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CHRONIQUE PAR ...

100
Merci foule fête
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 18/20

LINE UP

-Steven Victor "Tyler" Tallarico (chant+harmonica+claviers+basse)

-Joseph Anthony "Joe Perry" Pereira
(chant+guitare+basse+percussions)

-Bradley Ernest "Brad" Whitford
(guitare)

-Thomas William "Tom" Hamilton
(guitare sur "Sick as a Dog"+basse)

-Joseph Michael "Joey" Kramer
(chœurs sur "Home Tonight"+batterie)

Ont participé à l'enregistrement :

-Jack Douglas
(chœurs sur "Home Tonight")

-Paul Prestopino
(banjo sur "Last Child")

TRACKLIST

1) Back in the Saddle
2) Last Child
3) Rats in the Cellar
4) Combination
5) Sick as a Dog
6) Nobody's Fault
7) Get the Lead Out
8) Lick and a Promise
9) Home Tonight

DISCOGRAPHIE


Aerosmith - Rocks
(1976) - hard rock - Label : Columbia



Les vents semblent enfin souffler dans le bon sens pour Aerosmith au milieu des seventies. Non que le quintet de hard rock, signé sur une major, soit à la ramasse suite à trois premiers LP ayant rencontré un succès honorable. Mais pour espérer faire mieux que des premières parties, aussi prestigieuses soient-elles, il faudrait que le compteur des ventes s'affole un peu. Le top 40 atteint par le single "Sweet Emotion" issu du délectable Toys in the Attic paru en 1975 et surtout le top 10 décroché par la réédition de la ballade "Dream On" place le gang de Boston dans d'excellentes conditions au moment d'enfoncer le clou avec son quatrième album, Rocks. Un intitulé sobre, en apparence. Et pourtant...

Des « cailloux », il y en a cinq sur la pochette, autant que de membres du groupe. Des pierres précieuses, tant qu'à faire, mais aussi une allusion plus que probable aux chinese rocks, une forme dégradée d'héroïne prisée dans le milieu du... rock. Or Steven Tyler et Joe Perry, les deux leaders d'Aerosmith, sont des camés notoires - pour la sobriété, on repassera. De fait, Rocks est une œuvre droguée. Sale, dangereuse. Elle s'ouvre sur un motif menaçant, amorce d’un riff bitumant dans les graves, à la fois alerte et heavy. Pour sa première intervention, Tyler ne chante pas : il crie, et chacun de ses « back ! » est ponctué d'un coup de fouet. De retour en selle. De retour en ville. Il va falloir compter sur lui et sa bande de déglingos. Le thème western SM de "Back in the Saddle" - bruits de sabots, tintement d'éperons et hennissements - n'est qu'un prétexte à une manifestation de hard rock vicieux sur un terrain de jeu déblayé par une rythmique impitoyable, malgré les rondeurs matoises d'une quatre-cordes au déhanché obscène. Le solo de Perry est heurté, hébété, hésitant, comme si ce dernier se demandait dans quel bordel il foutait les pieds - et les doigts. Deux pistes plus tard, le guitariste en chef montre sans ambiguïté dans quel camp il s'est placé. Celui des mauvais gars. Avec ses acolytes, il balance une salve lourde et fulgurante, montrant aux parrains de Led Zeppelin qu'il ne les craint pas. Tyler fait le malin en se répondant à lui-même sur des couplets déboulant pleine balle avant de faire monter la température sur un refrain paroxystique gonflé de chœurs. Après un premier solo de Gibson à vif, le titulaire du micro la ramène une dernière fois avant qu'un Joey Kramer magistral derrière ses fûts propulse une seconde partie menée au bord du ravin par des guitares en furie agacées par l'harmonica de Tyler. La cavalcade se termine dans les rafales lâchées par des gâchettes en surchauffe. Aussi tendu et méchant que "Dominance and Submission" de Blue Öyster Cult, ce "Rats in the Cellar" au libellé en miroir inversé de "Toys in the Attic" témoigne de l'envie d'en découdre de la part des Yankees.
Toutefois, ceux-ci n'ont pas perdu leur coolitude. C'est qu'il y a des filles à séduire. Sur "Last Child", les fripouilles se montrent plus décontractées, chaloupent sur les couplets, mais Tyler glapit un peut trop fort pour être honnête, le solo de guitare est trop vigoureux pour une simple romance et Mister Tallarico conclut l'affaire en hurlant sur le decrescendo. Quand Perry reprend la main sur "Combination", qu'il a écrit seul et sur lequel il s'accapare le chant principal, le calme revient brièvement à la faveur d'une basse folâtre, avant que le refrain choral ne fasse remonter le tensiomètre qui s'affole en conclusion sous la houlette d’un Joey Kramer nerveux des baguettes. Il en est ainsi sur Rocks, même les chansons courtoises finissent dans un chaos vénéneux et hautain, telle "Get the Lead Out" et sa montée bonhomme, vitrifiée par un refrain suintant la redescente anxieuse. La débâcle de sérotonine était annoncée, d’abord par "Sick as a Dog", création du bassiste Tom Hamilton dont les quelques notes acoustiques en introduction masquent difficilement la paranoïa d’une horde aux aguets qui feint l’apaisement avant de lâcher... les chiens, bien sûr. Loin de rappeler la meute, les complices du six-cordiste Brad Whitford profitent de l’inspiration délétère de ce dernier pour ordonner un carnage cauchemardesque sur "Nobody's Fault", pour lequel l’adjectif « implacable » semble avoir été inventé. Une scansion d’une rare violence fomentée par les instrumentistes mettent en danger un Tyler qui parvient à se mettre à niveau à l’occasion d’une séquence irrespirable, précédant une chute vertigineuse dans l'abîme lorsque surgit le chorus. Le deuxième couplet, rythmé à la trique par un Kramer impitoyable, est encore plus rude. « Sorry, I’m so sorry ! ». Too late, man. Le shouter finit par se taire, les porteurs de colt récitent leur partition et achèvent la tâche avec morgue.
Surprise, un roulement de batterie plus tard et le macchabée se relève, mû par une énergie stupéfiante (il fallait bien la faire, celle-là). "Lick and a Promise", c’est la rock 'n’roll way of life – ne pas se prendre au sérieux en chantant « na-na-na » – entêtant refrain qui libère la tension accumulée sur un tempo rapide. Un coup vite fait comme le suggère le titre, frustrant par nature, mais l’excitation suscitée fait pardonner cette attitude cavalière. Le plaisir coupable savouré, tout ce beau monde rentre au bercail. Comme de gentils garçons ? Pas vraiment - il s'agit de convaincre « baby » de rester encore un peu pour la nuit. En lui chantant une berceuse ? Oui. Ça avait plutôt bien fonctionné avec "Dream on". Moins avec "You See Me Crying", son homologue empesé de Toys in the Attic. Sur "Home Tonight" les mecs affichent plus de simplicité – on n'ose parler de sincérité à propos de ces obsédés qui montrent une délicatesse presque incongrue et néanmoins touchante sur cette habile conclusion – presque – apaisée.


Rocks ou cinq gredins au sommet de leur art. Alors qu'ils avaient mis la barre très haut avec Toys in the Attic, les arrogants toxicos d'Aerosmith font grimper la marque de quelques crans supplémentaires en expulsant neuf salves, dont une gâterie, chargées d'idées aussi brillantes que venimeuses. Les guitares sont intenables, le chanteur est une menace permanente, même quand il feint l'empathie, les compositions sont fantastiques. Exsudant d'un talent porté à son paroxysme, le recueil procure la joie malsaine et émoustillante que l'on ressent au contact des chefs d'œuvre. Rocks en est un, incontestablement.



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