autres groupes qui…
- Non, non. Moi, c’est Black Sabbath. »
The Sword c’est un peu l’équivalent du gars qui demande sa « crêpe au suc’ » dans Les Bronzés Font du Ski. Simplement, eux c’est pas les crêpes, c’est… enfin oui , vous avez compris.
Et les obsessions ça a tendance à empirer avec l’âge. Si les deux premiers albums des Texans étaient déjà clairement influencés par le Sabbat Noir, ils étaient quand même truffés de passages qui tabassaient avec une puissance supérieure à celle des fondateurs du heavy-metal. L’album antérieur, Warp Riders, avait tendance à nous montrer L’Epée sous un visage assagi, mais là, avec Apocryphon, nous avons le droit à une spectaculaire remontée dans le temps, pour être exact au beau milieu des 70's, au moment où le hard rock de certains groupes commence à se muer en métal. Les énormes riffs, accompagnés de la batterie de plomb que l’on trouvait à profusion sur Age of Winters, sont maintenant délivrés à dose presque homéopathique : on en trouve un peu sur "Dying Earth", un peu sur "Apocryphon" et seul le puissant mais basique "Execrator" fait honneur à son nom digne d’un groupe de thrash. Pour le reste, le dernier album de The Sword est composés de morceaux sages et simples, à la production certes un peu plus puissante que celles de la fin des 70's, mais pas tant que ça non plus.
Apocryphon est-il donc une déception ? Non. Assagi ne veut pas dire mauvais. Si l’album ne propose pas de moments à haute tension où l’on a envie de secouer la tête dans tous les sens et hurler comme les Loups d’Hiver, toutes les compositions possèdent des mélodies simples mais efficaces. The Sword adopte un style plus posé, mais il n’y a aucun temps faible à déplorer. Que ce soit "Cloak of Feathers" qui reprend l’aposiopèse guitaristique d’un "War Pigs" (à savoir alternance entre gros riff et silences), les riffs typiques du groupe de "Arcane Montane" ou le doomy "The Hidden Masters", les gars démontrent que ce n’est pas la peine de jouer fort pour jouer juste. Les artistes poussent même le vice jusqu’à composer deux titres qu’on aurait très bien pu trouver sur un album d’Ozzy sans hausser les sourcils ("Hawks & Serpents" et surtout "Eyes of the Stormwitch" qui n’aurait pas dépareillé sur No Rest for the Wicked par exemple). Si l’on ajoute à ces titres, la puissance déjà évoquée de "Dying Earth", "Execrator" ou "Apocryhon", on se retrouve en fin de compte avec une œuvre aussi solide qu’une armoire normande. Les fioritures et la modernité, ça sera pour une autre fois.
Apocryphon est à The Sword ce que Shades of God est à Paradise Lost : une œuvre dépouillée, sans rien de très flashy à proposer et pourtant franchement bien faite. Totalement à la gloire du Sab' période Ozzy, il déboussolera certainement les amateurs d’un metal outré ou bastonneur, mais cela n'enlève rien à sa qualité. Les Texans jouent un peu moins fort que durant leurs premières années mais sont quand même les auteurs d’un album plein que l’on pressent fait pour résister aux méfaits du temps. Apocryphon devrait pouvoir être une valeur refuge pour tous les vieux et moins vieux metalleux lassés des expérimentations hasardeuse, courses au modernisme et autres remix metalliques douteux de variété française tentés par certains.