Trois ans ont séparé Legion de Once Upon The Cross, c'est dingue le temps qu'ils peuvent mettre des fois à sortir un album Deicide. D'autant plus bizarre qu'on ne peut pas dire que ce groupe soit reconnu pour se renouveler et prendre des risques à chaque album. Glen Benton et ses sbires sont désormais reconnus comme étant une valeur sure du death metal américain. Le groupe va alors commencer à se laisser aller dans des facilités de composition, et on s'en aperçoit tout de suite à l'écoute de ce disque.
Once Upon The Cross marque une volonté de simplifier la musique de Deicide, de la rendre plus « accessible » et moins technique. Ce coté basique est même assez ennuyeux au départ, car étant habitué aux plans de Deicide qui partent un peu dans tous les sens, on ne retrouve plus ici toute cette véhémence musicale, entre les soli qui déboulaient de nul part, les parties de batterie un peu en décalage avec le reste ce qui donnait une impression de bordel généralisé (sur le premier album surtout). Non ici, la règle, c'est couplet - refrain couplet - refrain, Deicide devient « normal »... il va falloir s'y faire.
L'album précédent, Legion, était en effet assez éprouvant techniquement, selon les dires même de Glen Benton, avec de multiples changements de rythme, et ce n'est pas un hasard si Deicide reprend très peu de titres de Legion en live. C'est l'une des caractéristiques du groupe, celle d'être formé de musiciens techniquement bien supérieurs à la moyenne du standard death metal, mais je compare pas non plus Deicide à des groupes ultra techniques comme Cynic ou Atheist ou même Morbid Angel, rien à voir. C'est ce qui a donné à Deicide sa propre griffe, immédiatement reconnaissable grâce aux riffs d'outre-tombe et aux vocaux catholiques du père Benton. Attention quand même, Deicide est et restera basique et anti-mélodique au possible, mais ce groupe a réussi à s'imposer, en plus de l'image de son mytho de leader, grâce à une puissance et une maîtrise technique peu commune dans le death brutal. Le niveau technique des mecs est en tout cas bien plus impressionnant que celui des débuts de Cannibal Corpse ou Obituary, Deicide a déjà une longueur d'avance à ce niveau-là.
Once Upon The Cross est bien le seul album de Deicide à receuillir autant de classiques, pratiquement tous les titres sonnent comme des classiques du brutal death, c'est simple, c'est carré, ça va droit au but et ça arrache la gueule ! Bien sûr, il y aura toujours les détracteurs qui trouveront Deicide pas bien fin musicalement. Disons que si vous voulez écouter du death intelligible, c'est pas ici que vous en trouverez ! Once Upon The Cross regorge d'hymnes imparables à la gloire de Satan et contre le méchant Christ bien évidemment. Vous voyez Deicide parler d'autre chose que du Christ ? Impossible, ou alors ce ne serait plus Deicide.
Bon déjà le disque commence par le génial Once Upon The Cross, et on est tout de suite dans l'ambiance : putain, les vocaux au début qui montent en puissance « Fear him, fear him, fear him, fear him... », trop puissant ! Pour un amateur de death metal, comment ne pas succomber aux refrains fédérateurs de "Kill The Christian" et "When Satan Rules His World", à la rythmique saccadée de "Christ Denied", rappelant les grandes heures de Legion ou aux lignes de chant dévastatrices de Glen Benton sur "Behind The Light Thou Shall Rise" ? Non, Deicide nous propose là, et pour la dernière fois, une belle collection de classiques qui sont toujours joués en live presque dix ans après.
Ah, et les fameux solos de guitare, on ne saurait s'en passer. Bon c'est vrai, ils sont moins nombreux que sur le premier album et ils sonnent un peu plus structurés qu'avant. C'est que Deicide est devenu mature avec le temps, les solos ne sont plus aussi bordéliques qu'avant, si ça c'est pas un signe d'une volonté de devenir « normal ». Enfin, tout est relatif, les solistes de Deicide resteront à jamais les champions des disharmonies, faisant passer les solos de Slayer pour de la musique classique. Once Upon The Cross n'est pas aussi déjanté que Legion, leur meilleur album, celui qui regroupait toute l'essence diabolique de Deicide. En trois albums, nos américains ont tout dit, et la suite de leur discographie n'a guère d'intérêt, à part pour les amateurs de death metal qui ont oublié de s'acheter un cerveau .