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CHRONIQUE PAR ...

100
Merci foule fête
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 16/20

LINE UP

-Howard "H" Smith
(chant)

-Paul Chanter
(guitare)

-Dean "Cooky" Cook
(guitare)

-Pete Dee
(basse)

-Marc "JXN" Jackson
(batterie)

A participé à l'enregistrement:

-Suzanne Nadine Vega
(chœurs sur "Blood Makes Noise")

TRACKLIST

1) T.A.O.E
2) The New Low
3) #newagenarcissist

4) My Peace of Hell
5) Blood Makes Noise (Suzanne Vega cover)
6) Sense of Independence
7) Hardship
8) Within the Woods
9) Ripped Apart
10) United Hates

DISCOGRAPHIE


Acid Reign - The Age of Entitlement



Des collectifs ressuscités qui effectuent un retour réussi après une cessation durable de leurs activités, il en existe quelques uns – Celtic Frost, Body Count – mais le faible nombre de ces anomalies historiques n'incite guère à l'optimisme lorsque des entités louches qui semblaient vouées à l'extinction refont surface. Acid Reign appartient à cette catégorie et pourtant, rarement comeback n'aura été aussi spectaculaire, tant l'écart entre la première carrière de la section britannique et la réalisation totalement inattendue que celle-ci livre vingt-cinq ans après la précédente se révèle abyssal.

Il faut tout de même rappeler de qui on parle. Originellement, Acid Reign était une bande de (très) jeunes branleurs qui singeaient affreusement mal Anthrax à qui ils ont piqué sans vergogne l'imagerie « mosh » dévoyée – inclus les bermudas à fleurs et la mascotte hideuse – sans parvenir à se hisser musicalement, ne serait-ce qu'à la plante des pieds de leurs modèles new-yorkais, ni même au calcanéum des cousins nettement moins enthousiasmants de D.R.I. Pour comprendre pourquoi la Grande-Bretagne est largement passée à côté du mouvement thrash dans les années quatre-vingt, alors qu'elle avait enchanté le monde avec ses bardes hard & heavy au cours de la décennie précédente, il suffit d'écouter le Acid Reign du troisième mandat Thatcher (ou Xyster, pour qui souhaite assouvir pleinement ses pulsions masochistes). Dès lors, voir surgir le logo de la troupe d’Harrogate après une disparition que l’on espérait définitive suscite logiquement de la méfiance qui, sur une échelle de un à dix-mille où dix-mille signifie « pitié plus jamais ça, plutôt écouter Suicide Silence jusqu’à la fin de mes jours - qui ne devrait plus tarder, tellement cette chose est atroce et me donne envie de me pendre », se situe à onze-mille. Dans ces conditions, la motivation à lancer le lecteur réside dans un mélange incertain de curiosité malsaine et du fameux FoMO - « Fear of Missing Out », comme on dit Outre-Manche. Dès l'instrumental éponyme qui sert d'ouverture, les certitudes vacillent : des guitares twin qui progressent fièrement dans une ambiance tendue, favorisée par un son ample et percutant ? Voilà une entrée en matière qui n'est pas sans rappeler celles que concocte Kreator depuis sa conversion au melothrash.
Étrange ? En apparence seulement. Car la production de ce Lazare sonique a été supervisée par rien moins que Jens Bogren, qui a récemment collaboré avec l'institution teutonne susmentionnée, mais aussi Leprous, Pain of Salvation, Paradise Lost, Amorphis et bien d'autres cadors. Et bon sang, ça s'entend ! Qu'elles sont loin, les âcretés rachitiques des efforts d'antan ! The Age of Entitlement, lui, est dopé par un son net et puissant, qui appuie là où ça mal, tout en bonifiant les trouvailles mélodiques du quintet - à ce niveau-là, ce n'est plus un bond en avant mais carrément un saut quantique ! Difficile de savoir jusqu'où s'est étendue l'influence de l'homme de studio suédois, toujours est-il que son travail valorise considérablement les dix compositions ultra-dynamiques du troisième LP d'Acid Reign, à commencer par "The New Low", secouée d'entrée de jeu par un motif saccadé que relaie un couplet énervé en contraste avec un refrain planant/menaçant. Filant à toute blinde, ne laissant même pas de place pour un solo, l'opener fait immanquablement songer à... Anthrax période Among the Living: cette fois, la comparaison avec les maîtres du thrash sous acide ascorbique se justifie pleinement et ne joue pas en défaveur de leurs fervents disciples, surtout si l'on se réfère aux dernières livraisons des Nord-Américains. Troisième single paru en avant-première, deux ans après "The Man Who Became Himself" et quatre (!) après "Plan of the Damned", "The New Low" témoigne peut-être d'une tendance à la procrastination, mais plus sûrement du soin apporté à l'écriture – les titres les plus anciens, tout à fait honorables mais moins incisifs n'ont d'ailleurs pas été retenus sur l'album. Certes, celui-ci pétarade dans une ambiance thrash eighties clairement nostalgique, en attestent les accélérations foudroyantes qui traversent "Sense of Independence" – jolie réminiscence de "A Skeleton In The Closet" de vous-savez/avez-deviné-qui - et "My Peace Of Hell" aux sévères relents hardcore. "Hardship" s'approche davantage du Metallica heavy de la même période, ou du Annihilator récent. Sans jamais se départir de ces influences prégnantes, « H » et ses nouveau potos ont toutefois réservé des surprises.
Seul rescapé de la formation initiale, Howard Smith a en effet recruté de solides musiciens aux CV, disons, confidentiels mais dont l'interprétation sur The Age of Entitlement ne fait guère regretter l'échec du chanteur à convaincre ses anciens comparses de retenter l'aventure. Un exemple ? Alors que les arpèges acoustiques placés en amorce de "United Hates" font craindre une déclinaison de "Thoughtful Sleep", semi-ballade douloureuse qui lestait le si bien nommé Obnoxious sorti en 1990, un riff nucléaire déboule juste derrière, surmonté de vivifiantes scansions vocales. La variation orientalisante n'est pas désagréable non plus - dommage qu'un passage plus convenu au mitan freine la machine qui heureusement repartira pleine balle jusqu'à la conclusion. "Within the Woods" permet également à Acid Reign de sortir d'une certaine - quoique très plaisante - routine à la faveur d'un climat oppressant en lien avec le court-métrage éponyme pré-Evil Dead de Sam Raimi qui a inspiré ce morceau au long cours porté par une tension de tous les instants et une ligne de chant marquante. Est-ce bien le même type derrière le micro qui se signalait jadis par son incapacité à placer correctement sa voix, rendant les enregistrements de son gang d'autant plus pénibles ? Modulant tel un Dexter Holland qui se serait enfin décidé à se faire opérer des végétations, « H » fait preuve d'une agressivité impeccablement dosée et dynamite le recueil de ses interventions tranchantes, notamment sur le punk "Ripped Apart" tout en harangues ainsi que l'étonnante et magistrale reprise de "Blood Makes Noise" de Suzanne Vega, adoubée par la papesse de la pop folk en personne qui y fait un caméo. La classe. Un terme qui ne vient pas automatiquement à l'esprit en scrutant la saisissante pochette aux tons marronnâtres réalisée par Mark Wilkinson, responsable du visuel de The Book of Souls d'Iron Maiden, des Judas Priest depuis Ram it Down et surtout des Marillion primitifs, dont l'arlequin fait songer à un préquel du vilain clown narcissique auquel fait écho "#newagenarcissist", la piste la plus emballante de The Age of Entitlement. Entre syncopes brise-nuque so Bay Area 1987, solo mélodique et véloce (pas de shred en mode nawak ici) et coda menaçante menant à l’acmé retentit l'un des refrains les plus accrocheurs du millésime 2019, tout simplement. Quel bijou d'équilibre et d'efficacité !


Acid Reign ou la surprise de l'année. De la décennie. De l'histoire du metal. Comment imaginer que ce groupe de never-beens emmené par un brailleur reconverti dans le stand-up et flanqué d'inconnus en âge d'être les géniteurs de l'actuel président de la République Française puisse lâcher une salve de brûlots aussi ravageurs, après un coma que l'on croyait irrémédiable ? Magnifiés par un excellent son, les dix exocets certifiés eighties US thrash metal atteignent un objectif à la fois suranné et salutaire: renouer avec l'âge d'or d'un style que l'escouade british sert désormais avec un talent insoupçonnable. Pour l'originalité on repassera, mais The Age Of Entitlement, bourré de bonnes idées et exécuté avec brio, est suffisamment diversifié pour maintenir l'allégresse jusqu'à l'ultime accord. Merci d'avoir insisté, Mr Smith !





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