Chronique : The 3rd and the Mortal Painting on Glass (1996)

CHRONIQUE PAR ...

Wotan
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2022

Sa note : 17/20

LINE UP

-Ann-Mari Edvardsen
(chant+claviers)

-Trond Engum
(guitare)

-Geir Nilsen
(guitare+claviers)

-Finn Olav Holte
(guitare+claviers)

-Bernt Runberget
(basse)

-Rune Hoemsnes
(batterie)

Ont participé à l'enregistrement :

-Monika Edvardsen
(chant sur 12)

-Lars Gunnar Lien
(claviers sur 2)

-Oddrun Solberg
(claviers sur 7)

-Sigurd Engum
(claviers sur 12)

-Øyvind Klungseth Zalsen
(claviers sur 12)

-Ola Evensen
(trombone sur 1 et 2)

-Aksel Hagen Tjora
(didjeridoo sur 12)

TRACKLIST

1) Magma
2) Commemoration
3) Crystal Orchids
4) Persistent and Fleeting
5) White Waters
6) Aurora Borealis
7) Dreamscapes
8) Aurora Australis
9) Azure
10) Veiled Exposure
11) Stairs
12) Eat the Distance
13) Vavonia (Part II)
14) Horizons

DISCOGRAPHIE

Tears Laid in Earth (1994)
Sorrow (EP) (1994)
Painting on Glass (1996)

The 3rd and the Mortal - Painting on Glass

(1996) - gothique avant garde - Label : Voices of Wonder

Vous connaissez les banshees, non ? Ces créatures du monde celte ? Féminines mais d’outre-monde, elles annoncent la mort prochaine de quelqu’un par des cris lugubres et perçants, qui déchirent la nuit. Traditionnellement, ces êtres sont d'origine irlandaise, mais je suis certain qu’une vient de Norvège. Ann-Mari Edvardsen, la banshee de The 3rd and the Mortal. Vous ne me croyez pas ? Écoutez Painting on Glass, vous aussi y trouverez un air d’annonce de mort.

Kari Rueslåtten étant partie du groupe, il a fallu la remplacer et c’est ainsi qu’Ann-Mari Edvardsen s’est retrouvée à bord du bateau. Bateau qui s’est immédiatement éloigné de la sécurité du rivage pour s’en aller voguer sur des mers inconnues. Fini le doom metal gothique que The 3rd and the Mortal contribua à construire. Les Norvégiens commencent à expérimenter avec leurs sons et mélangent les genres. Du metal gothique, il y en a sur cet album. Mais plutôt que d'être la base, ce n’est qu’un ingrédient parmi un autre, un élément d’un tout avant-garde. Pourquoi la banshee ? Parce que l’album est souvent dissonant (“Magma” et “Commemoration”), effrayant, et que le chant de Ann-Mari part souvent dans des extrêmes, oscillant entre hurlements aiguës (“Eat the Distance”, “Azure”) et murmures (“Crystal Orchids” sur lequel le travail du grain est excellent), tout en passant par un chant de cantatrice mystiques (le très avant-garde et très bon “Persistent and Fleeting”).
De la dissonance à l'ambiance onirique. The 3rd and the Mortal passe de l’un à l'autre en un instant, un morceau lourd et sombre tel que “Dreamscapes” est entouré de deux interludes ambiant, oniriques et aux atmosphères opposées : nous entrons dans le monde des rêves avec le bruit de la neige pour en revenir au son tribal des déserts australs. Cette richesse peut être déconcertante, ces changements brutaux de styles et d’ambiances demandant du temps pour être appréciés et assimilés. La production, claire comme du cristal, aide. Tous les instruments s’entendent, le chant d’Ann-Mari est tranchant comme une lame ou doux comme du coton. Voire les deux en même temps. Le didgeridoo tourne autour de vous (bien entendu, le plaisir est maximisé au casque). Les nappes de claviers, le mellotron, le trombone, le groupe enrichit sa musique et étoffe l'atmosphère. L’ambiance étrange, proche d’un Dead Can Dance période Spiritchaser qui aurait décidé de ne garder que sa face la plus sombre, de “Eat the Distance” est démentielle.

The 3rd and the Mortal suit la voie tracée par plusieurs groupes norvégiens et s’envole vers des contrées expérimentales, proches du metal par l’ambiance sombre (même si ce disque renferme quelques moments oniriques plus lumineux) et la dissonance, mais plus éloigné stylistiquement. Cela n'empêche pas Painting on Glass d'être un grand album d’avant garde.