19917

CHRONIQUE PAR ...

124
Shamash
Cette chronique a été mise en ligne le 05 août 2025
Sa note : 16/20

LINE UP

-Matthieu "Matt" McGachy
(chant)

-Christian Donaldson
(guitare)

-Olivier Pinard
(basse)

-Florent "Flo" Mounier
(batterie)

A participé à l'enregistrement :

-Michael "Mike" DiSalvo
(chœurs sur 7)

TRACKLIST

1) The Nimis Adoration
2) Until There's Nothing Left
3) Dead Eyes Replete
4) Fools Last Acclaim
5) The Art of Emptiness
6) Our Great Deception
7) Embrace the Nihility
8) Malicious Needs

DISCOGRAPHIE


Cryptopsy - An Unsatiable Violence
(2025) - brutal death - Label : Season Of Mist



Il y a des groupes qui vieillissent. D'autres qui dégénèrent. Cryptopsy a connu quelques remous dans sa carrière, quelques changements stylistiques qui ont pu échauder une partie du public. Mais depuis son retour aux affaires en 2015, avec l’EP The Book of Suffering T.1, la bête a prouvé qu’elle avait encore de la vigueur. Cette année, An Unsatiable Violence marquera à coup sûr les esprits.

Évacuons tout de suite les critiques qui s’expliquent par la destinée des Québécois. Difficile en effet de passer sous silence les réactions épidermiques qu’ils suscitent à chaque sortie. La cause ? None So Vile l’un des tous meilleurs albums de death jamais composés. À partir de là, certains garants du bon goût rejetteront en bloc tout ce que la formation aura à offrir. Il est indéniable que ce disque a marqué le style, qu’il est à classer au panthéon du death. Pour autant, faut-il cracher sur tout ce que le groupe a présenté depuis lors ? Je ne le crois pas, et pourtant, je n’ai pas apprécié Once Was Not, The Unspoken King ou Cryptopsy. De même, Lord Worm est encore considéré comme l’unique bon chanteur et d’aucun descende sans finesse le travail de Matt McGachy.

As Gomorrah Burns paru en 2023 avait peu ou prou subit les mêmes attaques que An Insatiable Violence. Quoi de plus normal, tant les disques sont assez proches. Aussi, si Cryptopsy vous révulse depuis 1998, stoppez la lecture de cette chronique. Car ici, nous avons affaire à un disque qui pue la sueur, la bile et la certitude arrogante de ceux qui savent encore faire mal. Cryptopsy, en 2025, n’a plus rien à prouver, mais tout à infliger. Dès les premières mesures de "The Nimis Adoration", l’auditeur est précipité dans un maelström de brutalité technique et d’hostilité pure. Matt McGachy éructe et vocifère pour notre plus grand plaisir. Le bonhomme, qu’on a donc parfois accusé à tort de manquer de la bestialité de ses prédécesseurs, fait taire les sceptiques avec une prestation d’une sauvagerie impressionnante.

Christian Donaldson, également responsable d’une production d’une clarté chirurgicale, décoche des riffs qui claquent. Comment résister à "The Art Of Emptiness" ? Le guitariste est en pleine forme et entend bien le prouver. Et que dire de Olivier Pinard à la basse ? Il propose une prestation de grande qualité, comme d’habitude. Mais bien sûr, le cœur nucléaire de Cryptopsy reste l’inimitable Flo Mounier. À ce stade, le Montréalais n’est plus un batteur, c’est une arme de destruction massive. L’unique membre originel en a encore sous la pédale et l’on ne compte plus les descentes de toms et autres blasts assassins qui parsèment ce disque.

Au-delà de la performance individuelle, ce qui frappe dans An Unsatiable Violence, c’est cette tension constante. Aucun répit, aucune pause contemplative. Même les rares moments de calme, comme l’introduction de "Our Great Deception" ne sont que les prémices d’une explosion sonore. D’une durée courte, pour éviter l’ennui, la grosse demi-heure passée en compagnie du quartet se révèle intense et sans répit. Notons cependant que malgré la virulence assumée de l’ensemble, le groupe a instillé nombres de passages mélodiques dans ses compositions. Cet aspect prend la forme de soli nombreux qui viennent contrebalancer les riffs lourds et autres passages propices aux hochements de tête appuyés.

L’année 1996 est bien loin de nous. Inutile donc de vouloir entendre dans ce neuvième album un nouveau None So Vile. Pas de soucis si vous ne jurez que par ce dernier. Il serait cependant regrettable de passer à côté de cette livraison toute fraiche, faite de brutalité, de technique et de mélodies. An Unsatiable Violence prouve que Cryptopsy a encore des choses à dire, pour qui veut bien les entendre.



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