Cryptopsy -
The Book Of Suffering - Tome 1 (EP)
Mon dieu ! S'il y a une chose que je n'attendais pas du tout, c'est bien cet EP ! Étant un grand fan de None So Vile, aka le meilleur album de death brutal à tendance technique de tous les temps, j'ai bien été déçu par la tournure prise par le groupe. Bon, il faut dire que le line-up n'est pas un modèle de constance, car seul le poste de batteur est resté inchangé depuis 1992, où Flo Mounier officie en sa fonction d'humanoïde surexcité traiteur de tambour. Mais ceci n'excuse aucunement les différents flops produits par le groupe, leur virage deathcore incontrôlé avec The Unspoken King en tête, ainsi que leur faux retour au brutal death avec un S/T au potentiel indéniable, mais très loin du niveau affiché par le passé.
Cette fois, les circonstances ont un peu changé. D'abord, le quatuor a décidé de ne pas se lier aux contraintes d'un label quelconque : ainsi, en étant indépendants, ils peuvent sortir ce qu'ils veulent, quand ils veulent, où ils veulent. Puis, pas d'album « cette fois on va revenir au son qu'on jouait avant », mais plutôt une série de modestes EP, sans grande prétention, ce qui enlève une assez grosse pression aux différents membres. Aussi, le guitariste des touts débuts, Jon Levasseur, est parti encore une fois, au plus grand dam des fans, alors que le nouveau venu, Olivier Pinard qui avait laissé une bonne impression sur Cryptopsy, reste (le premier qui fait une blague alcoolisée subira un cri de Lord Worm en plein dans les tympans). Avec ces conditions réunies, avec la hargne et la volonté de bien faire évidentes de Flo Mounier, on peut espérer un retour gagnant non ? Contre toute attente, la réponse est OUI ! Saint Cryptopsy est de retour ! Champagne ! Pinard même, si je puis me permettre !
Dès le début de l'album, on sent qu'on tient une petite perle avec cette voix off sortie tout droit du début de None So Vile, suivie d'une pluie de cris et de percussions qui fera chavirer les nostalgiques aux rives de l'extase. Le premier morceau, "Detritus (The One They Kept)", est d'ailleurs le plus proche du vieux Cryptopsy parmi les quatre proposés, avec ses changements de rythme incessants, son jeu de guitare très technique, ses interludes de basse placées aux moments les plus improbables, ainsi que le son de batterie à la limite du surhumain. On constate néanmoins l'effet encore présent qu'ont eu les récents albums sur la musique du groupe, surtout au niveau du chant qui, même s'il reste aussi incompréhensible que celui du Seigneur Ver, lorgne plutôt vers un chant deathcore, assez proche que ce qu'on peut entendre chez Oceano pour ne citer qu'eux.
Les canadiens ne lésinent pas sur les moyens pour pousser la brutalité de leur musique à son extrême, c'est évident. Entre le tempo assez haut des quatre morceaux, le chant très agressif, ainsi que le travail énorme du batteur (surtout sur la deuxième piste), le cahier de charges est bien rempli. Mais on peut tout de même écouter des restes de leur période deathcore, surtout sur le dernier titre où le groupe a cherché à contenter les rares fans qui ont connu leur musique à travers cette période. Le riffing est d'ailleurs assez mélodique (dans le mauvais sens du terme) sur celui-ci, ce qui brise un peu la continuité de l'album et casse le rythme frénétique imposé. C'est justement là qu'on constate que « c'était mieux avant », car "Phobophile" était l'une des pistes les plus mélodiques du Saint Album, mais n'interférait aucunement avec l'atmosphère de ce dernier. Au contraire !
Le moins que l'on puisse dire est que le retour du groupe est plutôt réussi, dans la continuité de la rédemption initiée dans le dernier album. En espérant qu'ils profiteront du feedback des fans pour peaufiner les quelques détails qui entachent cet essai, ceci en injectant plus de folie dans leurs compositions et en améliorant le placement des interludes groovesques. C'est justement là où le format choisi s'avère intéressant, car il donne aux musiciens un plus grand terrain de jeu et leur permet ainsi de tenter plus d'expérimentations. Bref, welcome back les gars et vivement le prochain tome !