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CHRONIQUE PAR ...

100
Merci foule fête
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 18/20

LINE UP

-Sean Harris
(chant+guitare)

-Brian Tatler
(guitare)

-Colin Kimberley
(basse)

-Duncan Scott
(batterie)

A participé à l'enregistrement :

-Paul Robbins
(claviers sur "The Prince" et "Am I Evil?")

TRACKLIST

1) Lightning to the Nations
2) The Prince
3) Sucking My Love
4) Am I Evil?
5) Sweet and Innocent
6) It's Electric
7) Helpless

DISCOGRAPHIE


Diamond Head - Lightning to the Nations
(1980) - heavy metal N.W.O.B.H.M. - Label : Happy Face records



Linda Harris et Reg Fellows doivent être fiers de leur coup. D'une part parce qu'en éditant la pochette du premier album de Diamond Head dans l'usine à cartonnage de Fellows, ils ne s'en sortent pas trop mal financièrement - la pochette en question se résumant en un fourreau blanc signé par les musiciens, difficile de faire plus cheap. D'autre part parce qu'en ayant déjà assuré les coûts de production, eux, les managers autoproclamés de l'intrigante formation de Stourbridge, sont persuadés que les maisons de disque vont se bousculer pour signer leurs petits protégés. Il faut dire qu'ils sont tellement doués... N'ont-ils pas déjà joué en ouverture d'AC/DC ? Et de leurs rivaux à la mascotte horrifique, ces banlieusards de l'est londonien qui jouent comme si leur vie en dépendait ? Coïncidence amusante, leur fougueux bassiste porte le même nom que le chanteur de Diamond Head. Et que celui de Linda, sa maman. Certes, cette dernière n'a jamais managé de groupe auparavant, mais en mère attentionnée, elle ne peut pas se tromper : son fils et ses trois camarades iront loin.

Il ne saurait en être autrement avec ces jeunes chevelus de la région de Birmingham qui suscitent une attention croissante à la faveur de sets locaux durant lesquels ils ne cessent de peaufiner leurs compositions – déjà une centaine depuis leurs débuts en 1976. C'est dire si les sept qui ont été sélectionnées – dont deux singles déjà parus en cette année 1980 – constituent la crème de la crème de leur répertoire, du moins il est logique de le penser. Mais sans faire injure à Maman Harris et son improbable collègue, il semblerait que leur gestion des affaires du collectif n'ait pas permis à ce dernier d'évoluer dans des conditions optimales : c'est en effet dans un studio claustrophobique de Worcester - dont le propriétaire est également le « patron » de Happy Face records, le label spécialement créé pour l'occasion - que les quatre Britanniques enregistrent leur matériel, aidés par le technicien maison qui plaque quelques discrets accords de claviers ici ou là – ce n'est d'ailleurs pas lui qui est crédité en tant que producteur mais... Reg Fellows, le cartonnier. « Fais-le toi-même » qu'ils disent, les punks. Dans ces conditions, il serait étonnant que le résultat soit aussi éclatant que le Wild Cat des Tygers of Pan Tang produit par Chris Tsangarides - un professionnel, lui. De fait, entre la guitare qui bourdonne dans les médiums et le rendu assez mat de la caisse claire, le son se révèle plutôt terne. Pourtant, chaque instrument se montre parfaitement audible, même la basse, tandis que les composantes aiguës - voix et cymbales - offrent suffisamment de contraste pour tirer l'ensemble hors de la mélasse redoutée. D'autant que ce manque d'ampleur ne parvient pas à masquer la vivacité et la précision affichées par le quatuor. Le titre d'ouverture, qui donne son nom au recueil faute d'indication supplémentaire, met d'emblée les choses au point : il y aura de l'habileté, de l'arrogance et de la détermination. Celles d'adolescents ayant foi en leurs capacités et dont l'hommage aux idoles se solde par leur mise à bas.
Ainsi, bien que le motif initial s'inscrive dans une lourdeur toute sabbathienne, la tension qu'il instaure est bousculée par un riff de même obédience mais interprété à une allure nettement plus rapide. Sean Harris mène alors la séquence à son paroxysme en délivrant une vocalise incroyable façon "Whole Lotta Love" qui résonne telle une provocation lancée à Robert Plant, le chanteur du légendaire mais très fatigué Led Zeppelin dont le batteur John Bonham vient de décéder dans des circonstances tragiques. La voix haut perchée mais pas criarde de Harris survole, à une exception près, tous les morceaux qu'elle tire littéralement vers le haut et pousse son compère Brian Tatler à se surpasser à la six-cordes, tâche dont ce dernier s'acquitte avec maestria. Le seul bémol s'appelle "Sweet and Innocent", l'un des deux simples déjà publiés, dont le thème principal tient bien la route malgré son caractère répétitif, mais qui souffre de parties vocales approximatives tout juste rattrapées par des chœurs judicieusement placés sur le refrain. Ce léger – et court – fléchissement ne remet pas en cause, loin s'en faut, l'excellence du niveau général, qui se caractérise par une inspiration cohérente au service de titres singuliers. Chacun d'eux possède sa personnalité propre tout en étant guidé par une obsession commune pour le riff définitif, décoché au bon moment, avec une propension au spectaculaire qui jamais ne se mue en grandiloquence. Une performance d'équilibriste qui laisse pantois de la part de gamins ne bénéficiant d'aucune aide extérieure - « Helpless ». Pour autant, Lightning to the Nations ne vient pas de nulle part : sur "The Prince", les guitares twin rappellent Thin Lizzy alors que la cavalcade initiale renforcée par l'orgue doit beaucoup à Deep Purple. Mais tout va plus vite, tout est plus tendu, à l'instar de l'excellent solo d'introduction qui précède une joyeuse respiration sous forme de pied de nez disco, soulignant par là même les aptitudes au groove du quatuor que symbolisent les démoniaques coups de crash-ride généreusement distribués par Duncan Scott. Dans ce contexte, la rugosité du son témoigne, sans doute involontairement, d'un passage de témoin entre une génération à bout de souffle et une autre pressée d'en remontrer. Par exemple sur l'épique (et explicite) "Sucking my Love", Tatler emprunte le riff monumental de "Rock Bottom" d'UFO pour mieux le salir en le chargeant de limaille. Et là où le guitar hero Michael Schenker se fendait d'un solo tout en démonstration aussi superbe que seventies (comprendre « démesuré »), son collègue juvénile des Midlands fait ardemment et subtilement monter la sauce dans un tourbillon d'harmoniques scandées par les « faster » de Harris, enfonçant le clou planté par Blue Öyster Cult avec son phénoménal "Dominance & Submission" qui pourtant allait déjà loin dans le registre de la tension pré-orgasmique.
Quant à l'impressionnant "Am I Evil?", il s'apparente à une relecture dense et frondeuse de Black Sabbath, avec son motif principal qui complète et alourdit celui de "Symptom of the Universe" auquel succède une version accélérée de "Children of the Grave". Et si les Diamond Head reprennent comme d'autres avant eux les accords virils de "Mars – The Bringer Of War" du compositeur classique Gustav Holst, ce n'est pas pour commettre une tambouille à base de synthés co(s)miques façon Rainbow sur "Eyes of the World", mais pour bâtir une introduction implacable et inquiétante, prélude à d'enivrantes chevauchées. Et puis il y a les deux pistes de fin. Trépidantes, insouciantes, tournées vers des horizons brûlants de promesses. Par défaut, peut-être, s'agissant d' "It's Electric", tentative de rock à la AC/DC en partie manquée parce que totalement dépourvue du blues salace des Australiens. Et pourtant, ça swingue ! Un swing métallique – ces cymbales ! - qui s'éloigne du hard rock boogie pour définir une nouvelle manière de se trémousser sur de grosses guitares. Plus véloces, plus saccadées, plus tranchantes. Une fois encore, Harris fait des merveilles, que ce soit sur le refrain ou à la faveur du break mettant en valeur la basse aux rondeurs trompeuses de Colin Kimberley. Voilà la chanson qu'il aurait fallu sortir en single ! Concernant "Helpless", c'est encore autre chose. Composition la plus complexe, celle-ci ne saurait être qualifiée de « progressive », tout du moins si on la compare aux constructions parfois boursouflées, typiques de la décennie précédente, qui servaient de prétextes à de grotesques surenchères techniques. D'ailleurs, c'est simple : en un peu moins de sept minutes et plusieurs changements de plans, Tatler n'exécute aucun solo. À la place, il cisèle un édifice aux reliefs éblouissants et d'une cohérence sans faille. Sur un tempo initialement soutenu s'enchaînent riffs abrasifs, cassures, reprises, montées chromatiques... Le tout avec une aisance confondante. Sur cette pièce d'orfèvrerie, Harris plane, en transe. Puisant au fond de ses tripes l'énergie désespérée que suggère l'intitulé, il se lance en fin de piste dans une déclamation qui donne les frissons, en dépit de paroles plutôt basiques. Cette acmé constitue également le point d'orgue de Lightning to the Nations, création étourdissante, par laquelle le dynamisme sublime la mélodie et l'émotion perce sous l'âpreté.


Pour sa première réalisation d'importance, Diamond Head dépasse toutes les attentes et livre un chef d'œuvre. Pas moins. D'une intensité presque sans faille, manifeste ardent d'un heavy metal moderne qui transcende ses illustres influences, Lightning to the Nations contribue à faire de 1980 un tournant dans l'histoire de son style musical et rejoint les grands disques sortis en cette année fantastique par Iron Maiden, Def Leppard, Saxon et Tygers of Pan Tang. Il aurait même pu damer le pion à ces derniers pour prétendre au meilleur album de l'année s'il avait bénéficié d'une production un peu plus étoffée. Mais qu'à cela ne tienne : la major chanceuse qui proposera le contrat afin de récupérer le joyau saura, sans nul doute, mettre les moyens nécessaires pour le faire briller de toute sa splendeur. Alors, celui-ci « éclairera les nations » de sa magnificence. Car le talent finit toujours par triompher, n'est-ce pas ? Linda et Reg y croient fermement : il suffit juste d'attendre un peu.


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