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CHRONIQUE PAR ...

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Wotan
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2022
Sa note : 16/20

LINE UP

-Tom Steffen "Dolgar" Voetmann Simenstad
(chant+guitare)

-Morten "Sanrabb" Furuly
(chant+guitare)

-Nina "Sarcana" Hanslien
(claviers)

-Kenneth "Svartalv" Skibrek Halvorsen
(chœurs+basse)

-Per "Dirge Rep" Håvarstein Husebø
(batterie)

TRACKLIST

1) The Shivering Voice of the Ghost
2) Unearthly Loose Palace
3) Angelwings and Ravenclaws
4) The Conquering of Hirsir
5) Morningstar

DISCOGRAPHIE

First Spell (EP) (1994)
Unravel (2013)

Gehenna - First Spell (EP)
(1994) - black metal - Label : Head Not Found



La Norvège, 1993. La seconde vague de black metal se met en place : les deux premiers albums de Darkthrone, Pure Holocaust d'Immortal, l'éponyme de Burzum ainsi que les démos de In the Woods et Enslaved sont parus. La plupart des acteurs du genre se retrouvent à Oslo dans les bars et à Helvete, le fameux disquaire tenu par Euronymous, et dans divers endroits de Bergen. Sur la côte Sud-Ouest du pays, Stavanger est isolé de cette scène. Et pourtant, c'est de là-bas qu'émerge Gehenna.

Cette isolation de la scène bourgeonnante du black metal norvégien fut une bénédiction, selon Dolgar. Elle permet au groupe de forger son son, ses idées, sans la moindre influence extérieure. « Excepté Bathory » dixit le chanteur. La première démo du groupe, Black Scared Heart, fut ainsi conçue en 1993 sans aucune aide extérieure ni contribution d’autres musiciens (un point sur lequel Dolgar est critique, trouvant la perméabilité entre les groupes malsaines pour l’inspiration). Après quelques remaniements de personnel, notamment dus à l'incarcération du batteur à la suite d'activités extra-musicales, un second EP sort sur Head Not Found, le label de Metallion. Initialement prévu pour être un split avec Ulver, chaque groupe fera une sortie indépendante afin de garder le contrôle sur l’illustration de couverture.
En cinq chansons et vingt-six minutes, First Spell pose les bases d’un black metal mélodique et mid tempo reposant avant tout sur les atmosphères. Difficile de savoir qui influence qui dans ce petit monde, surtout avec le tape trading, et vu les dates de sortie proches, mais je ne serais pas surpris d’apprendre que Dissection et Summoning écoutaient Gehenna. Fantomatique, irréel, effrayant, les adjectifs ne manquent pas pour qualifier First Spell. Les chants de Sanrabb et Dolgar alternent entre le murmure et le cri d’une goule, renforçant les atmosphères créées par les claviers. Ambiance parfaite pour une promenade en forêt la nuit ou une soirée dans une grotte. Pour la première fois dans le black metal, le tempo est lent, toujours pour renforcer l'atmosphère.
Instruments prédominants, les claviers articulent la structure des morceaux, même si le travail sur la rythmique et les riffs est notable, comme par exemple sur “Morningstar”, très mélodique. L’influence Bathory est clairement audible sur “The Conquering of Hirsir”, titre épique. Sur “Unearthly Loose Palace”, le meilleur titre de l’EP, les instrumentations sont riches, la guitare acoustique (coucou Ulver) renforce l’ambiance soutenue par des claviers plus en retrait, la batterie se veut diminuée, étouffée presque, fantomatique donc. Le mot clef de cette première sortie sur un label du groupe de Stavanger : fantomatique.


Sans aucune influence extérieure, isolé du reste de la scène qui se construit au Schweigaards gate 56, en une sortie Gehenna invente une nouvelle branche du black metal : mid tempo, atmosphérique et effrayant. Un petit exploit pour ce groupe majeur et fondateur souvent oublié.



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