CHRONIQUE PAR ...
Count D
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
7/20
LINE UP
-RMS Hreidmarr
(chant)
-Stefan Bayle
(guitare)
-Pier Couquet
(basse)
-Neb Xort
(claviers)
-Niclas Vant
(batterie)
TRACKLIST
1)Mother Anorexia
2)Châtiment de la rose
3)Black Death Nonetheless
4)Stabat Mater Dolorosa
5)Le portail de la vierge
6)The Altar Of Holocausts
7)Hail Tyranny
8)Ordo Ab Chao: The Scarlet
9)Communion
DISCOGRAPHIE
L’art de la musique s’arrête lorsque l’on on oublie pourquoi on fait de la musique. Arrêtons nous un instant sur l’image de ce groupe, qui a énormément évolué depuis ses débuts, d’un métal industriel à un black metal violent très symphonique. L’image d’Anorexia Nervosa a su suivre le concept changeant du groupe, ce qui n’était pas chose facile, et l’on voit bien aujourd’hui l’assiduité du groupe à peaufiner les moindres détails de leur image, à commencer par la pochette, finement incestueuse, et chaque page du livret dessinant le chaos par un mélange de peintures et d’effets spéciaux. Ce qui devient un peu risible, ce sont les photos des bouilles des membres du groupe, tous plus ridicules les unes que les autres, un peu dans le style appelez-moi-Dieu-je-suis-très beau-et-très-méchant.
Quand ça commence comme ça, c’est mal parti pour avoir de bonnes attentes quant à la musique. Ah oui, et quand dans un livret on finit par voir no effects on vocals, ça fait doucement rigoler. Avaient-ils peur que l’on prenne leur image pittoresque au sérieux et que quant à mettre de la fausseté sur l’image, pourquoi pas sur la voix ? Bon, et il ne faut pas passer à coté de la mention en petit « correct listening at maximum volume ». Mon dieu, ont-ils aussi peur de leur qualité de son qu’ils soient obligés de nous indiquer le décibelage ?? (et hop le prêt à consommer, avec les ingrédients et le thermostat du four…) Et pourquoi pas nous conseiller des écouteurs Pana**nic ? Enfin, toute cette maladresse et cette attitude pédante sont un tantinet agaçant, ça sent le faux, le fabriqué (par Osmose ?), ça sent le groupe qui n’attend pas de voir naturellement son image évoluer au grès de son expérience et de l’attention que lui porterait un public convaincu par l’effort dans la durée.
Musicalement, on retrouve des composantes Cradle Of Filth indéniables, dans la voix comme dans l’orchestration des parties symphoniques, à la différence près que tout est plus rapide et violent. Mais j’ai la désagréable impression d’écouter quelque chose d’assez uniforme du début à la fin, sans jamais être accroché par quelques passages exceptionnels, à part certains moment de pure violence, de narration hurlée en français à la Forbidden Site, et certains passages symphoniques bien faits. Mais voilà, même si le son est très bon, toujours écouter des violons à fond la caisse, tout autant que la guitare et la batterie commence au bout d’un moment par gonfler et à sonner un peu plat. En outre, ce qui est fatiguant, c’est la voix de Hreidmarr, finalement un peu chiante parce que toujours pareille et posée en rythme sur le reste, comme le fait si bien Dani de Cradle Of Filth.
Alors au bout de tout ça je suis un peu déçu aussi parce que je n’arrive pas à m’arrêter sur les guitares, à savoir ce qu’elles font tellement tout est mélangé et sans répit, toujours dérangé dans mon écoute par un mec qui essaie de gueuler le plus fort qu’il peut à chaque mesure. Voilà j’ai le mot : c’est de la démonstration. Et pourtant j’avais vraiment apprécié le mini CD d’avant (Sodomising The Archedangel), qui sonnait plus vrai. Et que vient faire un moreau de Rachmaninoff en plein milieu de l’album, quoi que très bien interprété ? Pourquoi ne pas proposer une composition propre au claviériste ? C’est encore se raccrocher à l’image d’un grand pour faire monter la sienne ; à moins que je ne me trompe.
Abordons tout de même les titres un peu plus agréables que les autres, comme "Stabat Mater Dolorosa" et "Ordo Ab Chaos : The Scarlet Communion", ou on arrive pour une fois à sortir une mélodie qui nous reste dans la tête. Le titre "Stabat Mater Dolorosa" est bon dès l’intro avec ses chœurs à la Pergolèse, enchaînés assez violemment par une furie musicale, ou l’on tombe encore une fois malheureusement dans l’ennui jusqu’à ce qu’interviennent les chœurs et une bonne symbiose de black et de sympho. "Ordo Ab Chao : The Scarlet Communion" ressemble enfin à un titre qu’il est possible de faire quand on a tous les ingrédients en main comme Anorexia Nervosa sur cet album : bonne intro, des riffs intéressants et puissants et surtout de bons breaks symphoniques pour balancer la sauce.
Au bout du compte, c’est assez dommage de perdre autant de potentiel dans une confiture finalement irritante, avec une étiquette pédante et faussement chaotico-rebelle, ne réussissant qu’à prouver que ce n’est pas parce qu’on a les armes en main que la bataille est gagnée. Si encore il y avait un peu d’humilité dans tout ça…