CHRONIQUE PAR ...
Droom
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17/20
LINE UP
-Dave Hunt (V.I.T.R.I.O.L)
(chant)
-Mike Kenney
(guitare, basse, programmation)
TRACKLIST
1) The Nameless Dread
2) Depravity Favours the Blind
3) Hold You Children Close and Pray for Oblivion
4) We Will Fucking Kill You
5) So We Can Die Happy
6) In Flagrante Delicto
7) And You Will Beg For Our Secrets
8) Extravaganza
9) On Being A Slave
10) The Great Spectator
11) Of Horror, and the Black Shawls
12) Powerslave (Iron Maiden cover)
13) Men at C&A (The Specials cover)
DISCOGRAPHIE
Chaque nouvel album d'Anaal Nathrakh est un pari risqué : comment maintenir un tel niveau de qualité et de déflagration le temps passant ? A chaque fois l'on doute : la mélodie prendra t-elle le pas ? l’extrémisme musical tombera t-il dans le grotesque ? Mais à chaque fois nous sommes finalement rassurés par le talent. Au pire, un nouvel album d'Anaal Nathrakh est bon quoique sans surprise (Desideratum, 2012), au mieux, c'est une baffe. The Whole of the Law est, vous l'avez déjà compris, une baffe.
Le précédent album s'inscrivait dans la relative continuité des précédents et parvenait à mélanger les aspects les plus dangereux du black, du grind et de l'indus'. Il manquait toutefois un petit quelque chose à Desideratum, dans les compositions vraisemblablement, pour marquer les esprits. Ce petit quelque chose, cette touche de génie facile, évident à l'écoute, ce savoir-faire acquis depuis plus de vingt ans est apporté par The Whole of the Law. La recette ultra-violente d'Anaal Nathrakh est ici portée à des strates rarement atteintes, et mise en valeur par une production idéale, pas crasseuse pour un sou, qui permet paradoxalement de révéler la dentelle d'anarchie qu'est la musique du duo. "And You Will Beg For Our Secrets" ne se fait pas prier et en profite, parmi tant d'autres, pour dégueuler de la rage et de la grandeur permanente. Un exemple parmi tant d'autres. Quelques chorales (que l'on retrouve grandioses sur "Of Horror...", et ses véritables « Ave Maria » de fin du monde) et quelques chœurs fort graves ajoutant, comme de bien entendu, au chaos tout au long du disque, qui se paye le luxe de terminer en remixant du Iron Maiden (!) et du reggae (!!!) pour en faire deux énormes brûlots de violence. Chez Anaal Nathrakh, tout n'est que violence, messieurs-dames.
L'instrumentation débridée se conjugue la plupart du temps au chant le plus inhumain. Les cris de goret se dévoilent protéiformes, passant par toutes les teintes du spectre de l'écorchement, de la mise en cage forcée à l'égorgement suspendu par les pattes arrière. C'est imagé, mais c'est comme ça. De la haine à la folie, Sir V.I.T.R.I.O.L de son charmant petit nom, prouve qu'il est possible de fondre l'inhumain dans l'humain, et il est difficile de croire que le responsable des vocaux hallucinés sur "Extravaganza!" soit également à l'origine des refrains parfaits qu'offre le disque, notamment sur "On Being A Slave". Ce contraste entre quelques phases luxueuses (les refrains, quelques riffs épiques) et la salissure qui les entoure est à l'image du talent du groupe, qui mélange le sublime et l'ignoble en une seule œuvre. La facilité est sans cesse repoussée en bordure, tant dans la violence que dans la mélodie. Anaal Nathrakh préfère une nouvelle fois mélanger les deux aspects de son art, prendre le contre-pied permanent de ce qu'il présente l'instant d'avant. Ainsi, parangon de cette fusion, "Hold Your Children..." démarre dans un chaos total avant, en milieu de morceau, d'atteindre des sommets de grandeur épique au détour d'un simple riff, époustouflant, parfait, sublime, les mots manquent devant une telle évidence.
Le disque est à l'avenant, du même tonneau, du même acabit : entre vices et passions, il mène très souvent vers un état d'extase. Alors oui, Anaal Nathrakh, c'est violent. Oui, ce n'est pas facile à digérer, tout ce bruit. Mais dans la catégorie des bruits et bruissements, force cyclonique, c'est encore Anaal Nathrakh qui coupe le plus joli bout de jambon. Une fois de plus.