Il y a des fois, pas besoin d’être devin pour comprendre ce qui va se passer… Mon chien, par exemple. Quand il s’approche doucement, en frétillant, ce n’est pas la même chose que quand il arrive à toute vitesse, la queue et les oreilles dressées, avec le regard d’un savant fou venant de réussir à convertir le black metal en post-rock…
Du coup, quand j’ai vu la pochette du dernier Fluisteraars, je me suis dit « Mon garçon, tu vas être déçu...» Forcément, des gentils coquelicots ayant servi pour l’emballage de ce merveilleux Bloem, l’apparition sous mon nez d’un logo pas très… enfin… en accord avec la pochette, quoi, laissait présager un retour à un truc moins élaboré. Et c’est effectivement le cas. Gegrepen door… commence pied au plancher, continue pied au plancher et termine pied au plancher. Brut de fonderie. Il y a bien des intermèdes ambient/psyché, plus ou moins convaincants, et, globalement, une petite envie de compléter l’ensemble très black par une atmosphère à la Grateful Dead, mais le message semble clair : « Les gars, ne vous habituez pas trop au raffinement, on va pas faire Bloem tous les jours ! » Eh bien, c’est dommage. Personnellement, je préfère le mélange subtil et très poétique de l’album précédent à cette musique un peu plus standard. L’introduction d’un chant criard mais plus « halluciné » que le croassement standard black metal démontre néanmoins une volonté de sortir de la norme, mais d’une part, je ne suis pas emballé par cette nouveauté et, d’autre part, le duo rentre tout de même globalement un peu dans le rang.
Et puis la durée… Trente-cinq minutes… Voilà, ça y est, j’ai fini de ronchonner. Comprenez-moi, je finis mon confinement pour covid, ça met pas de bonne humeur. On va quand même passer aux bonnes nouvelles. Plus les écoutes se succèdent, plus l’ensemble paraît cohérent et plus cette ambiance post-black « psyché » s’avère convaincante. De plus, certains passages du long "Verscheuring in de schemering" sont carrément excellents, notamment le riffing initial, très proche, finalement de ce que l’on pouvait entendre sur l’œuvre antérieure. Le morceau le plus long est également le meilleur. Les relents post s’intègrent mieux, le trou du milieu aère la composition et Fluisteraars repart de plus belle. Que demander de plus ? Deux autres titres comme ça, plutôt que les morceaux en demi-teinte qui nous ont été proposés ? C’est une idée…
Par rapport à Bloem, on baisse sensiblement de niveau, mais le nouveau Fluisteraars sait néanmoins capter l’attention de l’auditeur un tant soit peu persévérant, notamment tout au long d’un dernier titre riffant dur, mordant, comme mon chien, et riche en émotions. Un bon duo, que ces murmureurs.