CHRONIQUE PAR ...
Wotan
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13/20
LINE UP
-Holger Franz
(chant)
-Sanedin Pepeljak
(guitare)
-Tilman Scholz
(guitare)
-Joachim Penc
(claviers)
-Dominik Stephan
(cornemuse)
-Oliver Klein
(basse)
-Daniel Arncken
(batterie)
TRACKLIST
1)Intro
2)Hoffnungsschimmer
3)Räuber der Nacht
4)Deine Spur
5)Windstill
6)Drei Lügen
7)Lass mich Raus
8)Wütis
9)Die Flügel
10)Das Spiel
11)Der Meister
12)Reise zu den Seen
DISCOGRAPHIE
L’Allemagne, c’est un peu le pays du copier/coller en fait, surtout dans le milieu du folk-metal. Le succès de quelques groupes teutons a donné des idées à une multitude de musiciens qui reprennent, sans la changer d’un pouce, la recette de leurs prédécesseurs, jouant sur leur provenance géographique dans leur discours promotionnel pour espérer être remarqué. Et voilà qu’un nouveau soldat s’engage dans cette guerre des clones, le fantassin Nachtgeschrei, avec une signature fraîche chez Massacre et son premier album, Hoffnungsschimmer.
L'appellation «Medieval Metal» donnée par le label, les photos promotionnelles (cornemuse, guitare médiévale et kilt mis en avant), l’usage de l’allemand pour les titres des chansons, donnaient des indications sur la musique jouée par le groupe avant même de mettre le CD dans le lecteur. Sauf surprise, tous ces éléments sont autant d’indices que Nachtgeschrei n’est qu’un groupe clone de In Extremo, Subway to Sally et autres groupes teutons du même acabit. Et cette hypothèse est confirmée dès les premières secondes du titre d’ouverture, le bien nommé "Intro". Nachtgeschrei officie donc dans le folk metal festif, où la cornemuse remplace les guitares leads. Un genre déjà bien défriché, il faut ajouter que la marge de manoeuvre est plutôt limitée: le gimmick ne permet que peu d'expérimentations ou de variations.
En conséquence, le principal écueil de ce disque est le fort sentiment de déjà entendu. Que ce soient les lignes de cornemuse – les guitares ayant un rôle principalement rythmique – ou les lignes vocales – le timbre d’Holger Franz est l'archétype du genre, à un point tel qu’il m’a fallu de nombreuses recherches pour être sûr qu’il n’avait pas chanté dans d’autres groupes plus connus – les éléments mélodiques sont typiques du genre: accrocheurs, simples et festifs. Ils n’ont pas d’autre but que de faire danser une bande d’Allemands ivres lors de la prochaine fête de la bière. Et cela marche assez aisément, il est difficile de ne pas remuer de la tête et taper du pied à l'écoute des refrains de "Hoffnungsschimmer","Räuber der Nacht" ou encore "Windstill". Cornemuse endiablée et accrocheuse, refrains enjoués et aisément mémorisables, rythmique rock simple, tout concourt à faire des compositions des chansons simples et efficaces. Les plans de batterie groovy apportent un plus que l’on retrouve rarement dans ce style ("Der Meister").
Bien que Nachtgeschrei ne soit pas un parangon d'originalité, il ne souffre pas de la comparaison avec les groupes étalons du genre. Tout en gardant cette simplicité qui rend les chansons efficaces sur le court terme, les compositions sont plus fouillées qu’elles ne paraissent au premier abord. Les quelques ruptures dans le rythme, le travail de fond effectué par les guitares, les arrangements sont plus variés que pour la majorité des albums du genre. Comme sur "Deine Spur", qui alterne couplets lents et tristes, avec un refrain plus joyeux. Le pont à la guitare acoustique, en plus d'aérer le morceau, apporte quelques émotions sombres. Nachtgeschrei ne fait pas que dans le festif et sait devenir sérieux si le besoin s’en fait sentir. Outre "Deine Spur", il y a la power-ballade, dont le crescendo transforme une chanson acoustique doucement triste en du hard rock un peu mielleux. Dommage que le timbre d’Holger Franz ne soit pas adapté et qu’il ne mette pas la sensibilité nécessaire.
Efficace et largement dans le panier supérieur du genre, le gros défaut du premier album de Nachtgeschrei est que tout a déjà été fait quelques années auparavant par In Extremo et consorts. Ce genre étant actuellement très vendeur en Allemagne, les groupes-clones se multiplient et Nachtgeschrei en fait partie. Heureusement pour eux, ils possèdent suffisamment d’arguments pour prétendre rejoindre un jour les groupes du peloton de tête.