CHRONIQUE PAR ...
Flower King
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
9/20
LINE UP
-Hotti
(chant+guitare)
-Tilman
(guitare)
-Sane
(guitare)
-Oli
(basse)
-Joe
(vielle+accordéon)
-Nik
(cornemuse+flûte)
-Stefan
(batterie)
TRACKLIST
1)An Mein Ende
2)Kein Reiner Ort
3)Herzschlag
4)Herbst
5)Ad Astra
6)Ardeo
7)Ich Hoer Nichts Mehr
8)Soweit Wie Noetig
9)Lichtschimmer
10)Hinter Deinen Augen
11)Der Reisende
DISCOGRAPHIE
Avec les Allemands, la dernière fois, on s’était bien fendu la poire, alors on a décidé de remettre le cap là-bas pour retrouver nos fanfarons. On avait bien hâte d’arriver au port, qu’ils nous racontent leurs histoires de bêtes cornues à toute berzingue, un verre à la main et une croupe dans l’autre ! Sauf que je sais pas ce qu’a foutu Olaf, mais il avait dû abuser de la cervoise sur le trajet, parce qu’on n’a pas du tout débarqué à l’endroit prévu. On était bien en Germanie, mais les gens qui nous ont accueillis avaient pas l’air très rigolos…
Ce qui distingue Nachtgeschrei de ses camarades, outre le nom imprononçable, c’est le sérieux papal de son folk metal. Comme quoi biniou ne rime pas avec gaudriole – et on le constate d’autant mieux en l’écrivant – car si l’instrument est omniprésent sur les 11 titres d’Ardeo, il n’a pas des airs de Fête au Village. Il est grave, solennel, et vu son rôle mélodique central dans la quasi-totalité des compositions, autant dire que si vous n’avez pas de prédisposition à ses sonorités particulières, vous allez passer un sale quart d’heure. Et puis au fond, élargissons tout de suite le champ, quitte à tuer le suspense : si vous n’avez pas de prédisposition à l’emmerdement, vous passerez de toute façon un sale quart d’heure. Car nos Allemands du jour ne se contentent pas d’être tristes sires, ils sont également d’une paresse et d’une monotonie perturbante. Mais pas sans malice, car impossible, à l’écoute de l’opener "Am Mein Ende", de prévoir la tournure des évènements, vu que toutes les composantes d’une bonne folkerie sont là : engagement du groupe, thème accrocheur, rythme soutenu, ça passe. Le problème, c’est quand on se rend compte qu’il s’agit du seul titre up-tempo de l’album.
Car le reste du temps, Ardeo se traîne, tente quelques sursauts vains ("Hinter Deinen Augen", en avant-dernière piste, autant dire trop tard pour renverser la vapeur) mais finit toujours par bloquer en mode complainte, tandis que coulent les larmes du biniou. Ce ne serait pas un problème si le groupe avait l’assise mélodique nécessaire pour nous bercer de ses bien tristes histoires, malheureusement, les thèmes mémorables, ce n’est pas son truc ; il préfère laisser le chant faire le boulot. Et ça, c’est une très mauvaise idée, car Hotti n’a pas ce qu’on peut appeler une voix charmante. Il s’exprime en allemand, ce qui est louable ; il ne pratique que le chant clair, ce qui n’a rien de gênant ; mais son timbre chevrotant et monocorde donne l’impression d’un barde cacochyme qui ânonne des vieux poèmes avec la même conviction que des recettes de cuisine. Et quand il pousse un peu, on l’imagine plus la goutte de sueur au front que les tripes à l’air, c’est vous dire si c’est peine perdue : en témoigne le « tube » "Herzschlag", qui ne fonctionne pas à cause de ce chant en bois. Et aussi parce que démarrer son refrain par un bon gros « MEIN HERZ-SCHLAG ! », c’est exactement ce qu’il faut faire pour ne pas évoquer un tube d’un autre groupe allemand, pensez-vous…
Ce que nous raconte Nachtgeschrei a sans doute plus de profondeur que des histoires de guerres nordiques ou de promenades en forêt avec les trolls, mais vous m’excuserez, pour une fois, de revendiquer mon côté crétin et d’aller m’attabler avec les saoulards au cœur tendre plutôt que de me faire eunuque à la confrérie des Augustins dépressifs. Ardeo était plein de bonnes intentions, mais le résultat inspire l’ennui. Beaucoup d’ennui. Remarquez, sortir un album à dormir debout quand on a un nom à coucher dehors, ça ne manque pas de piquant…