Chronique : Noctem Credo Certe Ne Cras (2022)

CHRONIQUE PAR ...

Wineyard
Cette chronique a été mise en ligne le 02 avril 2023

Sa note : 17/20

LINE UP

-Beleth
(chant)

-Stephen Moss
(guitare)

-Cristóbal "Tobal" Galán
(guitare)

-Álvaro "Varu" González
(basse)

-Arnau "Voor" Martí
(batterie)

TRACKLIST

1) Am Alpha
2) Sovereign Providence
3) Sanctum of Anguish
4) Credo Certe ne Cras
5) Homily of Punishment
6) The Pale Moon Rite
7) The Tolling of the Nine Bells
8) Chalice of Turpitude
9) Ceremonial Miasma
10) We Are Omega

DISCOGRAPHIE

Exilium (2014)
The Black Consecration (2019)
Credo Certe Ne Cras (2022)

Noctem - Credo Certe Ne Cras

(2022) - black metal - Label : MNRK Heavy

Noctem fait toujours du Noctem, et c’est une bonne nouvelle. Il est des groupes qui tournent en rond à se singer eux-mêmes, d’autres qui changent de style d’album en album, d’autres qui s’assagissent au fil de l’eau. Pas Noctem : Noctem fait du Noctem. Noctem polit sa sculpture, petit à petit, par petites touches, Noctem mûrit. La violence se cisèle dans les volées de blasts, les accalmies se font mystiques, les mélodies se marquent de plus en plus. Les Valenciens sont en train d’atteindre leur apogée, et pourtant je sens encore du potentiel d’affinage. Les trois derniers Noctem sont d’une constance ascendante assez rare dans le genre.

À part ma performance de répéter sciemment Noctem huit fois dans une introduction plutôt conclusive, que ressort-il de Credo Certe Ne Cras ? Je ne vais pas faire durer un suspense inutile : il ressort du bien à mes oreilles. J’attendais patiemment (et de manière insécure) une suite au très réussi The Black Consecration, avec tout de même moult interrogations quant à ma croyance dans un potentiel virage musical très légèrement amorcé dans ce dernier. Je ne peux qu’être satisfait de cette prémonition, elle me convient parfaitement. "I am Alpha" pose d’entrée les bases : l’album sera black au rythme des blasts beats, l’album sera parfois beau au gré des breaks ou introductions mélodiques, l’album sera mystique au gré des chœurs féminins ou chants grégoriens apparaissant plus tard dans l’album. Les riffs sont de plus en plus puissants et inspirés, les mélodies sont de plus en plus réussies.
La première vraie saillie après "I am Alpha" est "Sanctum of Anguish", qui démontre le savoir-faire de Noctem lorsque le groupe s’aventure dans ce ralentissement rythmique que j’attendais avec impatience de leur part. La violence de type « colère froide » a toujours un effet plus affirmé sur moi que la violence pure, à moins de s’appeler Funeral Mist. Puis vient cette intro ethnique sur le titre éponyme, qui remet les blasts oubliés de "Sanctum of Anguish" au-devant de la scène sonore, instaurant un mur à la fois vocal, mélodique et brutal. Variation de growl, variations de rythme, et mélodie ultra puissante au programme. Encore. Et pour achever une sorte de trilogie du bonheur, "Homily of Punishment" vient flirter avec le bon côté de Behemoth sur sa première moitié, et avec celui de Septicflesh sur son dernier tiers. À partir de là, Noctem déroule son black, classique, jusqu’à "We Are Omega" qui s’instaure digne descendante de "The Black Consecration".

J’ai entendu un concentré de ce que j’aime chez Behemoth dans la violence, Septicflesh dans la gestion de cette violence vers quelque chose de plus construit, et Dark Funeral pour un certain sens de la mélodie parmi la crasse brutale. Et ça donne du Noctem sans les faiblesses des uns et des autres. Credo Certe Ne Cras est compact, mais pas obscur, brutal mais pas fermé, mélodique mais pas facile, assagi mais pas résigné. Le niveau de maîtrise de leur art est élevé à présent, à force de rigueur. J’aime encore plus ce groupe sur cette fournée, et je me dis que je l’aimerais encore sur la suivante. C’est ce qu’on appelle une valeur sûre, non ?