Chronique : Arcana Raspail (2008)

CHRONIQUE PAR ...

Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 29 octobre 2025

Sa note : 19/20

LINE UP

-Peter "Pettersson" Bjärgö
(chant+instruments)

-Ann-Mari Thim
(chant)

-Cecilia Charlotte Haraldsdotter "Ia" Bjärgö
(chant)

-Mattias Borgh
(percussions)

-Stefan Eriksson
(instruments additionnels)

TRACKLIST

1) Abrakt
2) Sigh of Relief
3) Invisible Motions
4) Outside Your World
5) Parisal
6) Autumnal
7) Out of the Gray Ashes
8) Lost in Time
9) In Remembrance
10) Circumspection

DISCOGRAPHIE

Dark Age of Reason (1996)
Cantar de Procella (1997)
...the Last Embrace (2000)
Inner Pale Sun (2002)
Le Serpent Rouge (2004)
Raspail (2008)

Arcana - Raspail

(2008) - gothique neoclassique - Label : Kalinkaland Records

Cette fois-ci, plus aucun doute n’est possible. Même le père incrédule de Philémon devrait l’admettre. Déjà, avant cela, il fallait n’avoir jamais entendu un quelconque extrait d’une des premières œuvres de Brendan et Lisa pour ne pas faire le parallèle. Mais là, tout est mis noir sur blanc. Cela s’écrit « Raspail », et se prononce « Dead Can Dance ».

Pour ceux qui ne seraient pas au courant, Brendan Perry et Lisa Gerrard ne sont, à ma connaissance, pas versés dans la médecine, ni dans l’art de la chimie, encore moins des inconditionnels de Napoléon. En revanche, le tombeau illustrant le mythique et sublime Within the Realm of a Dying Sun, est celui de François-Vincent Raspail, avec, à côté, le fantôme de Madame Raspail enveloppé dans un linceul. Difficile de rendre un plus bel hommage au grand duo d’artistes que de nommer son œuvre ainsi. Simplement, avec un tel nom, il vaut mieux assurer. Et Peter Pettersson-Bjärgö assure. Cet album est placé encore un peu plus sous les auspices des fondateurs de la musique néoclassique-métaphysique-fantasmatique que le fantastique Inner Pale Sun, pourtant classé à 9.9/10 sur l’échelle deadcandancienne. Les différences entre la musique développée sur Raspail et celle majestueusement déployée sur Within the Realm of Dying Sun et The Serpent’s Egg relèvent presque de la nuance. Tout comme sur Inner Pale Sun, Arcana s’avère ici plus incorporel et plus diaphane que ses mentors artistiques. Moins chamanique, également, les digressions non occidentales se limitant au seul "Parisal". Comme sur Inner Pale Sun, Peter se permet un titre d’inspiration neo-folk, "Out of the Gray Ashes" dont les percussions résonnent de manière sépulcrale dans l'immense tombeau où la formation puise son inspiration.
Et comme sur Inner Pale Sun, le résultat est un total succès. Accompagné au chant une nouvelle fois par Ann-Mari et, désormais, par son épouse Ia, Peter donne de la voix sur quatre titres. Sur "Abrakt", la combinaison de son timbre pur et de la mélodie ample et lisse illustre si bien le renoncement aux choses terrestres qu’il convaincrait le TikToker la plus superficiel à renoncer à ses millions de followers pour entrer dans les ordres. Ce titre est, pour moi, ce que le groupe a composé de mieux, mais "Outside Your World", "Out of the Gray Ashes" ou le brendanissime "Lost In Time" sont autant de splendides pièces froides et profondes. Quant aux chanteuses, elles ne cherchent heureusement pas à singer Lisa -tentative qui tourne à la catastrophe dans 99.99% des cas - et jouent leur partition néoclassique à la perfection, notamment Ann-Mari tout en sobriété sur "Invisible Motions". Comme, en sus, les quelques instrumentaux renforcent l’aspect foncièrement spectral et romantique de l’ensemble, vous ne vous étonnerez guère si j’affirme que nous tenons ici le meilleur album du groupe, ce qui n’est pas peu dire.

Raspail est le sommet d’un parcours artistique en forme de ballade sur les crêtes. Le sixième album d’Arcana est la plus belle incitation du groupe au voyage intérieur. Magnifique du début à la fin, il fait honneur à son nom et à la référence implicite qu’il sous-entend. Je ne peux pas faire de plus beau compliment.