CHRONIQUE PAR ...
Count D
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
15.5/20
LINE UP
-RMS Hreidmarr
(chant)
-Stefan Bayle
(guitare)
-Pier Couquet
(basse)
-Neb Xort
(claviers)
-Niclas Vant
(batterie)
TRACKLIST
1)The Shining
2)Antinferno
3)Sister Of September
4)Worship Manifesto
5)Codex-Veritas
6)An Amen
7)The Sacrament
DISCOGRAPHIE
Trois ans de réflexion et de composition ont été bénéfiques à ce groupe aujourd’hui considéré comme le leader du metal extrême symphonique français. Redemption Process arrive à point pour montrer que le groupe a évolué dans le bon sens en sachant aujourd’hui maîtriser un potentiel par le passé trop malmené. Après New Obscurantis Order, bourré de bonnes choses mais totalement indigeste car trop précipité et trop brouillon, Anorexia Nervosa pose les choses, prend du recul, puis s’investit à rendre sa musique plus compréhensible tout en étant aussi forte et extrême.
Dans le fond, les ingrédients sont les mêmes que sur le précédent travail, à savoir un black metal hystérique, rapide et complexe, basé sur une orchestration de cuivres classiques, de chœurs d’opéras ainsi qu'un chant particulièrement direct et écorché. Cette œuvre est néanmoins bien moins hystérique et plus mature, ce qui rend l’écoute plus agréable et plus profonde. C’est donc à ce niveau-là que se situe la principale évolution de Anorexia Nervosa avec Redemption Process, qui saura ravir les plus extrêmes tout comme ceux qui en ont marre des pseudo groupes symphoniques mous.
Les titres gagnent en personnalité et en accroche, avec des sortes de refrains (même si ce concept semble assez peu connu du combo de manière générale), et surtout une progressivité intéressante des thèmes au sein d’une même composition, amenant l’ensemble à respirer de temps en temps sur des passages plus lents ou intermèdes instrumentaux. Le très bon "Sister Of September" est là pour le prouver, avec sa structure sans cesse changeante gardant malgré tout une personnalité distincte. Le groupe parvient à mêler les structures agressives du black metal à des mélodies et sonorités plus classiques et épiques. Le son parfait, toujours difficile à atteindre dans ce genre d’entreprise n’est pas encore au rendez-vous, mais l’expérience évidente dans ce domaine montre que l’on s’approche ici de quelque chose de satisfaisant. En effet les guitares restent toujours dans un arrière-plan un peu brumeux. On commence néanmoins à s’approcher de productions comme celles de Dimmu Borgir, ce ne peut donc être négatif.
Pour en revenir aux titres, il faut apprécier leur nouvelle simplicité et à la fois l’équilibre entre passages purement extrêmes et nuances de tout genre, comme ces vocaux parlés sur "Worship Manifesto" rappelant les royalistes de "Forbidden Site", en totale opposition avec l’inquiétant et très rapide "Codex-Veritas" où Anorexia Nervosa garde la maîtrise des trois langues latine, anglaise et française. "Codex-Veritas" se veut aussi très expressif comme une B.O. de film dans lesquels les passages symphoniques et solennels viennent rythmer la folie ambiante. Bien sûr Anorexia Nervosa ne peut plus être rapproché de combos comme Cradle Of Filth comme sur leur mini Sodomizing The Archedangel. Certains feront quelques remarques bien vues en rapport avec Dimmu Borgir, vu la couleur du son et des arrangements black symphoniques. Néanmoins, Redemption Process possède quelque chose de vraiment travaillé et personnel, bien plus que sur les précédentes réalisations.
Ne pas passer à coté de "An Amen", très dynamique et tordu dans sa construction, enchaînant nombre de rythmiques et d’envolées symphoniques sur un titre légèrement plus thrash que les autres. Le mid-tempo de "The Sacrement" montre aussi la capacité du groupe à développer des mélodies sur la durée et dans des constructions plus dramatiques et taillées pour les histoires de dépression et de perte de passion. Ne connaissant pas l’original de la reprise de Indochine sur le titre "Les Tsars", je ne peux me prononcer que sur son exécution musicale honnête quoi que dans un registre un peu décalé. L’adaptation au style Anorexia Nervosa semble plutôt réussie; de là à jouir d’une telle reprise et de son utilité… Surtout que comme dit précédemment, les refrains n’ont jamais été le fort du groupe.
Pour conclure, Anorexia Nervosa propose ici un album des plus intéressants, surtout au vu des évolutions réalisées et de la prise en main d’un potentiel souvent sous-exploité. Une belle maturité qui fera encore parler de ce groupe. A remarquer au passage que l’on ne se perd plus en puériles friandises stylistiques dans le livret comme auparavant mais que l’on atteint avec Redemption Process une sincérité artistique plus évidente.