19670

CHRONIQUE PAR ...

100
Merci foule fête
Cette chronique a été mise en ligne le 04 novembre 2024
Sa note : 15/20

LINE UP

-Kurt Donald "Kurdt Kobain" Cobain
(chant+guitare)

-Krist Anthony "Chris" Novoselić II
(basse)

-Chad Channing
(batterie)

A participé à l’enregistrement :

-Dale Crover
(chœurs sur "Downer"+batterie sur "Floyd the Barber", "Paper Cuts" et "Downer")

TRACKLIST

1) Blew
2) Floyd The Barber
3) About A Girl
4) School
5) Love Buzz (Shocking Blue cover)
6) Paper Cuts
7) Negative Creep
8) Scoff
9) Swap Meet
10) Mr. Moustache
11) Sifting
12) Big Cheese (bonus)
13) Downer (bonus)

DISCOGRAPHIE


Nirvana - Bleach
(1989) - rock heavy metal punk - Label : Sub Pop



Sortir du trou du cul de l’Amérique. Et vite, si possible. C’est ce que veulent Kurt Cobain et Krist Novoselic, membres de Nirvana, formation émergeant de la région d’Aberdeen - pas la ville écossaise mais la toute aussi pluvieuse cité forestière du nord-ouest des États-Unis. Culture des armes à feu, taux de chômage dans les tours et atmosphère viriliste, voilà le paradis dont aimeraient s’évader les deux loustics. Une signature sur le label Sub Pop, installé dans la grande ville du coin, Seattle, semble être le moyen idéal de parvenir à leurs fins, du moins pour l’instant. L’instant de Bleach, leur premier LP.

L’intitulé fait référence aux campagnes de santé publique qui incitent les injecteurs d'héroïne à utiliser de l'eau de Javel pour nettoyer leurs aiguilles, afin de prévenir la transmission du VIH. C’est en voyant l’une de ces affiches à San Francisco que Cobain renonce à appeler le recueil « Too Many Humans », un libellé sans doute plus représentatif de son état d’esprit mais trop connoté punk nihiliste pour viser un public plus large que celui constitué par les trois pélos ayant assisté au concert d’avril 1988, celui qui a convaincu les responsables de Sub Pop de proposer un contrat à Nirvana. Punk, la section l’est assurément, mais à sa façon. Basse rampante, guitare lourde, chant maugréé sur les couplets puis douloureux et lumineux sur le refrain, avant un cri étranglé introduisant le solo : avec "Blew", le trio plante le décor, du moins une partie. Le refrain retient agréablement l’attention, révélant la face séductrice de la troupe qui se dévoile encore davantage sur "About A Girl", chanson d’amour contrarié que Cobain a écrite en songeant à sa compagne Tracy Marander (sans le lui dire). C’est elle qui a pris la photo de la pochette lors d’un set furieux à Olympia, capitale de l’état de Washington. La voix légèrement éraillée de Cobain fait merveille sur le refrain, charriant une émotion maîtrisée qui en renforce paradoxalement la sincérité.
Le titulaire du micro se montre nettement plus agressif sur "Negative Creep", mené à tempo soutenu par un riff heavy façon Black Sabbath et par des saillies vocales rageuses à la Black Flag s’achevant en cris de souffrance. Le refrain est la répétition d’une même phrase douloureuse, à l'instar du moins bileux mais tout aussi menaçant "School" – manifestement Cobain n’a pas gardé un bon souvenir de sa fréquentation des établissements scolaires. La colère du guitariste gaucher s’exprime avec une acuité exacerbée sur ces compositions goudronneuses et lourdes, mélanges sidérants entre le heavy metal primitif des seventies et le punk boueux des Melvins, gang local dont Cobain et Novoselic étaient les « Cling-Ons », des « crampons » faisant plus ou moins office de roadies, ce qu’a été littéralement Novoselic qui conduisait leur van. "Floyd The Barber" et "Paper Cuts" s’inscrivent dans cette veine sale parcourue de screams vitrifiants, les deux morceaux, ainsi que "Downer" en bonus, ayant été enregistrés avec le batteur Dale Crover des Melvins lors d’une session remontant au début de l’année 1988. L’un de ses successeurs, Chad Channing, joue sur les autres pistes – pas vraiment un métronome le gars, mais compte tenu de la production poisseuse assurée par Jack Endino et la volonté de Cobain de limiter les prises, sa prestation sera suffisante et participe même du charme bancal de l’œuvre. Sub Pop est un label fauché, ce qui explique les délais de mise à disposition d’un studio et de commercialisation du produit. Ça explique aussi pourquoi la facture de l’enregistrement a été adressée au groupe, réglée par un guitariste nommé Jason Everman, impressionné par ladite démo. En échange de quoi, il se voit crédité sur l’album et invité à rejoindre la bande en tant que second guitariste. Vue la propension de Cobain à fracasser son instrument sur scène, sans avoir les moyens de le remplacer contrairement à Pete Townsend, la présence d’Everman durant la tournée à venir aura certainement son utilité.
Sur Bleach la tension ne redescend quasiment jamais, entretenue par des scansions obsédantes – sur "Swap Meet", "Scoff " et "Sifting", dont le solo déstructuré constitue une exception, tant les interventions de Cobain sont habituellement soignées et plutôt concises, à défaut d’être virtuoses. À part "Scoff", ces occurrences se révèlent moins marquantes que celles figurant sur la première moitié – même constat pour "Mr. Moustache", titre assez rapide au motif insistant qui confirme cependant la complémentarité entre la guitare et la basse qui la double et en renforce l’impact. "Love Buzz", reprise d’une chanson de Shocking Blue ("Venus") offre une variation bienvenue. Délaissant le sitar utilisé sur la version originelle, les musiciens s’approprient avec réussite le thème orientalisant, lardé d’accords pleins de fuzz comme autant d’explosions psyché, au fond très hendrixiennes. D’autres collectifs auraient profité de l’aubaine pour violenter la ritournelle avec des expectorations bruitistes – pas Nirvana, qui choisit de rester en maîtrise. Ce n’est pas un hasard si Sub Pop a sorti en single la première captation de cette cover, avec en face B "Big Cheese", vicieux, perfectible et prometteur.


Urgent, rêche et énervé, Bleach est l’expression brute d’un mal-être porté par les inflexions à fleur de peau de Kurt Cobain, chanteur, guitariste et compositeur fan de heavy metal primitif et de punk délétère. Mais sous la carapace auto-destructrice perce un talent pour les mélodies accrocheuses, certes pas toutes abouties mais qu’un délai d’enregistrement supérieur à la poignée d’heures allouées aurait probablement bonifiées. Les performances live se multiplient, l’ambition de devenir davantage qu’un gang lambda de rock post-adolescent s’accroît : avec Bleach, Nirvana montre un potentiel créatif et d'interprétation à même d’atteindre cet objectif.





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