Chronique : Arcana Inner Pale Sun (2002)

CHRONIQUE PAR ...

Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 25 juillet 2025

Sa note : 18/20

LINE UP

-Peter Pettersson Bjärgö
(chant+guitare+cithare+programmation)

-Ann-Mari Thim
(chant)

-Stefan Eriksson
(cithare+batterie+programmation)

TRACKLIST

1) My Cold Sea
2) Lovelorn
3) Icons
4) We Rise Above
5) Innocent Child
6) Song of the Dead Sun
7) Season of Thought
8) Closure

DISCOGRAPHIE

Dark Age of Reason (1996)
Cantar de Procella (1997)
...the Last Embrace (2000)
Inner Pale Sun (2002)

Arcana - Inner Pale Sun

(2002) - gothique darkwave, neoclassique - Label : Cold Meat Industry

Non, nous ne sommes pas à la plage. Inner Pale Sun n’a rien à voir avec "Sea, Sex and Sun". Quoique. Cela dépend de quelle mer et de quel soleil nous parlons. Et de quelle manière faire l’amour. Rien de divertissant en tout cas. Mais le mot est bien là. Sun. Arcana deviendrait-il un projet solaire ?

Non. Bien sûr que non. Mais il n’empêche que le quatrième opus de celui qui se fait encore appeler Peter Petterson - plus pour longtemps, son épouse Ia Bjärgö commence à être créditée sur l’album. Pour la pochette uniquement, mais c’est un début... - s’avère moins brumeux que ses prédécesseurs. Moins instrumental. Ambient, certes, évidemment, mais tout est plus net. Peter a fait un pas en avant. Comme toujours, il tient le lead mais, de plus, sur la majorité des titres, son chant est désormais en première ligne, il n’est plus caché sous la couche d’instruments. Et ça, c’est une excellente nouvelle. Sur "Lovelorn" ou "Innocent Child", plus Dead Can Dance que Dead Can Dance, il est impossible de ne pas songer au grand Brendan quand on l’écoute s’envoler dans les Cieux. La douceur de son timbre, couplée aux sublimes et tristes mélodies, nous hérisse encore un peu plus le poil que par le passé. "Season of Thought" et ses claviers presque funèbres nous renvoient directement à Within The Realm of A Dying… Sun (tiens, tiens). Peter y est accompagné par la discrète mais très signifiante Ann-Mari, venue remplacer Ida.
Nous ne perdons pas vraiment au change : les deux chanteuses boxent dans la même catégorie des poids plumes de cristal mais la voix d’Ann-Mari s’avère encore un peu plus gracieuse. Le duo qu’elle forme sur ce morceau avec le Maître de lieu fonctionne magnifiquement, tout comme son numéro solo de Lisa, qu’elle exécute parfaitement, sur "Icons". Alors Inner Pale Sun doit-il être taxé de Tribute to Dead Can Dance ? Sans aucun doute. Si le duo australien a toujours été une claire influence d’Arcana, il bénéficie ici de la quasi-exclusivité des attentions du sieur Pettersson. Seuls deux titres ne sont pas frappés du sceau des créateurs de The Serpent’s Egg. L’introduction, d’une part, beaucoup plus inspirée d’In The Nursery et "We Rise Above". Froid, glacial, même, en surface, ce dernier titre aux forts relents neofolk, abrite pourtant en son sein le plus beau des feux de l’amour. Je vous invite à lire les paroles à ce sujet. Bref, avec ou sans ancrage dans le monde de Dead Can Dance, les pièces d’orfèvrerie réalisées par Peter sont sublimes. Inner Pale Sun est plus simple d’accès que ses prédécesseurs, plus lisible que ces derniers et, dans un registre un tantinet différent, se hisse au niveau du superbe Cantar de Procella.

Quatre albums, quatre pièces maîtresses. Et ce n'est pas fini. Ce soleil-là est très pâle. Il résonne en nous très fort et nous transporte dans un monde exsangue et éthéré. Le monde de la beauté. Quasiment inaccessible aux mortels. Seuls des artistes comme Peter peuvent nous permettre d’y accéder. Merci infiniment à lui.