CHRONIQUE PAR ...
Lucificum
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-JB
(chant+guitare)
-Jean-Marc
(guitare)
-Ludo
(basse)
-Kenny
(batterie)
TRACKLIST
1)Open the Graves of Time
2)Tribes of the Forgotten Ages
3)Crystalize Your Idol
4)Caligula
5)Deadly March
6)Burning Messiah
7)Pestilential Rising
8)Orgy and Sodomy
9)Onward to the Slaughter
10)Apocalyptic Triumph
DISCOGRAPHIE
Svart Crown est, comme son nom ne l’indique pas, un groupe français nouvellement formé qui joue dans un style qui n’est qu’assez peu représenté dans l’Hexagone - car si la France commence à acquérir ses lettres de noblesse en metalcore et en electro (au sens large), le black/death reste une scène active mais trop confidentielle, confinée à l’échelle de la région quand ce n’est pas de la ville. Les formations extrêmes connues nationalement (ne parlons même pas de l’international) sont des exceptions, ce qui est dommage quand on réalise que certains groupes ont un certain potentiel – voire un potentiel certain.
C’est le cas ici, avec cet inégal mais néanmoins savoureux premier album de Svart Crown, Ages of Decay. Après une démo qui leur aura servi à se faire un peu connaître et à stabiliser leur line-up, c’est le grand saut avec un label local, Rupture Music, et un premier opus. Svart Crown annonce la couleur avec la pochette et le logo très blackifiant, et pourtant nous ne sommes pas en présence d’un groupe de raw-black avec blast à fond les manettes : non, il y a ici un certain nombre d’influences externes, principalement le death mais aussi dans une moindre mesure le heavy et le thrash. Le tempo est rarement hystérique, Svart Crown préférant jouer sur la lourdeur et la puissance, multipliant les riffs thrash/death sur fond de batterie lourde et peu avare en breaks. Bon, on trouve tout de même du blast, mais saupoudré intelligemment, en bonne alternance avec les passages plus lourds.
La production est loin d’être mauvaise même si l'on sent que le groupe ne sort pas d’un grand studio, et possède un petit coté sale plutôt bienvenu qui s’accorde très bien avec l’ambiance malsaine que le groupe s’ingénie à mettre en place. Avec, avouons-le, un certain succès dû en partie non négligeable au chant de JB qui oscille entre growl et hurlement black et parvient à varier les timbres avec un certain brio. Malgré l’absence de synthé, on trouve une certaine grandiloquence dans les compositions, les guitares n’hésitant pas à s’installer dans les aigus dans la plus grande tradition black-metal, ajoutant un côté mélodique à l’ensemble, qui se marie très bien à la violence ambiante qui hante les dix titres de ce Ages Of Decay. Sans réelle surprise, les textes sont dans une veine blasphématoire et parlent de peur, de haine et de colère, bref de tout ce que nourrit le folklore de la scène musicale extrême.
C’est quand Svart Crown met en avant son héritage black-metal qu’il s’avère le plus percutant. Des titres comme "Orgy and Sodomy", "Crystalise Your Idol" ou l’excellent "Apocalyptic Triumph" sont la preuve que le combo français est capable d’envoyer le bois. De même, dans un registre un peu plus heavy/thrash avec des titres comme "Caligula" ou "Deadly March", le groupe s’avère efficace. Dommage que lorsque Svart Crown se tourne vers un style plus marqué par le death ("Burning Messiah") ou le thrash lent ("Pestilential Rising"), il perde en efficacité. Reste que l’ensemble, malgré ses disparités stylistiques, reste cohérent et le but affiché de Svart Crown de décrasser les oreilles de l’auditeur à grands coups de titres dévastateurs et malsains n’est pas loin d’être atteint. Un petit côté Emperor, un poil de Mayhem et de Dark Funeral, le tout constellé de riffs heavy/death : voila un peu ce à quoi doivent s’attendre les amateurs de black qui voudraient découvrir Svart Crown.
Et on ne peut que les encourager, parce que malgré le côté inégal de ce Ages of Decay, il se place aisément dans ce qui se fait de mieux actuellement dans l’underground français. Malgré les difficultés que le groupe ne manquera pas de rencontrer s’il décide - et on n’en doute pas - de conquérir le monde (à commencer, semble-t-il, par le Var), souhaitons qu’il persévère et puisse avec les quelques autres valeurs montantes françaises donner un bon coup de fouet à cet underground qui ne demande qu’à éclore.