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CHRONIQUE PAR ...

100
Merci foule fête
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 16/20

LINE UP

-Nicolas Dick
(chant+guitare+programmation)

-Frédéric De Benedetti
(guitare)

-Marylin Tognolli
(basse)

TRACKLIST

1) 203 Barriers
2) Crime
3) Worm's Idle Dream
4) Western
5) Shudder to Sink
6) Room 36
7) Stase
8) Breath
9) Antique Tools

DISCOGRAPHIE

203 Barriers (2001)
Tellurique (2005)
Autophagie (2024)

Kill The Thrill - 203 Barriers
(2001) - post rock indus - Label : Season Of Mist



Les combats les plus rudes sont ceux que l'on mène contre soi-même. Le monde, vaste et effrayant, n'est pas envisageable dans sa totalité, le vertige est trop grand. Alors il faut délimiter. Circonscrire. Des barrières sont dressées. Petit à petit, sans que l'on en prenne tout de suite conscience, un labyrinthe se forme. Et parfois, le fil est perdu. Les corridors se croisent et s'enchevêtrent, réseau inextricable ne quadrillant plus qu'une terre fangeuse, sans repère. Hostile. Est-il possible d'en sortir ? Kill the Thrill lance une réponse. Elle s'intitule 203 Barriers.

Formé à Marseille en 1989, Kill The Thrill a sorti deux premiers albums, Dig (1993) et Low (1996), dans une veine post punk, presque bruitiste sur Dig. Le groupe se revendique de la scène noise. Cependant, avec Low, le propos se déradicalise doucement. Et malgré une signature chez Season of Mist - le label phocéen qui a signé le mythique Mayhem - 203 Barriers, le troisième LP, ne constitue pas vraiment une rupture. Les Méridionaux y creusent la veine désespérée qu'ils avaient imprimée à ses prédécesseurs. De manière plus méthodique. La spontanéité demeure, mais ses sursauts sont mieux maîtrisés. Plus percutants. Michael Gira, en pause de l'intimidant Swans, est associé à la production. Néanmoins, de retour des États-Unis où ils avaient fait quelques prises sous sa « direction artistique », les Kill The Thrill refont tout. Leur son ne se dompte pas aussi facilement. Batterie programmée, basse heurtée, lave de guitares qui absorbe les ondes, mat, aride et revêche : le matériau n'est pas chatoyant. Par conséquent, il est parfaitement adapté aux pistes claustrophobes de 203 Barriers.
En ouverture, la chanson-titre plonge dans l'âpreté du cauchemar : amorcée par la psalmodie fervente du chanteur et guitariste Nicolas Dick, la scansion inexorable des rythmes toise les mélodies bourgeonnantes qui éclosent, se débattent et vibrent entre chaque retour de balancier. L'embrasement des refrains laisse la place à une désillusion rageuse, donnant à chaque morceau un air de voyage au royaume des rêves déchus. La mélopée plus amène de "Crime" s'apparente à un rai de lumière avant que les vocaux ne sortent des rails sur un dernier « refrain ». Une courte halte et l'entité hagarde se remet en marche sur un motif plus posé pendant que le chant blessé épuise ses maigres forces. Puis c'est la plongée vers les gouffres où d'implacables magmas serpentent parmi les émanations mortifères. "Worm's Idle Dream" marque la prise du pouvoir par les machines et les instruments qui portent désormais l'intensité mouvante du recueil, tandis que les inflexions de Nicolas Dick confinent aux marmonnements. Celui-ci donne l'impression de rendre les armes à la fin de "Shudder to Sink" après avoir subi le leitmotiv d'un martèlement obsédant et s'être consumé de fureur sur les syncopes cinglantes de "Western". Bon à enfermer ? "Room 36", occurrence bipolaire, pourrait faire croire à cette redoutable issue, avec son motif a priori plus léger que contredit la rugosité des guitares s'imposant au détriment de vocalises égarées.
Pourtant, alors que la chute paraissait inarrêtable, une modulation d'une mélancolie poignante parvient à s'extraire de l'abîme. L'allure s'accélère et malgré l'anxiété, malgré la peur, l'espoir renaît à la faveur d'une "Stase" hypnotique dont les vagues d'accords étirés se succèdent sur fond de chant déclamé jusqu'à un dernier thème lumineux. Ce fonctionnement en deux temps se répète sur "Breath", puis Nicolas Dick et ses compagnons - Frédéric De Benedetti à la six-cordes et Marylin Tognolli à la basse - concluent la réalisation avec le superbe "Antique Tools", véritable délivrance initiée par une séquence intrigante à laquelle succède une accélération transcendant une mélodie ballotée dans le flux mouvant des guitares et des samples. Les couches sonores s'empilent, amicales, offrant refuge à une voix qui s'y agrège sans toutefois s'éteindre. Comme si elle avait enfin trouvé sa place.


Échapper à la prison mentale que l'on a soi-même érigée. Chercher la chaleur et l'apaisement par delà les murs invisibles  : voilà le cheminement que semble décrire Kill the Thrill sur 203 Barriers, qui relève à la fois du parcours initiatique, du rapport clinique et du baume curateur. D'un abord froid, hermétique à la séduction d'un refrain aguicheur ou d'une ritournelle malicieuse, le rock industriel du trio méditerranéen est traversé d'une tension quasi permanente, saturée de déflagrations cathartiques et d'emballements incendiaires, d'où jaillit, presque malgré elle, une beauté réconfortante.





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