En voilà de la très bonne musique, inspirée, propre et sombre… Bienvenue dans le monde de The Vision Bleak, aux confins du supreme horror death rock, la première pièce réussie de Schwadorf, membre de Empyrium. Visiblement inspiré des sombres atmosphères de la littérature horrifique comme Edgar Alan Poe ou encore du cinéma de John Carpenter, les neuf titres de The Deathship Has A New Captain sont vraiment riches de compositions et d’atmosphères.
The Vision Bleak rassemble et sait arranger à sa sauce tous les ingrédients du style en enrichissant les atmosphères des années 80 pour y ajouter quelques notes plus modernes. Les guitares sont évidemment telles une couche de brume venue ensevelir les mélodies lourdes des claviers, et les vocaux graves et chantés, parfois plus proches de celles de monstres que de voix humaines, participent sombrement aux ambiances. Le rythme reste tout de même bien rock, simple, dynamique. N’oublions pas les relents heavy et death écrasant parfois l’atmosphère d’une ombre inquiétante ou rendant celle-ci plus aérienne… Très bon travail au niveau des claviers, des pianos, des nappes, toujours discrètes mais indispensables, qui enveloppent la musique de The Vision Bleak d’une inquiétante volupté. The Deathship Has A New Captain est proche de ce que pourrait faire Artcurus, Moonspell, Type O Negative ou encore 13 Candles. Vivent les hiboux, les ombres, la mort, la nuit… tous ces concepts sont au rendez-vous, la musique aussi, support impressionnant de ce concept hanté.
Les clochettes de "Wolmoon" résonnent, un riff simple mais efficace et profond installe l’atmosphère, le chant puissant et incantatoire prône la venue du Loup-garou, les vocaux féminins haut placés rajoutent à l’inquiétude ambiante, tout s’enchaîne parfaitement. On peut dire que The Vision Bleak a le sens de la composition et des arrangements ! "Metropolis" offre quelque chose de plus heavy, classique, rythmé, contrairement à "Elisabeth Dane", titre superbe et envoûtant, composé autour d’une mélodie de clavier visitant toutes les gammes, accompagnée des lourdes guitares rythmiques et précises. Les voix sont parlées, inquiètes, un peu lointaines mais en même temps terriblement présentes…Les breaks au piano ralentissent encore la cadence et installent une nouvelle dimension plus orchestrale, pour revenir sur la mélodie principale, répétitive et hypnotisante. Ce titre fait frémir. La production limpide et transparente nous aide à pénétrer dans cette atmosphère et à s’imaginer quelque scène peu gaie. C’est simplement dommage que les paroles de ce titre sont introuvables sur le livret, ni même ailleurs !
Je n’ai pas parlé de l’intro de l’album, qui vaut le détour. Tout d’abord remarquons la voix de narrateur, exactement comme dans les vieux films d’horreur, annonçant l’ouverture des portes de l’Enfer, et d’ailleurs récurrente au début d’une majorité des titres. Puissante et orchestrale, la mise en bouche est excellente, surtout pour dévaler sur "The Night Of The Living Dead", très heavy-rock aux synthés à la Tartaros (avec l’ex claviériste d’Emperor) ou encore 13 Candles. Selon moi, la bonne impression vient aussi et surtout du dernier titre, "Deathship Symphony", racé, agressif, prenant et rythmiquement excellent. La présence d’un ténor au lead, l’utilisation de vocaux plus extrêmes ainsi que celle de chœurs, tout cela vient écraser l’auditeur de puissance et d’une seule certitude : le bateau de la mort est parti, errant seul, luttant contre les icebergs et les puissances infernales…
Pour continuer sur cette très bonne impression, la version limitée contient un deuxième disque comprenant la version symphonique et instrumentale de quelques morceaux de l’album, joués par le Shadow Philharmonics String Ensemble. On a du mal à rentrer dedans au début puisque l’on reconnaît les titres, avec un peu mois de puissance, mais cette expérimentation vaut le détour et le son est assez froid et mélancolique… donc très intéressant ! Mention spéciale pour le coffret aux illustrations usées, oubliées, telles les pages du livre de bord d’un navire abandonné…