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CHRONIQUE PAR ...

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Wotan
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 16/20

LINE UP

-Rose Mother Sucking Hreidmarr
(chant)

-Maître Stefan Bayle
(guitare)

-Neb Xort
(violon+claviers)

-Pierre Couquet
(basse)

-Nilcas Vant
(batterie)

TRACKLIST

1) A Doleful Night in Thelema
2) The Drudenhaus Anthem
3) God Bless the Hustler
4) Enter the Church of Fornication
5) Tragedia Dekadencia
6) Divine White Light of a Cumming Decadence
7) Dirge & Requiem for My Sister Whore
8) Das ist zum Erschießen schön
9) The Red Archromance

DISCOGRAPHIE


Anorexia Nervosa - Drudenhaus
(2000) - metal symphonique black metal - Label : Osmose



La Drudenhaus fut une prison construite au 17ème siècle sur l’ordre de Johann Georg Fuchs von Dornheim, prince-évêque de Bamberg. Elle avait pour seul but d'accueillir les personnes accusées de sorcellerie en attente de verdict. Elle avait vingt-six cellules, les murs décorés de citations de la Bible. La torture, bien entendu, y était de mise. La prison fut détruite après sa libération par l'armée suédoise, quelques années après son ouverture. Il y avait vingt prisonniers lors de sa destruction.

Voici donc l’inspiration d’Anorexia Nervosa pour le premier album suivant le changement de line-up (arrivée de Rose Hreidmarr et de Neb Xort), mais le troisième album pour le groupe. Drudenhaus marque un changement majeur de style, mais est aussi le disque qui a fait d’Anorexia Nervosa un nom, un digne représentant du black symphonique ultra pompeux en France, souvent comparé à Cradle of Filth ou Dimmu Borgir. Mais comparaison n’est pas raison, car Anorexia Nervosa période Drudenhaus se démarque assez franchement des deux groupes sus-cités. Dès le lancement de "A Doleful Night in Thelema", c’est l’ouverture des sept sceaux des enfers, simultanément. Rythmique ultra-violente, chant hurlé, guitares agressives, claviers décadents, l’auditeur est plongé dans une musique dense et imposante au premier abord. La tête remise de la tatane, l’esprit s'éclaircit et la beauté apparaît au milieu du chaos. 
Et c’est toute la force de Drudenhaus: un ensemble aussi bien chaotique que beau. Le groupe a tout mis dans cette galette qui est d’une violence rare, aussi bien dans les guitares que la rythmique ou les paroles. Le clavier, qui a un son un peu 90’s bien particulier, ajoute en permanence une couche de chaos à ce paysage sonore déjà bien lovecraftien. L'ensemble est dense, nihiliste, suinte la haine, la décadence et la noirceur (« Déchirons leurs entrailles, Je veux baiser leurs tripes, Remplissons les de foutre et de merde jusqu’à vomir de plaisir, Il faut bruler ces corps et broyer ces membres impurs »). Le chant de Hreidmarr est particulier, en rythme d’une manière similaire à celle de Dani Filth. Cependant, je n’ai jamais entendu un chant aussi hurlé, avec très peu de moments de répit, qui sont souvent un peu de chant clair en Français. 
Mais le paradoxe est que cela reste mélodique. Les riffs de guitares sont violents mais beaux, le clavier chaotique mais symphonique, le chant haineux mais aéré lors de passages judicieusement placés pour nous permettre de sortir la tête de l’eau. Les titres "A Doleful Night in Thelema", "Enter the Church of Fornication" et "The Red Archromance" sont exemplaires, par les lignes de claviers baroques mélodieux, les passages atmosphériques noirs, la barcarolle au milieu de la violence. Cependant l’album est très consistant, sans aucun moment faible. Seul les sonorités orchestrales du clavier peuvent rebuter, si tant est que le son des années 1990 vous rebute. 

Drudenhaus est le pinacle de la carrière du groupe, un monument de violence symphonique gracieuse, consistant et mémorable. Suivra New Obscurantis Order, avec moins d’accroches, et Redemption Process sur lequel le groupe découvre le refrain. Et au milieu de tout cela, un EP avec la reprise la plus démente jamais faite du groupe le plus mal aimé du monde.





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